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Pourquoi le mariage n’a rien d’une promesse en l’air

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© M_Orlataya / Shutterstock

Photo d'illustration.

Paul Habsburg - publié le 02/09/19 - mis à jour le 29/07/22

Quand nous prononçons les paroles de la promesse du mariage nous sommes rarement conscients de tout ce qu’elle signifie. À une époque où l’on ne s’engage plus, il n’est pas seulement important, il est nécessaire de prononcer ce "oui" individuellement, ce "oui" qui engage pleinement à être et à rester soi-même.

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Je ne sais pas qui a rédigé la formule exacte de la promesse du mariage catholique. Elle est quand même assez brillante, précise et synthétique. Mais est-elle complète ? Pas tout à fait… si on en croit un grand saint de notre époque. En effet, le pape Jean Paul II a voulu lui ajouter six mots. Plutôt que de se contenter de dire « moi, N., je te reçois comme époux (épouse) et je te promets de te rester fidèle etc.… », le prophète de la théologie du corps a considéré qu’il manquait quelque chose. Selon lui, la formule devait inclure ces paroles « et je me donne à toi ». C’est pourquoi il l’a rajoutée. Ce qui donne finalement : « moi, N., je te reçois comme époux (épouse) et je me donne à toi. Je te promets de te rester fidèle… ». C’est vrai qu’implicitement, le don de soi était contenu, mais Jean Paul II a voulu que ce soit plus explicite.


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Pourquoi ? Parce que l’homme est créé à l’image de Dieu. Et l’essence de l’homme, à l’égal de Dieu, est celle d’être un don, un don de soi. L’homme devient pleinement homme dans la mesure où il apprend à se donner à l’autre en vérité, à accueillir l’autre dans sa diversité. Une chose est de promettre de vouloir recevoir, d’accueillir l’autre pleinement, non comme je veux qu’il soit mais tel qu’il est, sans condition, librement et sans contrainte. Mais une autre chose est promettre de se donner à l’autre, promettre de vouloir apprendre à être un don pour le conjoint, non pas comme je veux me donner, mais comme l’autre en a vraiment besoin. Non pas selon les caprices de l’un ou de l’autre, mais en vérité. Plus j’ai la joie de préparer des couples pour le mariage et de les accompagner fraternellement sur leur chemin de vie, plus je perçois l’intelligence de cette promesse. J’approfondis également avec de plus en plus de clarté l’importance des questions que le prêtre pose à chacun, juste avant la promesse. Ainsi, c’est chaque époux qui répond aux questions, et qui fait sa promesse.

Un pacte à trois

C’est bien et c’est même très important. Parce que la promesse de mariage, elle n’est pas un pacte entre deux parties selon la logique du monde, pacte qui cesserait d’exister quand l’une des parties ne tiendrait plus son engagement. C’est plutôt un pacte à trois. Celui-ci consiste en une promesse que je fais envers l’autre, devant Dieu. Une promesse qui ne dépend donc pas d’abord de la fidélité de l’autre. Mais qui dépend de ma propre fidélité, de mon « oui » personnel. En conséquence, une promesse qui m’engage pleinement à être et à rester moi-même. C’est pourquoi il n’est pas seulement juste que cette promesse soit prononcée individuellement. Cela est nécessaire.

« La formule “je te reçois et je me donne a toi” exprime et définit probablement de la meilleure façon ce qu’est la personne humaine. »

Je considère ainsi qu’il est juste et bon pour toute personne humaine de faire une telle promesse. Ainsi, la formule je te reçois et je me donne a toi exprime et définit probablement de la meilleure façon ce qu’est la personne humaine. Ce qui me rend vraiment humain, c’est ma capacité d’accueillir l’autre et de me donner à lui. On pourrait dire que l’homme est un je-te-reçois-et-je-me-donne-à-toi. Avancer dans cette identité, devenir expert dans l’art d’accueillir et de se donner, cela me semble même vital pour le bon développement humain de toute personne. Je suis néanmoins surpris qu’en aucun moment de la vie, l’État ou la société nous suggèrent un rite ou un engagement plus ou moins formel, au cours duquel on s’engagerait à vouloir devenir quelqu’un qui accueille et qui se donne…




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Dans ma fonction d’aumônier du primaire, j’ai souvent pensé qu’il ne serait pas tout à fait faux de créer une espèce de promesse civile qui contiendrait ces concepts, indépendamment de toute religion. Car en fait, le seul moment dans la vie où cette promesse s’officialise, c’est le moment du mariage. Sans que nous en soyons vraiment conscients au moment où nous la prononçons, cette promesse nous permet d’assumer pleinement notre humanité. Parce que nous nous engageons à vouloir la vivre envers notre conjoint. Non pas parce que l’autre me fait cette promesse, mais parce que c’est une bonne chose pour tout homme de la faire.

