“Depuis longtemps je me nourrissais de “la pure farine” contenue dans l’Imitation, c’était le seul livre qui me fît du bien, car je n’avais pas encore trouvé les trésors cachés dans l’Évangile. Je savais par cœur presque tous les chapitres de ma chère Imitation, ce petit livre ne me quittait jamais ; en été, je le portais dans ma poche, en hiver, dans mon manchon, aussi était-il devenu traditionnel, chez ma tante on s’en amusait beaucoup et l’ouvrant au hasard, on me faisait réciter le chapitre qui se trouvait devant les yeux” (Ms A, 47 r°).
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C’est lors de sa première communion que la petite Thérèse reçoit ce livre merveilleux qui ne la quittera plus. Dans sa soif de suivre Jésus et surtout de l’imiter, elle va dévorer ce petit ouvrage jusqu’à en connaître des chapitres par cœur ! Le jour de son entrée au Carmel, la prieure, sœur Marie de Gonzague, lui demande d’ailleurs de réciter un passage de son choix. Elle opte pour le chapitre 7 du livre II : “Qu’il faut aimer Jésus-Christ par-dessus toutes choses”. Un extrait qu’elle va réciter sans l’ombre d’une hésitation.
Un “best-seller” médiéval
Rédigée vraisemblablement entre la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle, l’auteur de L’Imitation de Jésus-Christ a longtemps été considéré comme anonyme avant d’être identifié comme le moine néerlandais Thomas a Kempis. Mais dès le début du XVIIe siècle, beaucoup revendiqueront, pour leur pays ou leur ordre, la paternité du recueil. En France, on citera Jean Gerson. L’Italie proposera un abbé bénédictin de Verceil. Jusqu’en 1921, où un nouveau candidat sera proposé, Gérard Groote.
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Composée de quatre Livres divisés en plusieurs chapitres, chaque petit livret est consacré à un thème précis : Avertissements utiles à la vie spirituelle, Avertissements entraînant à la vie intérieure, De la consolation intérieure, Exhortation à sainte Communion. Œuvre de piété et de sagesse, l’Imitation propose à chacun une nourriture spirituelle riche et nécessaire au développement de sa vie intérieure. Mais comment expliquer un tel succès ? La popularité de L’Imitation s’explique par sa facilité d’accès en opposition aux livres mystiques arides, autrefois destinés exclusivement aux religieux : “L’Imitation de Jésus-Christ, c’est un peu la mystique pour les nuls. C’est un livre qui s’adresse au grand public. On entre très facilement dedans”, explique Ghislain Waterlot, professeur de Philosophie et d’éthique à l’Université de Genève.
“C’est le plus beau livre qui soit parti de la main d’un homme”
Certainement le livre latin le plus traduit en français, la diffusion de L’Imitation a été extraordinaire. Pour exemple, la version de Louis-Isaac Le Maistre de Sacy, au XVIIe siècle, a eu près des deux cent éditions. L’Imitation a été également traduite dans les langues des peuples civilisés par des missionnaires qui s’accordaient à considérer L’Imitation comme le meilleur manuel de la vie spirituelle. Véritable “best-seller”, ce petit recueil eut pendant longtemps, et dans tous les monastères d’Europe, une telle popularité que les exemplaires copiés dépassèrent même ceux de la Bible.
Si ce guide spirituel ne remplace pas la Parole de Dieu, il est de ces ouvrages que l’on garde près de soi, que l’on feuillette au gré du temps, sorte d’aide-mémoire qui nous rappelle l’essentiel : notre union avec Dieu. « L’Imitation de Jésus-Christ est le plus beau livre qui soit parti de la main d’un homme, puisque l’Évangile n’en vient pas », disait l’écrivain français Fontenelle.
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