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Mgr Aupetit : « L’enfant n’est plus désiré pour lui-même »

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Zakaria ABDELKAFI / AFP

Agnès Pinard Legry - publié le 23/01/20

Alors que le projet de loi bioéthique est actuellement débattu au Sénat, Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, vient de publier « Humanae Vitae, une prophétie », un essai dans lequel il propose une relecture inédite de l’encyclique de Paul VI. « Il faut prendre conscience de la beauté de la relation de l’homme et de la femme dans leur union, du don qu’ils se font l’un à l’autre », explique à Aleteia Mgr Aupetit. Entretien.

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C’est ce qu’on appelle avoir le sens du timing. Alors que les sénateurs discutent en ce moment du projet de loi bioéthique, Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris, vient de publier aux éditions Salvator Humanae Vitae, une prophétie. Plus d’un demi-siècle après la sortie de l’encyclique du pape Paul VI, l’archevêque de Paris propose ici une relecture inédite du texte dans laquelle il détaille une vision enthousiasmante de l’union de l’homme et de la femme et de leur fécondité. « La vraie question est de savoir comment l’enfant, quand on donne la vie, devient premier et prioritaire », explique à Aleteia Mgr Aupetit. « Les parents doivent permettre à l’enfant de développer son potentiel, se déployer, de trouver sa vocation ».


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Aleteia : Cet essai est-il une manière de contribuer au débat alors que le projet de loi bioéthique est actuellement discuté au Sénat ?
Mgr Michel Aupetit : Si le livre sort aujourd’hui en plein pendant le débat au Sénat sur les questions de bioéthique, et ce n’est pas plus mal, il ne porte pas sur les lois de bioéthique elles-mêmes mais sur la question même de la sexualité, de l’union de l’homme et la femme et de leur fécondité. Je l’ai pensé à l’occasion des cinquante ans de l’encyclique Humanae vitae l’année dernière et j’ai souhaité que chacun puisse prendre conscience aujourd’hui de la beauté de la relation de l’homme et de la femme dans leur union, dans leur amour mutuel, dans le don qu’ils se font l’un à l’autre. Et de ce don l’un à l’autre vient l’accueil de la vie. C’est un projet magnifique quand on arrive à le vivre. J’essaie simplement de le faire comprendre, de toucher les consciences, les intelligences et d’ouvrir les cœurs.

Vous y rappelez notamment la notion de « paternité responsable ». Quelle est-elle ?
C’est un terme employé par Paul VI puis Jean Paul II. Cela veut tout simplement dire que, à la différence des animaux, nous sommes véritablement responsables de notre fécondité. C’est d’ailleurs pour cela que même en science on emploie le mot « reproduction » pour les animaux et « procréation » chez l’homme, c’est-à-dire la participation à un acte qui le précède. L’homme et la femme entrent volontairement dans un projet d’accueil de la vie qui leur est propre.


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Aujourd’hui, dans le projet parental, le désir des parents est souvent pris en compte au détriment du bien de l’enfant. Ce dernier n’est plus reçu comme un cadeau mais comme un dû. Pourquoi ?
Il y a toujours eu un projet parental dans le sens où les parents projettent nécessairement leurs vues sur leur enfant. Ils se l’imaginent lorsqu’il sera grand, ce qu’il va faire plus tard etc. Quelquefois, cela peut même faire l’objet de frustration parentale. Comme disait Jacques Brel, « Et qui seront pharmaciens, parce que papa ne l’était pas » ! Il y a toujours eu cette tendance là mais malheureusement aujourd’hui les moyens techniques nous permettent de le faire, c’est-à-dire que l’enfant ne devient plus quelqu’un qui est désiré pour lui-même, qui est accompagné, qu’on est chargé de faire grandir etc. Il entretient dans un projet la frustration des parents mais également la manière dont il est conçu. Cet enfant-là n’est pas accueilli. La contraception clame « Un enfant si je veux quand je veux ». Si un enfant arrive à un autre moment, il n’est pas accueilli. Mais la vraie question est justement comment faire pour que cet enfant, quand on lui donne la vie, peu importe le moment devient premier et prioritaire. Les parents doivent protéger l’enfant et lui permettre de développer son potentiel, de se déployer et de trouver sa vocation.

Comment replacer l’enfant dans sa vocation première ?
Replacer l’enfant dans sa vocation première c’est déjà permettre aux parents d’entrer dans une anthropologie plus importante. Le projet de l’homme et la femme, de Dieu pour l’homme et la femme, est un projet d’épanouissement et absolument pas un projet de contrainte. La contrainte vient de notre désir mal assumé, de la concupiscence, de l’incapacité de se maîtriser soi-même. Ce qui fait le propre de l’homme, c’est sa capacité à poser des actes en liberté, ce n’est pas d’être conditionné. Tant que l’être humain est conditionné, la place de l’enfant ne pourra jamais se trouver. La maitrise de soi permet véritablement de concevoir l’enfant, de l’accueillir de manière responsable, raisonnée et de pouvoir le mettre à la première place. Tant que nous sommes soumis à des concupiscences ou à des désirs qui dépassent sans maitrise de soi, indubitablement, l’enfant sera le produit d’un objet particulier que l’on voudra assouvir. Ce désir ne placera pas l’enfant comme un sujet mais comme un objet.

« La seule chose qui nous humanise, qui nous permet de véritablement être heureux, c’est d’aimer. »

L’article 1 du projet de loi bioéthique ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules vise à répondre à un désir d’enfant. Comment différencier ce désir de ce à quoi la personne est appelée ?
Au départ, la contraception c’était « un enfant si je veux, quand je veux ». Aujourd’hui cela va beaucoup plus loin car on ajouter le « comme je veux ». Le désir d’enfant c’est le désir que l’enfant soit exactement comme je veux, il y a quelque chose de l’ordre d’une fabrication. Mais l’enfant est une richesse en soi et, quel qu’il soit, il sera toujours quelqu’un à accompagner et à faire grandir pour qu’il accomplisse sa vocation. Et sa vocation c’est d’aimer. Pour nous chrétiens, c’est d’aimer comme Dieu, comme le Christ nous a appris à aimer. Et même si nous ne sommes pas chrétiens, nous savons bien que la seule chose qui nous humanise, qui nous permet de véritablement être heureux, c’est d’aimer. Mais que veut dire aimer ? Est-ce mettre la main sur quelque chose, posséder ? Ou au contraire se donner ? Il est clair que dans nos expériences humaines, le véritable amour est de se donner.

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Salvator

Humanae Vitae, une prophétieMgr Michel Aupetit, éditions Salvator, 23 janvier 2020, 10 euros. 

Tags:
BioéthiqueLivresMichel Aupetit
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