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L’armoire des quatre saisons, ou comment mettre de l’ordre dans sa vie intérieure

Closet WARDROBE

New Africa I Shutterstock

Marzena Devoud - publié le 15/12/18 - mis à jour le 22/11/22

Printemps, été, automne, hiver... Notre existence spirituelle connaît, elle aussi, des saisons. Comme une armoire avec une succession de tiroirs, de boites et d’étagères qui doit trouver un équilibre particulier.

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Chaque matin, nous pouvons prendre conscience du don de la vie qui nous est donnée par Dieu. Nous sommes appelés chaque jour à être « capables de Dieu » selon la belle expression d’un Père de l’Église, Irenée de Lyon. Cela demande de mettre de l’ordre dans notre vie intérieure comme on s’attache à en mettre dans nos affaires personnelles, souligne le frère Michael Davide, bénédictin et auteur de Nos saisons intérieures (ed. Mame), une magnifique méditation qui aide à se recentrer sur notre vocation humaine. Elle esquisse l’image allégorique de l’armoire des quatre saisons, appelée à refléter cette mise en ordre de notre existence spirituelle et humaine. Celle qui nous permet d’atteindre « la créativité harmonieuse » que certains vont appeler la paix intérieure, d’autres la sagesse ou d’autres encore la sérénité.

Chaque chose à sa place

Pour frère Michael, la vie de tout homme est comparable à une armoire. Chaque chose possède sa propre place. « Il y a un temps pour porter des vêtements et un temps pour les ranger. Il y a des choses que l’on utilise tous les jours, d’autres mises de côté pour les grandes occasions. Il y a les vantaux des saisons, les étagères des occasions, les tiroirs des situations, (…) les coffrets pour les circonstances exceptionnelles… »

Il est alors essentiel, d’ouvrir l’armoire de notre cœur pour prendre à la fois ce dont nous avons besoin, mais aussi remettre chaque chose à sa place le moment venu. On peut ainsi maintenir l’ordre intérieur qui permet de vivre en harmonie avec soi-même et en accord avec les autres. Selon le frère bénédictin, l’existence spirituelle et humaine connaît, elle aussi, ses saisons : printemps, été, automne, hiver. Elles nous traversent dans les dimensions les plus concrètes de la vie : du nécessaire souci de nous-mêmes, du temps qui passe à nos relations amicales ou amoureuses, notre travail, nos échecs, nos succès ou à nos rêves.

Le printemps : prendre soin de soi-même

Celui qui ouvre les portes de l’armoire, en découvre alors les différents compartiments. Certaines affaires sont à portée de main, d’autes demandent que l’on monte sur un escabeau pour les atteindre. À l’image de toutes ces boites, tiroirs et étagères, chacun doit assumer celui qu’il est. Cette attention à soi commence toujours par le premier pas nécessaire : reconnaître et d’accueillir sa propre complexité. Non pas comme un poids, mais comme une véritable opportunité.

Nous savons à quel point il est souvent difficile de s’accepter et de s’aimer — simplement et en vérité. Certaines souffrances que nous portons deviennent des tourments. Il faut alors avoir le courage d’apprendre à s’apprécier en accueillant en soi le mystère de la vie. Il s’agit d’habiter chaque élément de notre existence pour en faire un lieu d’authenticité. Comme le souligne Frère Michael, « la fidélité au projet de Dieu sur notre humanité comprend inévitablement cette attention à soi-même ».

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18)

Si nous prenons vraiment soin de notre personne avec réalisme et sans fabuler, alors nous pourrons mettre ensuite en ordre nos relations avec les autres, instaurer un juste équilibre entre le temps libre nécessaire et le travail souhaitable. Ces quatre éléments de notre vie, une fois bien ordonnés, permettent alors de passer à la saison de l’été.

L’été : habiter le quotidien avec élégance

Dès notre conception, nous occupons un espace vital sans lequel il n’y pas de perspective réelle de vie. Nous nous levons chaque matin pour affronter la journée en occupant différents lieux de vie, par exemple notre lieu de travail. Mais il ne suffit pas d’être présent physiquement pour y être vraiment. Il s’agit d’avoir une attention pour chaque lieu où nous vivons, qu’il soit grand ou petit, ordinaire ou exceptionnel.

