À propos du combat spirituel, saint Paul est limpide dans sa lettre aux Éphésiens : “Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes.” (Ep 6,12) Le combat est donc âpre. Or, il n’est pas toujours simple de savoir comment le mener. Dans son ouvrage justement intitulé Le Combat spirituel publié à la fin du XVIe siècle, le père Laurent Scupoli nous donne deux armes essentielles pour mener cette lutte contre les forces qui nous mettent à mal.
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Se défier de soi-même
“La défiance de soi-même est si nécessaire dans le combat spirituel, qu’on ne peut, sans cette vertu, non seulement vaincre tous ses ennemis, mais surmonter les moindres passions. Cette vérité doit être gravée profondément dans notre esprit : parce qu’encore que nous ne soyons qu’un pur néant, nous ne laissons pas de concevoir de l’estime pour nous-mêmes, et de croire, sans nul fondement, que nous sommes quelque chose. En effet, quiconque veut s’approcher de la vérité incréée, et de la source des lumières, doit nécessairement se connaître à fond, et n’être pas, comme les superbes, qui s’instruisent par leurs propres chutes, qui commencent à ouvrir les yeux, lorsqu’ils sont tombés dans quelque désordre honteux et imprévu ; Dieu le permettant ainsi, afin qu’ils sentent leur faiblesse, et que par cette funeste expérience ils viennent à se défier de leurs forces.”
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il faut donc, pour vaincre les forces du mal, se défier de soi-même. Il ne s’agit pas ici de dire qu’il est mauvais, d’une manière générale, de croire en soi et en ses capacités, mais plutôt de faire la chasse à toute trace d’orgueil, car c’est très souvent là que vient se loger le malin. Nous avons des qualités, certes, mais dans le combat spirituel, dans ce combat inégal contre des forces qui nous dépassent, nous appuyer sur nos propres ressources est non seulement insuffisant mais surtout présomptueux. La seule force dont nous avons besoin, c’est Dieu.
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Avoir confiance en Dieu
“Quoique la défiance de soi-même soit indispensable dans le combat spirituel, […] si elle est seule, et qu’on n’ait point d’autre secours, on prendra bientôt la fuite, ou l’on sera désarmé et vaincu par l’ennemi. Il faut donc y ajouter une grande confiance en Dieu, qui est l’auteur de tout bien, et de qui seul on doit attendre la victoire. S’il est vrai que de notre fonds nous ne sommes rien ; nous ne pouvons nous promettre que des chutes dangereuses et fréquentes, et nous avons tout sujet de nous défier de nos forces ; mais si nous sommes parfaitement convaincus de notre faiblesse, nous remporterons sans doute, avec l’assistance du Seigneur, de grands avantages sur nos ennemis, n’y ayant rien de plus puissant pour nous attirer les grâces du ciel, que de nous armer d’une généreuse confiance en Dieu.
Considérez attentivement avec les yeux de la Foi, la Toute-puissance et la Sagesse infinie de cet Être souverain, à qui rien n’est impossible ni difficile, de qui la bonté n’a point de bornes, qui, par un excès d’amour pour ceux qui le servent, est prêt à toute heure et à tout moment de leur donner tout ce qui leur est nécessaire pour vivre en hommes spirituels, et pour se rendre tout-à-fait maîtres d’eux-mêmes. La seule chose qu’il leur demande, c’est qu’ils recourent à lui avec confiance.”
Si nous prenons conscience de notre faiblesse et que nous nous tournons vers le Seigneur, il nous donnera les armes nécessaires. Ne présumons donc pas de nos forces et n’ayons de cesse de nous appuyer sur celles de notre Dieu Tout-Puissant. C’est par Lui que nous sortirons vainqueurs de nos luttes spirituelles quotidiennes. Rappelez-vous : “Il n’y a rien de plus puissant pour nous attirer les grâces du ciel, que de nous armer d’une généreuse confiance en Dieu.”
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