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Pourquoi Dieu permet-il cette pandémie ?

I santi contro il male

@DR

Guillaume Derville - publié le 02/05/20

Dieu ne veut pas le mal, mais il le permet en vue d’un plus grand bien. Mais nous avons de la peine à comprendre ce mystère de la souffrance. La pandémie est-elle un moyen un appel à la conversion ?

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Certains voient dans la pandémie un châtiment de Dieu. Instinctivement, nous rejetons cette approche. Pour ma part, je n’ai jamais ressenti la peur de Dieu. Dans mon enfance, l’amour du « bon Dieu » se reflétait dans celui de mes parents. Avec le passage du temps, la conscience croyante de la paternité bienveillante de Dieu a grandi dans ma vie. Cette expérience est loin d’être celle de tous. Notre éducation et nos sentiments religieux ont une influence sur notre appréciation de la réalité. Mais le ressenti personnel ne suffit pas. Les ailes de la foi et de la raison élèvent notre esprit afin qu’il porte un jugement chrétien sur les événements. 

Nous n’avons pas d’explication au problème du mal ; c’est plutôt l’ensemble de la foi chrétienne qui y répond, dans les alliances successives de Dieu avec les hommes, jusqu’à la nouvelle et définitive alliance : l’incarnation, la croix, la résurrection et la Pentecôte (cf. Catéchisme de l’Église catholique, 309).

Moïse parle familièrement avec Dieu

L’Ancien Testament révèle Dieu progressivement. Les genres historico-littéraires revêtent un caractère pédagogique ; dans un contexte de grande rudesse, comme celui de la Genèse, il y a une dynamique de dépassement. Le livre de l’Exode raconte comment le peuple adore un veau d’or. Cette idolâtrie est le prélude à une étonnante conversation de Moïse avec Dieu. Les piliers de l’histoire du salut sont établis dans ce dialogue : alliance, péché, miséricorde. Dieu menace le peuple d’extermination, Moïse le supplie, il apaise le visage du Seigneur : « Pourquoi, Seigneur, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Égypte par ta grande force et ta main puissante ?Pourquoi donner aux Égyptiens l’occasion de dire : “C’est par méchanceté qu’il les a fait sortir ; il voulait les tuer dans les montagnes et les exterminer à la surface de la terreˮ ? Reviens de l’ardeur de ta colère, renonce au mal que tu veux faire à ton peuple. Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même : “Je multiplierai votre descendance comme les étoiles du ciel ; je donnerai, comme je l’ai dit, tout ce pays à vos descendants, et il sera pour toujours leur héritage.ˮ » La conclusion est laconique : « Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple » (Ex 32, 11-14).

Notre Père qui est aux cieux « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Aujourd’hui le Covid-19 pourrait tuer saint François d’Assise et Mère Teresa de Calcutta s’ils étaient parmi nous, comme la lèpre condamna saint Damien de Veuster en 1889. En revanche, les récompenses d’ici-bas n’augurent en rien la vie éternelle (cf. Zac 11, 4 ; Mt 6,2-5 ; Lc 16, 19 sq.). 

Ouvrir son cœur au pardon

Au chapitre 13 de saint Luc, deux événements contemporains du Christ provoquent une réponse claire de sa part. Certains parlent à Jésus d’une sédition contre l’Empire romain durement réprimée. Le Christ ajoute une allusion à la construction d’une tour à Siloé : « À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : “Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même” » (Lc 13, 1-5).




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Jésus Christ n’explique pas la cause de cet accident du travail. Il s’est produit non pas que les ouvriers étaient tous méchants, mais en raison de causes variées : situation anormale, réaction inappropriée, absence de prévention des risques, manques de prudence. Ceux qui ont péri ne sont pas plus pécheurs que les autres. L’épisode de Siloé permet au Christ de délivrer un message, l’invitation à la conversion. Mais les malheurs ne doivent pas être attribués aux péchés de ceux qui en sont victimes. Jésus lui-même a fui le massacre d’enfants innocents, souffert la persécution d’Hérode, pleuré la décapitation de Jean-Baptiste. 

La relation entre la condition de pécheur et le risque de mort était un thème prophétique courant et communément partagé au temps du Christ. Jésus encourage ses auditeurs à la conversion qu’il demande, s’ils veulent profiter des promesses évangéliques. Tout est un signe du Seigneur et, par conséquent, une occasion de revenir à Dieu : « Passons par toutes les étapes de l’histoire et nous verrons comment, à chaque époque, le Seigneur a donné l’occasion de se repentir à tous ceux qui ont voulu se convertir à Lui » (saint Clément de Rome) . Car Dieu « nous aime à la folie ! » (saint Josémaria Escriva) .

En vue d’un plus grand bien

Certes il y a dans notre société des actes graves qui offensent Dieu et sapent l’équilibre et l’épanouissement de la personne. Mais il faut redoubler de prudence à l’heure de relier un malheur à tel ou tel mal moral, comme s’il y avait là une volonté divine concrète de châtier des coupables. Le Seigneur nous donne l’occasion de nous repentir. Il ne veut pas le mal, mais il le permet en vue d’un plus grand bien. Un événement mauvais à vue humaine peut nous éloigner de la perte de la vraie vie, la vie en Dieu, la vie éternelle. « Je ne prends pas plaisir à la mort du méchant, mais bien plutôt à ce qu’il se détourne de sa conduite et qu’il vive. Retournez-vous ! Détournez-vous de votre conduite mauvaise. Pourquoi vouloir mourir, maison d’Israël ? » (Ez 33, 11). Peut-on dire que plus l’humanité est corrompue plus elle souffre de différents maux ? Nous ne le pouvons pas au sens d’un châtiment immédiat. Dieu respecte l’ordre de l’univers qu’il a créé. Le désordre dans le monde est introduit par le péché de l’homme et les maux terribles qu’il produit ne sont pas toujours directement la faute des hommes, de tels ou tels choix de l’un ou l’autre d’entre nous, mais du choix originaire du péché appelé originel.

Se réorienter vers Dieu

Dans l’ordre du monde, il y a ce que les philosophes nomment la « cause première », Dieu, et les « causes secondes » qui jouissent de leur autonomie. Quelles que soient les intentions et les responsabilités, l’occasion d’une réparation est offerte. Les péchés sont une injustice, un manquement grave à ce qui est dû à Dieu. La pandémie est donc du point de vue de Dieu, qui ne la provoque pas, mais la permet, un moyen de salut, un appel à la conversion. 

Qui n’a besoin de se convertir ? Le chemin de la conversion va de la misère à la miséricorde. Saint Paul VI disait que « la misère humaine et la miséricorde divine se comprennent à la lumière du mystère pascal » (Audience générale, 14 avril 1976). Nous marchons vers sa célébration en ces jours extrêmes, dans les mains de la Providence amoureuse de Dieu. Avec confiance, car « le nom de Dieu est miséricorde », nous faisons nôtre la prière du pape François le 27 mars place Saint-Pierre : « C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi, Seigneur, et vers les autres. »




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