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Adultes : comment savoir si on est surdoué ?

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By Roman Samborskyi | Shutterstock

Mathilde de Robien - publié le 25/04/18

On parle beaucoup de la précocité des enfants. Moins de ces enfants qui deviennent un jour des adultes. Or, les adultes surdoués possèdent une grande force grâce à la richesse de leur personnalité, ce sont en même temps des êtres emplis de doutes, de peurs et de contradictions, qu’il est important de connaître afin de gagner en vérité et en liberté.

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Comment savoir si on est surdoué ? Jeanne Siaud-Facchin, psychologue, spécialiste des surdoués, remarque, dans son ouvrage Trop intelligent pour être heureux ? (Odile Jacob), que finalement, rares sont les surdoués qui se posent la question car l’intelligence a comme premier effet de douter de sa propre intelligence. Par conséquent, les surdoués ne s’imaginent absolument pas être surdoués ! De plus, pour se penser surdoué à l’âge adulte, il faut avoir saisi toutes les nuances de la douance : être surdoué n’est pas seulement une histoire d’intelligence, c’est aussi une histoire de cœur, d’émotions, une façon particulière d’être au monde.


ENFANT PRECOCE

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« Être surdoué, écrit Jeanne Siaud-Facchin, c’est une personnalité toujours marquée par ce double sceau : une intelligence puissante et une sensibilité intense qui imprègne chaque moment de vie ». Le surdoué ne peut pas arrêter sa pensée, puissante, incessante, qui scrute, analyse, intègre, associe, met en perspective, imagine… Il pense sur tout, tout le temps. Il ne fait pas de généralités ou de simplifications, il privilégie la précision et la dissection.

Une hypersensibilité exacerbée

Tel un enfant, le surdoué conserve une capacité à s’émerveiller, et être envahi par une joie profonde pour un tout petit rien. Il est submergé par ses émotions, aussi bien positives que négatives. Il sera littéralement terrassé par la moindre injustice. Sa sensibilité étant extrême, ses réactions sont parfois démesurées. Il en est ainsi de sa susceptibilité, de son humiliation qui peuvent être démultipliées. Il est doué de beaucoup d’empathie. Il se sent concerné par tout, tout le temps. Il est capable de ressentir les émotions des autres, et cela lui crée des dilemmes : comment être heureux tandis que d’autres souffrent ? Cette compassion intense provoque chez lui un sentiment de culpabilité.

Une lucidité parfois douloureuse

Un surdoué possède une lucidité aiguë, de par son intelligence sans cesse en mouvement et de par son hyper réceptivité émotionnelle. Ces deux composantes engendrent une telle clairvoyance sur le monde qui l’entoure, qu’elles le déstabilisent, lui donnent le vertige, parfois au sens propre du terme. « Tous les adultes surdoués expliquent combien il est douloureux d’être envahis par cette perception grossie du monde », souligne Jeanne Siaud-Facchin.

Lucidité sur le monde, mais aussi sur lui-même. C’est pourquoi un surdoué perçoit très bien ses propres limites et ne sera jamais vraiment satisfait. D’où, parfois, un besoin de changer fréquemment de métiers par exemple. Le surdoué est souvent en proie aux regrets : regret de ce qu’il n’a pas entrepris, regret de ne pas pouvoir tout faire, regret de devoir choisir parmi tous les possibles et donc de renoncer.

Une peur omniprésente

Beaucoup de peurs habitent le surdoué. Tout d’abord dans le quotidien : un surdoué anticipe de façon anxieuse tout ce qui pourrait arriver. Il voit tous les risques et les dangers qui guettent et il veut tout contrôler. La psychologue relate les propos d’une personne surdouée, assise dans une salle de cinéma : « Je n’arrive pas à être absorbée par le film. J’observe autour de moi et je pense à tout ce qui pourrait arriver de grave ou de moins grave : du feu dans la salle à un malaise que je pourrai avoir. Je construis tous les scénarios possibles. Où sont les issues de secours qui m’aideraient, comment se dégager si le plafond s’effondre et, en cas de bombe, quel est le matériau des fauteuils, qui faut-il d’abord prévenir, etc. »

Ensuite, le surdoué a peur de lui-même, de sa pensée qui peut l’entraîner dans des gouffres effrayants, de ses émotions qui l’envahissent de façon incontrôlable. Tout cet engrenage peut l’entraîner vers la peur de la folie : si tout le monde pense autrement, si personne n’est arrivé à ce point de réflexion, comment envisager autre chose que la folie ?


