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L’esclavage moderne, une réalité pour plus de 40 millions de personnes

L’esclavage des enfants explose au Népal

Eglises d'Asie

Paul De Maeyer - publié le 22/08/18

D'après le nouveau rapport annuel de la Walk Free Foundation, les pays du G20 sous-estiment le problème alors qu’ils sont les premiers importateurs de produits susceptibles d’être fabriqués par des « esclaves modernes ».

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Le nombre de personnes concernées par l’esclavage moderne s’élève à près de 40,3 millions de personnes dans le monde, soit 5,4 personnes tous les 1.000 habitants. Les plus touchées sont surtout les femmes et les enfants (71%). Et plus de la moitié sont mineurs, détaille le Global Slavery Index 2018 qui recense toutes les formes d’exploitation humaine dans le monde, publié le 19 juillet dernier par la Walk Free Foundation. Parmi ces 40,3 millions d’esclaves, 15,4 millions de femmes ou fillettes sont victimes de mariages forcés et près de 25 millions sont victimes de travail forcé, imposé dans certains cas par les autorités de leur propre pays.




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Les pays les moins vertueux…

Les dix pays les moins vertueux du monde, c’est-à-dire ceux où la prévalence de l’esclavage se révèle la plus haute, sont tous africains ou asiatiques. La Corée du Nord, l’Érythrée et le Burundi occupent les trois premières places de ce triste classement. Viennent ensuite la République centrafricaine, l’Afghanistan, la Mauritanie, le Sud-Soudan, le Pakistan, le Cambodge et enfin l’Iran.

Comme l’expliquent les auteurs de l’enquête – un document de plus de 200 pages – la situation dans la plupart de ces pays est marquée par de graves problèmes, principalement des conflits, mais aussi l’absence d’état de droit et l’absence de sécurité physique.

Dans ces trois premiers pays – la Corée du Nord, l’Érythrée et le Burundi – l’esclavage est imposé par l’État. Selon le rapport, un Nord-Coréen sur dix, soit 2,6 millions de personnes, est réduit à l’esclavage. Parmi eux de nombreux chrétiens du pays enfermés dans les fameux camps de détention Kwan-li-so, et pliés aux travaux forcés par le régime de Pyongyang.


SUMMIT

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Pour sa part, dans le contexte d’un long conflit avec l’Éthiopie, le président de l’Érythrée, Isaias Afewerki, au pouvoir depuis 25 ans, a instauré un service militaire obligatoire à durée indéterminée qui a contribué, selon Amnesty International, à créer « une génération de réfugiés ». Enfin, au Burundi, où la pratique du travail forcé se poursuit – rappelons à ce sujet que le Burundi est un des pays du monde « où le taux de travail des enfants est le plus élevé » – au moins un enfant sur cinq est victime de différentes formes d’exploitation, « souvent mal payés ou pas payés du tout », selon l’étude. Ils travaillent généralement dans les champs ou comme « serveurs » chez des particuliers aisés dans les zones urbaines. Sans bénéficier d’aucun droit et le plus souvent dans des conditions de « véritable esclavage ».

Parmi les pays « très peu » engagés dans la lutte contre l’esclavage – « malgré leurs richesses et leurs ressources », souligne le rapport – se distinguent le Koweït, le Qatar, Singapour et le Sultanat de Brunei, dont le produit intérieur brut (PIB) par habitant est pourtant élevé.

… et les pays les plus exemplaires

Mais il y a aussi les pays qui travaillent dur depuis des années pour combattre ce phénomène. Dans le classement de l’Indice mondial de l’esclavage, les Pays-Bas obtiennent la meilleure note. On trouve ensuite les États-Unis, le Royaume-Uni, la Suède, la Belgique, la Croatie, l’Espagne, la Norvège, le Portugal et enfin le petit Monténégro.

Mais d’autres pays, comme la Géorgie, la Moldavie, le Sénégal, la Sierra Leone et le Mozambique, tentent de réagir « de manière étonnante » au fléau, alors qu’ils ne disposent que de ressources limitées ou rares, indique le rapport. Le Mozambique, par exemple, est un des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB par habitant de 634 dollars en 2012 et un faible indice de développement humain (0,418 dollars).


