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L’étonnant pouvoir de la musique sur les souvenirs

Scoperta la musica della vita? – fr

@DR

Solène Tadié - publié le 19/05/14

Retour sur la mystérieuse intemporalité des perceptions sensorielles.

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19/04/14

Marcel Proust l’avait bien compris : la force de nos dons sensoriels est source de petits miracles. Tout comme la saveur d’une madeleine sur nos papilles gustatives peut nous replonger dans de lointains souvenirs, une odeur ou une mélodie peuvent raviver des sensations et des événements que l’on croyait enterrés à jamais. 

Michel, un bénévole en hébergement collectif, a fait le même constat en conduisant sa mission auprès de la Fraternité Paris Sud des petits frères des Pauvres. Ce dernier a pris en charge un vieil homme du nom de Léon, et l’a accompagné les quatre dernières de sa vie.  « Comme je suis musicien professionnel, raconte le bénévole, un jour j’ai apporté ma guitare lors d’une visite et j’ai commencé à chanter des chansons de son époque. Ces airs de musique le ramenaient à des souvenirs agréables de sa jeunesse, quand il allait danser dans des bals. Cette activité au fil du temps m’a été d’un grand secours, tant son état de santé se dégradait. C’est là que je me suis rendu compte de la force de la musique, et surtout de la chanson pour ramener au présent des souvenirs, et qu’elle peut encore éclairer un visage dans des moments difficiles ». 

Comment expliquer scientifiquement ce que Proust percevait comme une « épiphanie » de la mémoire ? Qu’il s’agisse d’images, d’un goût, d’une senteur, d’une sensation tactile, ou encore d’un son, il est indéniable que nos sens sont de puissants garants de la mémoire. Parmi ces facultés de l’homme, l’ouïe est particulièrement sollicitée dans les cas de maladie d’Alzheimer, par exemple, et la musique a démontré son incroyable capacité à éveiller les souvenirs enfouis, tout en en maintenant l’intensité dans l’esprit. 

Dans un article paru sur le site Cerveau & Psycho, on apprend qu’un souvenir ravivé par une musique est beaucoup plus chargé d’un point de vue émotionnel que l’initiative personnelle d’évoquer un souvenir, la musique rend en outre le souvenir plus « évocateur d’une histoire personnelle»: En effet, lors d’une étude réalisée au Laboratoire de psychologie de l’Université d’Angers, les professeurs Mohamad El Haj et Philippe Allain ont demandé à des patients de se remémorer divers souvenirs, d’abord en silence puis en écoutant une musique de leur choix. 

Le résultat confirme les intuitions des poètes et porteurs de sentiments exaltés : les souvenirs évoqués étaient effectivement plus intenses et éveillaient davantage d’émotions. De mêmes, ceux qui se rapportaient à des épisodes précis et importants de leur vie, et leur revenaient plus vite en mémoire grâce à la musique.

L’étude révèle par ailleurs que la musique ravive les souvenirs de façon naturelle, sans solliciter les fonctions exécutives, défaillantes chez les sujets atteints d’Alzheimer. En effet, les mécanismes cérébraux qu’ils utilisent pour retrouver des souvenirs sont davantage sollicités lorsqu’ils n’écoutent pas de musique. Dès lors, le malade se lance dans une quête consciente et laborieuse du souvenir, avec peu de résultat à la clé, en raison de l’altération de ses capacités cognitives.

Toute la beauté du processus tient également au fait que la stimulation d’un seul sens éveille tous les autres. Cette beauté apparaît de façon particulièrement éclatante chez Proust, au chapitre premier de Du côté de chez Swann à propos de la madeleine, qu’il décrivait comme étant un « petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot » :

«Ma mère envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi […]»

« Et tout d’un coup, le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (…) ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul». 

« Quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sous leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »

Tags:
AlzheimerMusique
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