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Des splendeurs de la foi au musée Jacquemart-André

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© Allison Chipak

Maître de la Madeleine (Filippo di Jacopo ?), Vierge à l’Enfant, vers 1285-1290.

Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 08/10/19

L’exposition des "Chefs-d'œuvre de la peinture italienne" de la collection Alana, qui vient d’ouvrir au musée Jacquemart-André à Paris, jusqu'au 20 janvier 2020, est une belle invitation à redécouvrir les trésors des primitifs italiens et de la Renaissance en Italie. Remarquable, cette exposition l’est assurément par son parcours didactique qui offre une véritable porte d’entrée à l’art italien. La Renaissance italienne, par cette sélection d’œuvres inédites jamais dévoilées, de la collection Alana, prend ainsi vie sous nos yeux.

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Des chefs-d’œuvre de l’art italien jamais montrés. Le musée Jacquemart-André à Paris a réussi un tour de force avec cette exposition consacrée à la collection Alana et ses chefs-d’œuvre de la peinture italienne. Une collection construite sur la passion et la ténacité d’Alvaro Saieh et Ana Guzmán — dont les deux prénoms associés ont donné son nom à la collection « Alana » aux États-Unis, une des plus secrètes et prestigieuses collections privées.

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© Allison Chipak
Huit scènes de la vie du Christ : l’Annonciation, la Nativité et l’Adoration des Mages, la Présentation au Temple, le Baptême du Christ, la Cène, la Prière au Jardin des oliviers, l’Arrestation, la Flagellation, peintre romain du XIIIe siècle.

Événement rare, car les 75 chefs-d’œuvre choisis et présentés ne sont habituellement pas montrés au public. Avec cette exposition, les commissaires ont fait le pari de l’art sacré, et, il faut l’avouer, c’est une réussite ! La beauté de ces œuvres, immédiatement perceptible, s’accompagne, en effet, d’un parcours clair appuyé sur des explications accessibles qui facilitent leur compréhension, sur une échelle historique allant du gothique à la fin de la Renaissance italienne. Un grand nombre des tableaux réunis sont le fait de grands maîtres présents dans les plus grands musées du monde outre Le Tintoret, Véronèse, bien sûr, sont également présents Bellini, Fra Angelico, Lippi, Carpaccio ou encore Lorenzo Monaco, Uccello, Bronzino, Gentileschi… 

Des témoignages uniques de la foi

Ces prestigieuses signatures sont mises à portée de regard du visiteur et peuvent ainsi être découvertes dans l’intimité du musée Jacquemart-André avec de petites salles et une proximité rare des œuvres accrochées. Véritable concentré de ce que la peinture italienne a su produire de plus beau, ces œuvres sont aussi des témoignages uniques de la foi du XIIIe au XVIIe siècle en Italie.




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Cette exposition n’offre pas, en effet, uniquement une belle expérience esthétique, elle s’accompagne aussi d’un rare témoignage sur la foi de ces temps révolus. Du gothique ayant hérité de représentations rigides, un hiératisme des formes et des visages, nous assistons de chef-d’œuvre en chef-d’œuvre à une profonde mutation des représentations. Une évolution picturale qui annonce cette Renaissance italienne si époustouflante, et qui s’anime littéralement sous nos yeux. L’élan humaniste qui la caractérise s’introduit progressivement, notamment avec cette remarquable Annonciation de Lorenzo Monaco, réalisée dans les années 1420, et dans laquelle l’admirable regard de la Vierge se détourne délicatement de l’Ange vers le plan inférieur — et le regardeur — en un geste d’humilité émouvant. L’humanité gagne également en profondeur dans les toiles d’Uccello ou de Filippo Lippi avec une corporéité et des volumes qui s’enrichissent. Les physionomies et les postures s’assouplissent comme pour mieux témoigner du message de foi entre un Verbe qui s’est fait chair et les fidèles. 

Lorenzo Monaco, (Florence, vers 1370 – 1425), L’Annonciation, vers 1420-1424

Une dévotion privée qui fait encore sens…

Parallèlement aux majestueux et impressionnants triptyques auxquels nous ont habitués les églises, la collection Alana a le mérite de nous dévoiler aussi des œuvres plus intimes, initialement destinées à la dévotion privée des fidèles, tel le délicat petit Autel portable avec reliques de Franciabigio (Florence, 1484-1525). Véritable catéchisme en image à lui seul, il évoque les sommets de la foi avec l’Annonciation, la Nativité et les scènes de la Passion. Là réside certainement l’un des points forts de cette exposition ; dévoiler ce qui naguère était absent des représentations héritées de Byzance : un Dieu incarné, dans toute sa fragilité, de sa naissance à sa mise à mort sur une croix, et non plus un Christ de gloire ou pantocrator. C’est ce Christ en homme de douleurs qui inspirera des artistes comme Cosimo Rosselli et ceux de l’entourage d’Andrea del Verrochio. Le visiteur ne pourra qu’être touché par cette dimension humaine et corporelle du Christ qui souffre sous des traits demeurés absents jusqu’alors, des larmes émouvantes, un fond d’œil rougi par la souffrance… 

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© Allison Chipak
Vittore Carpaccio, (Venise, 1465 – 1525/1526), Engelpietà, vers 1490

Cette sensibilité qui peut nous sembler évidente de nos jours naît à cette époque, avec ces œuvres. La Passion saisit le spectateur et conduit à l’interroger sur les frontières ténues de la vie et de la mort, des méditations qui animaient les contemporains de ces chefs-d’œuvre et qui font encore sens de nos jours, au terme de cette splendide exposition consacrée à la collection Alana. 




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Tags:
art sacrérenaissance
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