Mettre de l’ordre dans notre armoire de l’âme, c’est cultiver l’élégance. Il ne s’agit pas d’un esthétisme comme une fin en soi, mais d’une certaine attitude intérieure. La simple manière de s’asseoir à table, d’ouvrir la porte, de ranger des affaires sur son bureau, montrer notre attention au monde que nous sommes appelés à habiter : avec un respect plein d’amour !

C’est ce que dit le poète Rainer Maria Rilke, lorsqu’il recommande d’être « bienveillant avec les choses pour ensuite (…) être gentil avec soi-même et les autres ». Si nous apprenons à nous déplacer dans les lieux de notre quotidien avec sagesse, nous devenons alors de plus en plus aptes à soigner les relations avec les autres, qui sont le trésor le plus précieux de notre vie.

L’automne : savoir gérer ses échecs

Dans notre vie et particulièrement dans nos relations avec les autres, nous avons à affronter des échecs. Dans un monde dominé par la loi de l’optimisme forcé où tout doit aller toujours bien, nous risquons réellement de ne pas être capables de prendre en compte nos échecs, qui font pourtant partie de la vie. Pour apprendre de nos erreurs et avancer, il ne faut pas les effacer. Bien au contraire. Il faut même, selon frère Michael, les célébrer comme les étapes indispensables de notre apprentissage. Au lieu de vouloir fermer à clé alors ce tiroir de notre vie, il est essentiel de porter la croix de nos échecs de manière libre et clairvoyante. Cela nécessite donc de l’ouvrir et de le bien ranger !

À chaque fois que nous sommes prêts à reconnaître et même à affirmer nos échecs avec dignité et clairvoyance, nous nous ouvrons alors à la résurrection et à la joie, le véritable symptôme de la liberté intérieure.

La vie ne se déroule jamais de façon aseptisée. Elle n’est pas un parcours parfait : elle se compose de victoires et d’échecs, d’intuitions réussies et de déceptions flagrantes. Tôt ou tard, chaque personne traverse des épreuves, que ce soit dans sa vie scolaire, professionnelle ou sentimentale… Personne n’échappe à cette leçon de souffrance qui se révèle dans la découverte de sa propre vulnérabilité. Et nous devenons encore plus vulnérables si nous n’ouvrons pas de temps en temps le tiroir de nos échecs affectifs, professionnels ou relationnels. Nous risquons alors de nous laisser emprisonner par le remords.

Pourtant, à chaque fois que nous sommes prêts à reconnaître et même à affirmer nos échecs avec dignité et clairvoyance, nous nous ouvrons alors à la résurrection et à la joie, le véritable symptôme de la liberté intérieure.

L’hiver : vivre dans l’attente joyeuse de l’éternité

Dans l’armoire de notre vie intérieure, il y a une étagère où se trouve une boite de rangement particulière et délicate. Il s’agit de celle de la préparation à la mort. La culture actuelle met l’accent sur la recherche de la bonne qualité de la vie. Frère Michael souligne dans son ouvrage que la mort fait justement partie de la qualité de vie ! Chacun devrait pouvoir dire : « Je tiens à ma mort plus que tout et je ne voudrais à aucun prix qu’elle me soit retirée ou volée ». Autrefois la mort était « une cérémonie publique et organisée » que les enfants ne manquaient pas.

man breathe calm

Aujourd’hui, nous la percevons comme une menace. Paradoxalement, au lieu de nous aider à vivre, cette attitude est un obstacle pour comprendre le mystère de la vie dans sa totalité. Se préparer à notre propre mort, nous donne la possibilité de vivre pleinement dans la sérénité et avec une vraie force. Saint François d’Assise donnait à la mort corporelle le doux nom de « sœur ». Pour lui, la mort était comme une personne proche. Cette « sœur, la mort », elle nous donne de vivre jusqu’à mourir avec l’attitude de « véritables joyeux mendiants ».

Cité dans l’ouvrage, le théologien orthodoxe Anthony Bloom explique comment vivre dans l’attente de la vie éternelle : « Il n’y a qu’une seule chose qui compte : pour quelle raison vivons-nous et pour quelle cause sommes-nous prêts à mourir ? Ces mots (ceux de son père, ndrl) m’ont appris ce qu’il doit être lié à la mort : un dernier appel à apprendre à vivre, vivre dans l’attente de notre mort comme un jeune homme attend sa bien-aimée (…), vivre dans l’attente que la porte se ferme. Si le Christ est la porte qui s’ouvre sur l’éternité, il est notre mort ».

Tags:
Spiritualité
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