Ça y est : l’emploi du temps est bouclé. Combien de minutes nous reste-t-il par jour, à deux, éveillés, tout écran éteint ? Compliqué. “Pour que le dialogue en vaille la peine, il faut avoir quelque chose à se dire, et ceci demande une richesse intérieure qui soit alimentée par la lecture, la réflexion personnelle, la prière et l’ouverture à la société. Autrement, les conversations deviennent ennuyeuses et inconsistantes”. Partager avec une autre personne n’est pas évident. J’ai entendu un étudiant s’exclamer alors qu’on lui proposait d’aller au groupe de prière de la paroisse : “Certainement pas ! La prière, d’accord, mais les groupes de partage après, non merci.” Partager s’apprend. On ne sait pas faire naturellement.
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Un partage crée une intimité
Partager, ce n’est pas ennuyer l’autre ou parler pour ne rien dire. Pour qu’un partage soit intéressant, cela suppose de sortir des généralités, de ne pas éluder les problèmes, de ne pas donner de leçon ou de solutions toutes faites, de ne pas s’enfermer dans l’intellectualisation (qui coupe des émotions), de ne pas s’engluer dans l’émotionnel (qui coupe de la réflexion), dévoiler quelque chose de soi, ce qui suppose de se connaître soi-même et de faire confiance, sans oublier l’apprentissage de l’écoute qui va jusqu’à laisser entrer dans son cœur la parole de l’autre. Un véritable savoir-faire qui s’acquiert en le pratiquant et en acceptant de se corriger délicatement l’un l’autre quand un des écueils cités plus haut apparaît.
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Un partage crée une intimité. Il tient compte de toutes les dimensions de la personne. Un partage peut se préparer à l’avance. Il suppose de savoir être seul avec soi-même et peut-être de poser sur le papier ce qui nous tient à cœur, ce que l’on a à dire. Je connais un couple qui a un cahier commun où chacun écrit quand il a besoin et voit ce qu’écrit l’autre. Dans le partage, chacun est gagnant de deux manières. L’un s’enrichit de ce qu’exprime l’autre, mais aussi, pochette-surprise, on s’enrichit de ce qu’on dit soi-même. S’entendre dire quelque chose n’est pas la même chose que le penser. Les mots dépassent la pensée, pas toujours de manière négative, cela peut être très positif. Ne nous arrive-t-il pas de dire : “Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça” ? Nous portons des trésors cachés. Sans doute parce que du tréfonds de notre être, Dieu toujours présent en nous s’exprime. Saint Augustin parlait du Maître intérieur. Le partage en couple, si chacun est relié à la meilleure partie de lui-même, devient riche, nourrissant et quotidien.
Article de Sophie Lutz paru le 29 septembre 2018