Créée au lendemain de la Première Guerre mondiale sur l’ancien champ de bataille, la forêt domaniale de Verdun s’étend sur presque 10 000 hectares. Haut lieu de mémoire, forêt sanctuaire, elle garde les stigmates des violents combats de la guerre 14-18. Du 21 février 1916, jour du déclenchement de la bataille, jusqu’au 21 décembre, pendant 300 jours et 300 nuits, toute la Nation a eu les yeux tournés vers les côtes de Meuse où, face à un péril mortel et sur un secteur restreint de vingt kilomètres carrés, se jouait son destin. Parce que les Français affrontèrent seuls l’ennemi sur un terrain ravagé par plus de cinquante millions d’obus, Verdun est demeuré, jusqu’à nos jours, un symbole extrêmement fort. Et le bilan fût lourd : 160 000 morts du côté français, 140 000 chez les Allemands et quelques 400 000 blessés.
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Aux premiers jours de l’Armistice, c’est en parcourant ces lieux jonchés de cadavres que Mgr Ginisty, évêque de Verdun, accompagné du général Valantin, gouverneur de Verdun, a eu l’idée de donner à ces restes sacrés une sépulture décente où les familles pourraient venir se recueillir et prier pour leurs proches disparus. Une association privée est créée et Mgr Ginisty, président du comité de l’Ossuaire, se met à la recherche de financements nécessaires à l’édification du monument définitif. De 1919 à 1932, il n’hésite pas à parcourir le monde entier afin de donner des conférences pour collecter les dons nécessaires. Le transfert des ossements de l’Ossuaire provisoire à l’Ossuaire définitif, l’ossuaire de Douaumont, a finalement lieu en septembre 1927. Il est inauguré le 7 août 1932 en présence du président de la République, Albert Lebrun, de dignitaires français et étrangers « et d’une foule immense d’anciens combattants, de pèlerins, de familles des morts et des disparus », précise le ministère des Armées.
Le corps principal du monument est constitué d’un cloître long de 137 mètres où se succèdent, dans des alvéoles, les 46 tombeaux (un pour chaque secteur principal du champ de bataille, d’Avocourt aux Eparges) abritant les restes mortels de 130 000 soldats allemands ou français. Dans l’axe, au-dessus du porche principal, se dresse une “Tour des morts”, haute de 46 mètres, aménagée en phare et dont le faisceau lumineux balaie l’ancien champ de bataille. En face de l’ossuaire, la nécropole nationale de Douaumont rassemble 16 142 tombes de soldats français.
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Aujourd’hui, l’herbe a repoussé dans les trous d’obus de la forêt de Verdun. Mais si la nature a repris ses droits, on y sent toujours le poids de l’histoire. Entre les ruines des villages détruits, celles des fortifications militaires, la tranchée des baïonnettes, le fort de Vaux et le fort de Douaumont, la forêt de Verdun est bien plus qu’une zone forestière. Elle est un témoin majeur des combats de la Grande Guerre, une mémoire vivante qui se transmet et permet à chacun de s’approprier l’Histoire afin d’en faire son histoire.