BOY STEAM

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Une soif d’absolu

Le surdoué a soif d’absolu et de perfection, aussi bien dans ses projets que dans ses actes. Tout doit être parfait, irréprochable, totalement abouti ou bien ce n’est pas la peine. C’est pourquoi son perfectionnisme peut tendre vers l’immobilisme, ou l’inertie, lorsque sa quête de perfection lui paraît vaine ou inatteignable.

Le surdoué a de grands idéaux. Pour lui, réussir, c’est faire avancer l’humanité, le monde. Il n’assimile pas l’idée de réussite à une simple réussite professionnelle ou familiale, même si cela y participe. Il a une vision plus transcendantale de la réussite. « Mon projet, vous allez sûrement vous moquer de moi, confie Julien, serait d’aider l’humanité à mieux vivre. »

Une éternelle sensation de décalage

Le surdoué a tout le temps l’impression de ne pas être au même rythme que les autres. Il est en avance, en arrêt ou en retard… En avance, parce qu’il perçoit, analyse, comprend et synthétise beaucoup plus vite que les autres. Résultat : « Il a abouti quand les autres démarrent, il a compris quand la formulation de la question n’est pas terminée, il sait quoi faire alors que chacun s’interroge », explique Jeanne Siaud-Facchin.

En arrêt, lorsqu’il fixe son attention sur un minuscule détail, qui n’intéresse personne, mais qui lui semble d’une importance capitale. Il s’immobilise alors que les autres continuent à avancer. En retard, par rapport à des valeurs qui lui semblent bassement matérielles, telles que la réussite, l’argent, les biens matériels. Selon lui, certains accordent une importance démesurée à des valeurs qui lui semblent subsidiaires. Il a l’impression que de nombreuses personnes courent derrière elles, sans avoir de but véritable, sans donner de sens à leur vie et en omettant de se poser les questions essentielles : où vais-je à cette allure ? Pour quoi faire ? Qu’est-ce que je cherche à obtenir ? Quelles sont mes priorités ? Le surdoué progresse plus lentement, en s’efforçant de trouver des réponses à ces questions et de trouver un sens à sa vie en la mettant en perspective à l’échelle de l’univers. Cela correspond à l’impossibilité pour le surdoué de se détacher du contexte. Sa vie est reliée au sens du monde.

Ce sentiment d’être en décalage peut provoquer une sensation de solitude, à cause de cette distance entre soi et le monde, entre soi et les autres, et ce même au sein de sa propre famille.


Little boy reading a book

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Pour en avoir le cœur net : le bilan

Pour confirmer cette petite voix qui vous souffle combien ce portrait du surdoué vous ressemble, le seul moyen pour en avoir le cœur net est de faire un bilan. Le bilan se compose d’un ensemble de tests qui ont pour objectif une compréhension globale de la personne.

À quoi cela sert-il de faire un bilan ? Aux dires des surdoués testés, faire le bilan fait gagner en liberté. La vérité sur ce que l’on est vraiment est source de liberté, dans la mesure où on redevient le maître du jeu. C’est aussi la possibilité de s’autoriser à être qui on est vraiment, sans jouer les faux-semblants. C’est prendre conscience de ses ressources, mais aussi de ses faiblesses. C’est s’approprier une nouvelle force, une très grande force.

9782738120878
Odile Jacob

Trop intelligent pour être heureux ? L’adulte surdoué, Jeanne Siaud-Facchin, éditions Odile Jacob, mars 2008, 320 pages, 23,50 euros.

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