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Le béguinage, une nouveauté qui a plus de huit siècles

BEGUINAGE BELGIUM

Mjansen CC

Sabine de Rozières - publié le 02/07/18

Le béguinage n’a rien à voir avec le béguin que vous pourriez avoir pour quelqu'un. Il s’agit d’une alternative à la maison de retraite pour des personnes âgées autonomes. Un concept qui se développe à vive allure et qui s’inspire des béguinages, des lieux de vies atypiques imaginés au XIIIe siècle.

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Les premiers béguinages apparaissent en Belgique à la fin du XIIIe siècle. Cette période de guerres provoque un nombre de morts très important et par voie de conséquence crée énormément de veuves. Toutes les femmes seules sont dans une insécurité permanente et vont souvent se réfugier dans des monastères. Devenant trop nombreuses à y rentrer, elles vont créer des résidences closes de murs ou de grilles et situées autour d’une église ou d’une chapelle, c’est le début des béguinages, un terme flamand « dont on ne connaît pas bien l’origine », avoue Thierry Prédignac, co-gérant de Vivre en béguinage.

Chaque femme possédait une petite maison et leur somme autour de la chapelle formait ces béguinages dans lesquels elles pouvaient vivre protégées. Indépendantes financièrement et pas forcément âgées, toutes ces femmes avaient des activités comme un commerce en ville ou de la broderie puisque tout débute dans les Flandres belges. Elles vivent ensemble dans ces résidences avec une maîtresse de maison qui gère le lieu autour d’un projet de vie et une charte mais ne sont pas religieuses et ne prononcent aucun vœux.

Garder la maîtrise de sa vie

« Nous nous sommes inspirés de ce principe pour recréer des béguinages », explique Thierry Prédignac qui a observé que les maisons de retraite actuelles sont souvent un moyen de perdre la commande de sa vie, avec une très faible latitude pour décider de ce que l’on souhaite encore faire. Selon lui, « le gros danger dans une maison de retraite classique et que nos aînés entrent dans une passivité dont ils se relèveront rarement. Entre résignation, dépression et dépendance, leur mort est souvent prématurée ». Entre contraintes juridiques, foncières et humaines les chantiers ne sont pas si faciles à mettre en place mais ça vaut la peine ! », assure Thierry Prédignac qui indique qu’il faut environ deux ans pour qu’un béguinage soit créé.


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Aujourd’hui, il ne s’agit plus de permettre uniquement à des femmes de bénéficier du béguinage mais à toute personne souhaitant vivre sa vieillesse dans une structure souple ou l’indépendance, conjointement à une forme de petite vie communautaire, est la règle. Thierry Prédignac observe que « ceux qui sont en danger sont les personnes âgées, ils sont les maillons fragiles de la société et il faut leur offrir une alternative à la maison de retraite ». Associé à Vincent Bel et Christophe Baiocco qui travaillent dans l’immobilier et la construction, les trois hommes sont complémentaires et créé leur premier béguinage à Perpignan en 2012, après avoir racheté le cloître Saint François d’Assise et rédigé le projet de vie et la charte qui régit ces lieux de vie.

Dans chaque béguinage peuvent vivre entre 15 et 20 personnes et par expérience, « il vaut mieux éviter de dépasser la trentaine afin de maintenir une vraie vie fraternelle », souligne Thierry Prédignac avant de préciser être « particulièrement vigilants à la dimension du recrutement des personnes âgées puisqu’il faut qu’elles soient autonomes et indépendantes ». Il ne faut pas non plus que certaines d’entre elles nuisent à la vie fraternelle avec des psychologies toxiques ou manipulatrices, note le spécialiste. Dans le processus , »Nous soignons aussi la formation des personnes qui vont vivre dans le béguinage. Ils signeront une charte qui correspond à un projet de vie, il faut donc qu’ils acceptent les quelques contraintes ou être formés à une communication non-violente et qu’ils apprennent à supporter certaines contradictions. Nous sommes là pour réguler et écouter leurs besoins et parfois désamorcer des petites bombes, mais c’est comme dans toutes les formes de vie communautaire. »

