Au cours de l’année 2016, la Jordanie a accueilli plus de six millions de visiteurs. C’est 33,5 % de plus que l’année précédente. Le royaume hachémite s’attache désormais à promouvoir ses destinations touristiques religieuses, issues notamment de son patrimoine chrétien, les plaçant au centre de la stratégie du gouvernement pour augmenter encore le flot de touristes étrangers. Mais le pays abrite également des monuments appartenant à un passé mystérieux, à la lointaine époque où les Nabatéens contrôlaient le commerce de l’encens dans un empire s’étendant de Damas à la chaîne des monts Sarawat, à l’ouest de l’Arabie saoudite actuelle. Le grandiose Temple des lions ailés est assurément l’un des monuments les plus impressionnants datant de cette période.
Ce temple – dont les lions peuvent évoquer ceux de la basilique Saint-Marc à Venise, qui furent eux acheminés depuis Constantinople – est, d’après la description de la revue Biblical Archeology, “un majestueux temple orné de colonnes, construit en l’honneur de al-Uzza, la plus grande déesse des Nabatéens”. Il est situé sur un petit promontoire surmontant ce qui était à l’époque le centre de la ville. Le temple constituait alors un important complexe comportant un impressionnant escalier menant à une imposante entrée flanquée de hautes colonnes. À l’intérieur se trouvait ensuite la chambre de cérémonie proprement dite dans laquelle était érigé un large podium – comme un autel – entouré de colonnes. Bien que la plupart étaient surmontées de chapiteaux corinthiens, celles qui se trouvaient le plus près du podium étaient ornées de ces lions ailés si particuliers qui donnèrent son nom au temple.
D’après la revue Biblical Archeology, le temple, qui fut excavé il y a une quarantaine d’années, a subi de gros dommages, que ce soit à cause des éléments naturels ou de l’activité humaine. L’excavation a eu des effets néfastes sur le temple lui-même mais également sur les paysages alentour, “puisqu’il fallut creuser de profondes tranchées conduisant à la création d’importants terrils, transformant le site en une ruine difficile d’accès voire dangereuse, que les touristes ainsi que les locaux ont préféré éviter pendant des années”.
Cependant, depuis 2009, le Département des antiquités de Jordanie ainsi que le site archéologique de Petra, en partenariat avec le Centre américain de recherches orientales, ont constitué “une équipe de spécialistes de renommée mondiale qui s’occupe de la conservation et de la documentation de ce haut lieu, et qui ainsi ambitionne de redonner vie à l’une des merveilles de notre monde”.
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