Grand est le nombre de ceux qui sacrifient aux dieux Argent, Réussite, Pouvoir, une grande partie de leur vie et reçoivent en parfaite cohérence avec leur désir, un esprit de soif d’Argent, de réussite, de pouvoir… Le drame, pour nous chrétiens, c’est qu’en tant que fils de la lumière nous sommes moins logiques que les fils de ce monde (Luc 16, 8). Nous demandons l’Esprit Saint et nous ne désirons pas être saints ! Nous vivons une situation qui mène à la schizophrénie.
Reconnaissons-le, les saints sont très bien vus, même de la part des moins croyants. Avoir tel ou tel saint dans sa poche, c’est un must. Il suffit de voir le nombre de bougies de prière au pied de leurs statues pour comprendre qu’ils sont hyper sollicités et qu’ils sont mis à contribution pour nous donner un sacré coup de mains en cas de difficulté. Quant à leur ressembler ? Leur vie est tellement éloignée de notre réalité quotidienne ; leur exemple — carrément effrayant pour certains —, ne nous incite pas à prendre leur chemin ; au point que nous nous disons : « la sainteté, ce n’est pas pour moi ».
La sainteté à vue divine
Nous refusons catégoriquement d’être saint… Et s’il nous arrive d’avoir une poussée mystique, nous nous gardons bien de le faire savoir. Pour passer un bon moment, faites l’essai avant le début de la messe dimanche. Dites à votre voisin(e) que vous voulez être saint(e) — il y a de fortes chances qu’il (elle) change de place ou vous jette de l’eau bénite ! La sainteté, c’est hors de notre portée ! À vue humaine, c’est vrai. Mais à vue divine ?
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“Vouloir être chrétien sans vouloir être saint, c’est se pourrir la vie”
Notre baptême a modifié notre ADN pour nous configurer au Christ avec un ADN de chrétien. Nous sommes « nés de nouveau » par le baptême et équipés pour être « saints ». Lorsque nous récitons le Notre Père et disons : « Que ta volonté soit faite », sans vouloir être saint, c’est créer un véritable court-circuit en nous ; c’est le « couac » métaphysique assuré ! D’ailleurs Thérèse d’Avila invitait ses sœurs à être prudentes dans leurs demandes en se rappelant bien à qui elles s’adressaient et être attentives à ce qu’elles demandaient :
« Il est souhaitable que vous sachiez bien ce que vous demandez dans le Pater noster, de façon que, si le Père éternel veut bien vous l’accorder, vous n’alliez pas lui répondre par un insolent refus. Ainsi,examinez mûrement si votre demande est à faire. Autrement, ne la faites pas, et priez sa Majesté de vous éclairer de sa lumière. » (Chemin de Perfection, chapitre 30 § 3)
Qu’est-ce que Dieu notre Père désire ? « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2). Invitation reprise par l’Apôtre Pierre : « Mais à l’exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite » (1P 1, 15). Qui oserait demander à son enfant des choses impossibles ? Personne ! Comme le dit Jésus : « Si vous qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père du ciel vous donnera-t-il l’Esprit Saint si vous l’en priez ! ». (Lc 11,13)
Les moyens d’être saints
Si Dieu nous invite à être saints, c’est que c’est possible et qu’en plus, il va nous en donner les moyens. Il faut simplement quatre choses : Lui faire confiance ; Se débarrasser des fausses images de la sainteté comme nous y invite le pape François dans son appel à la sainteté (Gaudete et Exsultate § 14) ; Accepter de devenir saints et prendre la décision d’y travailler ; Demander l’Esprit Saint qui, tel que son nom l’indique, nous donnera les moyens d’être saints.
En faisant cela, nous ne serons plus des chrétiens schizophrènes et nous verrons s’épanouir en nous la joie et la paix de Dieu. Bonne rentrée et bonne sainteté.
L’ADN du chrétien : l’Esprit saint au secours de nos vies, Alain Noël, Mame, avril 2018, 240 pages, 14,90 euros.