Des loyers modérés et des chambres mutualisées

Chez « Vivre en béguinage », le prix de la location des appartements comme des T2 ou T3 va coûter entre 400 et 600 euros par mois respectant ainsi les prix du marché. « Nous ne proposons plus aux personnes âgées d’acheter leur appartement, cela offre une plus grande liberté s’ils veulent quitter le béguinage. En effet, signer la charte ne signifie pas qu’on s’engage jusqu’à la fin de ses jours ». Il n’y a qu’un seul salarié par béguinage qui est un veilleur, une sorte de maître de maison formé aux dimensions sanitaires et sociales mais aussi aux premiers soins. Ils savent distinguer les premiers signes d’une dégradation chez les personnes âgées. « Dans chaque béguinage, poursuit Thierry Prédignac, nous gardons quelques appartements qui ne sont pas soumis aux critères sociaux, c’est-à-dire pour les personnes qui peuvent avoir des revenus qui dépassent les 25 000 euros par an et dont les appartements ne sont pas financés par des prêts locatifs sociaux ».


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Les personnes âgées locataires peuvent recevoir leurs enfants et leurs petits-enfants ainsi que leurs amis sans aucune contrainte spécifique et nous avons même des hôtelleries et des salles communautaires qui permettent de recevoir tout le monde sans que ce soit une charge logistique supplémentaire pour les personnes âgées. Ce sont des chambres d’amis mutualisées sur le même principe que les hôtelleries dans les monastères.

Les critères pour intégrer un béguinage

Pas de critères spécifiques à part être en accord avec la charte de vie proposée et qui comporte trois piliers à savoir l’autonomie ou l’autogestion, la deuxième chose est la dimension fraternelle où les personnes âgées s’engagent à tisser des liens et enfin la dimension spirituelle qui aide à vivre en groupe en appréhendant mieux la vie, la mort etc… « C’est une vraie alternative pour le bien vieillir et les projets ne manquent pas car il y a beaucoup de demande pour en créer de nouveaux ! », se réjouit Thierry Prédignac. Il ne faut pas non plus être trop fragile psychologiquement. Il n’y a pas de limite d’âge pour y entrer et chez « Vivre en béguinage », le plus jeune a 56 ans tandis que la plus vieille en a 97.




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Il faut que les personnes âgées qui souhaitent intégrer un béguinage soit autonome, c’est indispensable. c’est-à-dire qu’ils soient maîtres de toutes les décisions de leur vie et finalement la seule limite, c’est Alzheimer donc la démence mentale. On peut très bien avoir un cancer ou une maladie, ça n’empêchera pas de vivre dans un béguinage. Il faut juste avoir toute sa tête. Ce ne sont pas des appartements médicalisés mais on peut recevoir n’importe quels soins à domicile, comme dans sa propre maison. Une personne handicapée physique peut aussi vivre en béguinage.

Les maisons d’alliance : un béguinage à l’accent plus spirituel

Le béguinage est forcément fondée sur des valeurs chrétiennes mais c’est comme dans l’Église, il y a des gens qui vont à la messe tous les jours et puis des gens qui y vont trois fois par an et « nous ne sommes pas derrière eux pour leur dire ce qu’ils ont à faire », explique Thierry Prédignac. Depuis peu, ils ont créé une nouvelle forme de béguinage que appelé des « maisons d’alliance » ils ont eu beaucoup de demandes de personnes âgées souhaitant avoir une vie beaucoup plus spirituelle que dans les béguinages existants. Ces maisons d’alliance sont alors créées dans des monastères où les communautés religieuses sont très vieillissantes et dont les locaux sont immenses. Cela permet aux personnes âgées de participer aux offices religieux et en même temps, elles rendront des services à la communauté qui les accueille comme le standard téléphonique, l’accueil ou d’autres petites choses. À l’heure actuelle, trois maisons d’alliance qui sont en train de se monter.

Pour en savoir plus : www.vivre-en-beguinage.fr

Tags:
personnes agees
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