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Comment gérer sa colère ?

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Bénédicte de Saint-Germain - publié le 03/03/18

La colère arrive sans prévenir. Quand elle déborde, elle empoisonne la vie de celui qui l’éprouve et celle de son entourage. Faut-il à tout prix chercher à s’en corriger ou bien est-il possible de l’apprivoiser ?

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La colère est l’une des quatre émotions principales, avec la joie, la peur et la tristesse. Les neurosciences ont montré que les émotions sont des signaux envoyés par le cerveau reptilien « archaïque » (1). Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi. Il s’agit de les accueillir et de s’interroger pour savoir comment bien vivre avec elles. Voici les conseils d’Helen Monnet, coach professionnelle certifiée, relaxothérapeute, psychopraticienne intégrative et auteur du cahier d’exercices Lâcher prise (mars 2017, Larousse).

Qu’est-ce que la colère ?

Sa première fonction est de nous faire « sortir de nos gond », dans un sens de mise en action. Elle nous met dans un état d’activité supérieure, comme un ressort. Elle n’arrive pas par hasard mais parce que quelque chose de très profond en nous a été touché : notre territoire au sens large, notre espace vital, nos valeurs. Nous avons tous des limites sur lesquelles les autres ne doivent pas empiéter. Chez les animaux, c’est très clair. Nous avons aussi cette part d’animalité. Aujourd’hui par exemple, on parle des frotteurs dans le métro, ces personnes qui profitent de l’affluence pour se coller à une femme. Quand on envahit le territoire intime d’une femme, la colère est immédiate. Cela peut se manifester par une gifle, des mots etc.

Les réactions de colère ne sont pourtant pas les mêmes pour tous ?

Tout le monde a de la colère mais tout le monde n’a pas reçu la même éducation. Les hommes et les femmes ne se mettent souvent pas en colère de la même manière. Aux femmes on a dit : ˝Tu dois être gentille˝. Chez les femmes d’un certain milieu, la colère est présente mais elle est cachée sous la tristesse. Aux hommes on a dittu dois t’affirmer˝. Mais s’ils se sentent plus autorisés à exprimer de la colère que les femmes, celle-ci peut masquer une vraie tristesse. Si une personne est en colère, il suffit de lui demander les raisons de sa tristesse. La plupart du temps, la colère s’arrête tout de suite. Une émotion en cache très souvent  une autre.

Par exemple : une maman voit son fils traverser la rue et manque de se faire écraser. Pleine de colère puisqu’il a bravé son interdiction, elle lui donne une gifle mais fondamentalement, elle a eu peur de le perdre. De même un homme qui tient à son nouveau statut social et craint d’être humilié sur le plan financier se met en colère parce que sa voiture de grand prix a été abimée dans un petit accrochage. En fait, il a peur de perdre son statut, c’est-à-dire ce que sa voiture symbolise pour lui. Dans ces deux cas, lorsqu’il y a une disproportion entre un événement mineur et l’expression de la colère, la colère est l’émotion racket de la peur.

Comment faire pour gérer sa colère quand elle est là ?

Si j’arrive à la sentir monter, à en prendre conscience, je peux choisir de ne pas la manifester sur le moment et me demander : « Est-ce que ma colère a une utilité pour moi et pour l’autre ? ». Une fois rentré chez moi, prendre le temps de réfléchir. Peut-être l’autre a-t-il  empiété sur mon territoire et a-t-il besoin de le savoir. Plusieurs heures après, j’irai le voir, lui téléphonerai ou mieux, je lui écrirai — « les paroles passent, les écrits restent » — et je lui dirai pourquoi je me suis senti agressé.

Si on arrive à laisser passer le gros de la vague colérique pour exprimer ensuite son ressenti sans violence, c’est très utile. Il faut aller chercher la substantifique utilité de la colère dans les rapports humains, comprendre comment elle fonctionne chez soi, chez les autres et s’en faire une alliée. La méditation de pleine conscience pratiquée régulièrement  permet cette disposition d’esprit.

Bien gérer sa colère permet aussi fréquemment d’éviter la somatisation. Bien entendu, si je décide de ne pas exprimer ma colère, il ne faut pas pour autant la refouler car elle va s’exprimer tôt ou tard au niveau corporel. Il ne s’agit pas non plus de la laisser éclater sur quelqu’un d’autre. Par exemple, si j’ai choisi de ne pas dire à mon chéri qu’il m’énerve, je ne me lâche pas sur la concierge ou sur mon enfant.

Y-a-t-il différentes formes de colère ?

Il y a la colère égotique : l’autre me fait miroir par rapport à quelque chose que je n’aime pas chez moi. Je suis triste parce que je n’ai pas vaincu ce point-là. Je pense par exemple à une fille un peu ronde qui est dure avec son amie toute mince. Mais si j’ai identifié cette souffrance, je suis plus tolérant envers moi-même et je ne mets plus en colère. Cela a donc à voir avec le respect et l’estime de soi.

Autre colère, courante chez l’enfant : la colère de frustration. Il hurle parce que ses parents le contrarient. Ces manifestations sont évitables si les parents habituent très tôt l’enfant à des rituels de limites. S’il veut par exemple regarder la tété ou jouer sur l’ordi, les parents peuvent dire ˝oui, mon chéri, mais pour une heure maximum˝ et mettre vraiment fin au jeu une fois le temps écoulé. Si les parents s’y tiennent, au bout d’un moment, c’est payant. Ils sont responsables de frustrations et donc de crises colériques évitables.

Comment faire avec un enfant en colère ?

Il faut se taire, attendre que cela se calme et surtout ne pas surenchérir en criant ou en se mettant en colère à son tour. C’est l’effet miroir. Plus on est calme soi-même, plus l’enfant se calme vite. La mise à l’écart est aussi très efficace. Ce n’est pas une punition, juste un moment de silence et d’éloignement qui va permettre à l’enfant de se calmer. Quelques temps après, on va le voir : « Tu es calmé ? Viens faire un bisou à Maman. Qu’est-ce qui s’est passé ? ». Certaines colères sont l’expression d’autres émotions cachées : l’adulte peut aider l’enfant à s’en rendre compte en lui demandant par exemple ce qui l’a rendu triste ou ce qui lui a fait peur.

On peut aussi, s’il n’y a pas de témoins employer la dérision : « Tu as vu à quoi tu ressembles ? » ou alors imiter l’enfant avec humour au moyen d’une mimique grotesque : « Ouin, j’ai pas eu mon gâteau ! ».

La pratique d’un sport peut également aider certains enfants colériques. Le judo par exemple apprend à canaliser son énergie.


(1) Émotions, quand c’est plus fort que moide Catherine Aimelet-Périsso, éditions Leduc.s, février 2017, 17 euros. 

Tags:
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