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Notre si Belle Province. Un évêque chez les Inuits

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© Sabine de Rozières

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Sabine de Rozières - publié le 09/11/16

Mgr Reynald Rouleau, évêque émérite de Churchill-Baie-d’Hudson au Canada.

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Le saviez-vous ? Le Cénacle de Cacouna est en pleine communion avec l’Église catholique locale et soutenu par son évêque Mgr Denis Grondin. Des articles déjà parus et à paraître sur Aleteia dans les semaines à venir l’expliqueront. Cependant, certains centres où sont proposées des agapèthérapies ont soulevé des problèmes et des enquêtes demandées par les autorités ecclésiales y ont été menées. Ce qui n’est pas le cas de Cacouna. [Note de l’auteur]  

Cela fait bientôt trente ans que Mgr Rouleau vit au cœur des populations inuites tout en haut des provinces canadiennes dans le territoire du Nunavut. Ses plus de deux millions de km2 font d’elle la province la plus étendue mais la moins peuplée du Canada avec environ 35 000 habitants, dont 99% d’Inuits. Même à la retraite Mgr Reynald Rouleau continue d’exercer son ministère auprès des autochtones d’Arctique oriental selon les besoins et les demandes de son évêque.

Aleteia : Quels sont vos meilleurs souvenirs avec les Inuits ?
Mgr Reynald Rouleau : C’est un grand peuple de conteurs et mes meilleurs souvenirs avec eux sont toutes ces célébrations du dimanche que nous avons organisées ensemble. Avec leurs chants, l’intensité des célébrations est merveilleuse mais ça peut durer jusqu’à trois heures, c’est très physique ! Je dirai que leur vie est quasiment une parabole mais ce qui m’a le plus marqué en trois décennies, c’est l’évolution des Inuits dans la vie et la culture occidentales. Ils sont surtout influencés par toutes les traditions de langue anglaise et les aspects socio-culturels venus des États-Unis. Toutes ces tentations débarquées d’Occident créent chez eux une forme d’aristocratie économique qui n’était pas du tout leur mode de vie et je m’en désole un peu.

Existe-t-il un clergé inuit ?
À ce jour il n’existe pas de clergé inuit mais ils ont une centaine de leaders qui font office de diacres sans être ordonnés puisque ce sont souvent des couples, donc hommes et femmes. On ne préfère pas les structurer en leur donnant un statut qui serait très artificiel. En revanche ils ont des responsabilités de leadership importantes : à certaines conditions ils peuvent baptiser, faire des mariages et même des funérailles. Chez eux la confession n’est pas très populaire même si elle n’a jamais été considérée comme pénible. Parfois il y en a un qui va arriver à n’importe quel moment et voudra se confesser, mais ça demeure très ponctuel. D’autre part les autres sacrements sont assez suivis puisqu’ils sont beaucoup plus visuels et symboliques. Le rituel catholique est très parlant pour eux. On n’a pas à leur expliquer que l’eau c’est important par exemple, ils le savent. Ils ont aussi une grande dévotion envers la Vierge Marie.

Comment sont formés leurs leaders ?
Une session de quinze jours est organisée par an où nous nous retrouvons et racontons tout ce qui s’est passé durant l’année écoulée. Comme c’est un peuple de tradition orale, ils parlent tout le temps jusque dans les moindres détails de toutes sortes d’affaires. Ces sessions sont à la fois très physiques car on est sollicité en permanence par les histoires des uns et des autres et à la fois très plaisantes car ils sont très factuels, on ne refait pas le monde avec des grandes théories. Leur simplicité m’a permis de leur parler de Dieu sans toutes les grandes contingences théologiques et dogmatiques et ils y sont très réceptifs.

Quel est leur mode de vie ?
Ils ont une approche clanique de la famille et vivent dans des villages. Ce n’est pas juste un couple et des enfants mais toutes les générations confondues qui cohabitent ensemble avec des maisons côte à côte. Un enfant peut aller dormir chez ses grands-parents pendant quinze jours et ce sera normal, on ne se prend pas la tête. C’est la grande famille élargie qui accueille sans compter. Chez eux on ne frappe pas à la porte car elles ne sont jamais fermées. Tu entres à n’importe quelle heure du jour et tu vas te servir du thé qui chauffe sur le poêle… C’est normal, c’est le clan. Il faut le vivre pour comprendre. Mais ça peut avoir des inconvénients quand un frère ou une sœur vous vide le dernier pot de lait qui restait dans le frigidaire… C’est la vie de famille !

Quelle langue parlent-ils ?
Leur langue appelée « inuktitut » est très descriptive et assez difficile pour les occidentaux, moi-même je la parle assez mal après trente ans avec eux. Avec ce dialecte il faut repenser la réalité, par exemple pour dire le mot « église » ils vont employer un terme qui évoque des « gens qui prient ensemble » ou qui « se supportent les uns les autres en priant ». Dans la Bible ce qu’ils appréhendent le mieux sont les paraboles et quand on leur raconte la vie de Jean Baptiste et sa personnalité, ils la comprennent mieux que nous autres !

Comment perçoivent-ils le pape François ?
Ils ont une vraie révérence à son égard tout comme pour leur évêque qu’ils appellent leur « grand-papa qui est fin ». C’est vraiment du concret. Il y a juste une syllabe qui varie pour dire l’évêque ou le pape, mais souvent les interprètes se trompent et appellent l’évêque le pape ou inversement. François par rapport à Benoît XVI est plus accessible pour eux, car il emploie des termes plus faciles et imagés.

Propos recueillis par Sabine de Rozières

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