Xavier Plassat

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De l’Europe et de l’Asie centrale aux États-Unis

Selon le Global Slavery Index, à l’intérieur de la grande région Europe et Asie centrale, c’est au Turkménistan, en Biélorussie et en Macédoine que la prévalence de l’esclavage moderne est la plus élevée. La Russie, la Turquie et l’Ukraine enregistrent, en revanche, le plus grand nombre absolu de victimes de cet esclavage dans toute la région.

La Biélorussie est un autre pays où le travail forcé imposé par les autorités dure toujours. Il existe encore ces fameux « samedis communistes » (ou subbotniki), instaurés et encouragés par le pouvoir soviétique dans les premiers temps de l’URSS, qui oblige les fonctionnaires à travailler bénévolement pour la collectivité le samedi ou le week-end. Le bénéfice de ces journées est destiné à des projets choisis par le gouvernement.

Les États-Unis – pourtant parmi les pays les plus avancés du monde – sont touchés eux aussi par le phénomène de l’esclavage. Le rapport comptabilise 400.000 personnes concernées sur le territoire. Un chiffre stupéfiant qui en dit long sur l’ampleur du problème à l’échelle mondiale, souligne le fondateur de la Walk Free Foundation, Andrew Forrest, philanthrope et homme d’affaires australien, dans un communiqué de presse. L’homme d’affaires attribue cela à une certaine attitude de « tolérance » face à l’exploitation humaine.




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Les produits importés, le vrai « moteur » de l’esclavage

La Walk Free Foundation focalise également son attention sur les conditions de travail pratiquées dans les usines de produits importés par les pays du G20. Selon le document, les produits qui y sont fabriqués sont le fruit du travail de personnes exploitées. Leur valeur totale est estimée à 354 milliards de dollars. Et ils sont le vrai « moteur » de l’esclavage moderne. En premier lieu, les appareils électroniques comme les ordinateurs et les téléphones portables (200,1 milliards de dollars). Mais aussi les vêtements, autre secteur « à risque » d’esclavage, à hauteur de 127,7 milliards de dollars d’importation. En troisième, quatrième et cinquième position, nous trouvons les produits de la pêche (12,9 milliards de dollars), le cacao (3,6 milliards de dollars) et la canne à sucre (2,1 milliards de dollars).

La première économie mondiale est aussi le premier importateur mondial de produits « à risque » esclavage : les États-Unis importent ces produits à hauteur de 144 milliards de dollars par an. La Chine à elle seule importe des équipements électroniques et des vêtements pour un total de 122 milliards de dollars. Le Vietnam, avec 11,2 milliards de dollars, et l’Inde, avec 3,8 milliards de dollars, sont les 2e et 3e exportateur de ce type de produits vers les États-Unis.

Le volume des importations américaines de produits à « risque » esclavage est donc trois fois plus élevé que celui du deuxième importateur de ces produits parmi les pays du G20, à savoir le Japon (47 milliards de dollars). En troisième position nous trouvons l’Allemagne avec 30 milliards de dollars, suivi du Royaume-Uni avec 18 milliards de dollars et la France avec 16 milliards de dollars. L’Italie occupe la 12e place avec 7 milliards de dollars environ.


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Action urgente

Le rapport révèle également que 12 pays du G20 ne font rien pour endiguer ou combattre le phénomène. Parmi eux, l’Argentine, le Mexique et la Russie. Le pays d’origine d’Andrew Forrest n’a rien fait non plus, mais Canberra travaille à l’élaboration d’une nouvelle loi qui serait à la pointe du progrès.

Il faut agir. Après les images choquantes diffusées par la CNN l’automne dernier montrant des ventes aux enchères de migrants nigérians en Libye, demandons-nous comment, au début de ce troisième millénaire, il peut encore exister des « marchés aux esclaves ».




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Tags:
esclavageSociété
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