« Nous ne sommes pas protégés de l’infidélité envers nos propres idéaux. »

Il est donc juste et tout aussi nécessaire de faire une promesse formelle. En effet, les bonnes intentions ne suffisent pas. N’avons-nous pas tous déjà laissé tomber nos bonnes résolutions, quelque soit notre âge ? Non pas par méchanceté, mais parce que nous portons en nous le « non » de l’humanité. C’est ce qui nous rend parfois incohérents, pour le dire d’une façon élégante… Ne sommes-nous pas souvent tentés de mettre de côté le sourire, de lâcher nos bonnes résolutions, d’abandonner ?

Le don de soi correspond à un grand idéal. Hélas, il ne dépend pas d’un automatisme naturel. Nous ne sommes pas protégés de l’infidélité envers nos propres idéaux. Il n’est pas facile d’être toujours patient, d’accepter l’autre ou la belle-famille dans sa diversité, ni de subir des injustices, de digérer les malentendus. En même temps, il est impossible que le conjoint ne rencontre ces moments où il sera moins en forme. Tout cela fait partie de la vie normale et du chemin d’apprentissage de l’amour. Dans ce sens, nous pouvons dire qu’une promesse formelle nous sauve. Elle nous rappelle ce que nous sommes, elle nous protège ainsi de vouloir comparer l’intensité de l’engagement de l’un pour l’autre, ou de remettre en question une décision déjà prise.

Une identité humaine

Ceci dit, j’oserais presque penser qu’il est bon de faire la promesse d’accueillir l’autre et de se donner à lui, précisément parce que je sais que je ne vais pas toujours pouvoir la tenir avec mes seules forces. Et il est bien de voir la promesse non pas simplement comme un pacte entre nous deux, mais comme une promesse faite par moi à toi, mon aimé, prononcée en présence de Dieu. Cette promesse exprime mon identité humaine, ce que je suis, mon ADN. L’autre, celui que j’aime, il n’est pas la garantie de mon bonheur. Mais c’est grâce à sa présence et grâce à sa diversité que je vais pouvoir avancer sur mon chemin de vie, dans l’art d’accueillir, de me donner, d’apprendre à aimer et ainsi grandir.

J’ai eu la grâce de le témoigner en accompagnant le cheminement d’une femme. Plutôt jeune, elle était confrontée à l’abandon de son mari. De façon totalement inattendue, il lui avait annoncé son départ. Il s’éloignait successivement en lui disant qu’il ne l’aimait plus. C’est tout. Inutile d’expliquer la solitude et la souffrance qu’elle expérimentait. Tout en étant déjà une très bonne chrétienne, j’ai l’impression qu’elle n’avait pas encore touché la pleine puissance de l’amour et de la tendresse du Christ. Celui qui, en un seul instant, peut couvrir toute tristesse. Elle n’avait peut-être jamais vraiment senti le besoin radical d’être sauvée par Dieu. Pourtant, sans hésiter, elle a choisi la fidélité à sa promesse de mariage. Elle a décidé d’aimer plus, d’accueillir et de se donner davantage. Je peux confirmer que son cœur a grandi énormément. Je dirai même qu’elle est devenue plus elle-même. Peut-être pourrait-on même dire qu’aujourd’hui, « grâce à cette croix si violente », cette femme est plus belle et plus sainte. Sa vie me semble encore plus féconde qu’avant. Je considère que sa promesse de mariage l’a empêchée de laisser tomber, d’aimer moins, même si son mari n’est pas encore revenu vers elle.

Un don de Dieu pour le monde

Donc, pour un chrétien, la promesse d’aimer l’autre tous les jours de la vie ne veut pas dire qu’il y aura toujours des beaux sentiments. En revanche, peut-être que cette promesse pourrait se traduire de la manière suivante :

« Je t’aime aujourd’hui et je t’aimerai aussi dans 40 ans. Je te reçois et je te recevrai. Je me donne à toi et je me donnerai à toi. Je t’attends et je t’attendrai. Je t’écoute et je t’écouterai. Je suis là à tes côtés et je serai là. Je te pardonne et je te pardonnerai ».

C’est fort, presque violent, à une époque où l’on ne s’engage plus. Mais pourtant, on peut faire cette promesse. On peut même la redécouvrir et l’accepter à nouveau après de longues années de mariage. Ce n’est pas une promesse qui va nous faire du mal, jamais ! Elle va simplement nous rappeler ce que nous sommes : un don de Dieu pour le monde.

Un grand merci alors à l’Église catholique et aux innombrables inconnus qui ont façonné la formule du mariage ! Et un immense merci à Jean Paul II qui a voulu préciser et compléter cette formule en y incluant explicitement le don de soi. Il nous rappelle ainsi toute la grandeur de notre vocation humaine à l’amour.

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