Ce vendredi 11 mars, Thalassa diffuse Michel Jaouen, un père éternel. Il y a bien des années, l’émission, parlant du Bel-Espoir, le navire du père Jaouen, disait déjà : “À Thalassa, on aime ce bateau, on aime les gens qui sont sur ce bateau, ils sont beaux et ce qu’ils font est beau”. Georges Pernoud, l’animateur et le producteur de Thalassa, explique le surnom du prêtre, “le Phare” : “Le père Jaouen décédé lundi, était la lumière vers laquelle on va quand on a des emmerdes”. Les emmerdes, le père Jaouen connaissait. Jésuite, il se préparait à partir pour la Chine quand Mao Zedong est arrivé au pouvoir. Il a été nommé à la maison d’arrêt de Fresnes, où il a fait la connaissance des toxicomanes et des délinquants, mais il assure devant la caméra de France 3 : “Je me sentais bien là… Au moins je voyais à quoi je servais !”.
Une armée de bonnes volontés
Au moment de mai 68, le père Jaouen a commencé à emmener des jeunes en difficulté sur un voilier, et l’aventure de son association “Les Amis de jeudi dimanche” commençait. Plus de 40 ans après, le reportage montre le monde qui s’est construit autour de l’initiative du prêtre. Une bénévole confie : “À l’origine, je venais juste là pour un coup de main… Cela fait 10 ans que je bosse avec le père Jaouen, maintenant !”. Outre l’organisation des voyages en voilier, Les Amis de jeudi dimanche restaurent de vieux navires, comme le Bel-Espoir, le premier bateau du père Jaouen. Ce chantier sert aussi de tremplin professionnel pour les jeunes, qui ont l’occasion de mettre les pieds dans le monde professionnel.
Un capitaine à la dégaine de clochard
Gueulard, hirsute, le père Jaouen crève l’écran : on voit que la tribu hétéroclite de voileux, d’artisans, de bénévoles et de jeunes un peu paumés qui s’est organisée autour de lui le respecte comme un capitaine, et l’aime comme un bon pasteur. Un producteur venu apporter des pommes de terre explique qu’il se fait payer en causant avec le prêtre “une heure avec le père Jaouen, ça vaut bien une tonne de patates !”. Pourtant, l’intéressé assure qu’il ne “fait rien”, ou “le moins possible”. Comme s’il ressentait le besoin de voir son entreprise fonctionner sans lui. Lorsqu’on lui demande comment feront ses successeurs quand il ne sera plus là, il répond : “Ils se démerderont”.