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Peut-on se fier aux applis de suivi du cycle féminin ?

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Josep Suria - Shutterstock

Mathilde de Robien - publié le 13/05/20 - mis à jour le 26/08/24

Nombreuses sont les applications qui permettent aux femmes de suivre quotidiennement leur cycle menstruel. Certaines offrent un « simple » outil de suivi, tandis que d’autres vont jusqu’à prédire les prochaines dates de règles et d’ovulation.

Aujourd’hui, les femmes peuvent accéder à une connaissance de plus en plus fine de leur fertilité, grâce aux formations aux méthodes naturelles, aux échanges réguliers avec les moniteurs, et à l’accès à des outils de suivi de cycle, qui favorisent, s’ils sont utilisés correctement, une maternité et une paternité responsables. Mise au point sur différentes applis qui envahissent actuellement la « Femtech », ce vaste marché des nouvelles technologies au service de la santé des femmes. Pour Marion Vallet, sage-femme et formatrice en fertilité, ces applis, si elles sont utilisées dans le cadre d’une méthode naturelle de régulation des naissances, ne peuvent en aucun cas se substituer à l’observation au quotidien des signes de la fertilité.

Les applications prédictives

Elles se nomment Clue, Flow ou encore OvuView, sont gratuites et téléchargeables sur smartphone et possèdent une interface agréable et très intuitive. Elles permettent de noter les dates des règles, l’aspect de la glaire et le jour des unions sexuelles. Mais elles ne se contentent pas d’être un simple support de notations. Elles calculent, selon des algorithmes assez basiques, les dates des prochaines règles ou de la prochaine ovulation, en vue d’éclairer l’utilisatrice sur ses périodes fertiles et infertiles. C’est sur ce point que Marion Vallet, sage-femme libérale, monitrice Billings et fondatrice de l’organisme de formation M2M Formation, met en garde. Ces applis utilisent en réalité la méthode Ogino, dite du calendrier, pour prédire des dates à partir des données enregistrées préalablement et de la durée moyenne du cycle. Une méthode fausse et largement décriée aujourd’hui puisqu’il est désormais connu qu’une femme n’est jamais parfaitement régulière et que son cycle peut être perturbé d’un mois sur l’autre par des facteurs tels que le stress, la fatigue ou le mode de vie. “Chaque femme vit environ 420 cycles. Les hormones amènent de la variabilité à chaque cycle : aucun d’eux n’est identique !”, explique Cécile de Williencourt, sage-femme, dans son livre à paraître Trésors de femme (Mame).

En outre, ces prédictions influencent les femmes dans leurs observations et peuvent générer une grande source de stress et d’incompréhension si elles ne concordent pas avec la réalité observée. « Je déconseille à mes patientes qui veulent observer leur fertilité ces applications car elles vont annoncer l’ovulation à une date précise, ovulation qui en réalité a pu être retardée pour une raison ou pour une autre. Si on se base uniquement sur les applications prédictives pour éviter ou différer une naissance, on peut être surpris ! Rien ne vaut l’observation au jour le jour des signes de la fertilité », précise Marion Vallet.

Les applications élaborées par les méthodes d’observation du cycle

Actuellement, les principales méthodes d’observations du cycle (MOC) sont la méthode Billings, la méthode FertilityCare, basées toutes deux sur l’observation de la glaire cervicale, la méthode Sympto-thermique (observation de la glaire cervicale et de la température basale) et la méthode Marquette (observation de la glaire cervicale et tests urinaires de LH et œstradiol). Chacune de ces méthodes « naturelles » ont élaboré leur propre outil de suivi : applis numériques ou tableaux papiers. Ainsi, le site Mon tableau Billings est totalement adapté à la méthode du même nom, Sympto Free (I-Phone) ou Sympto Plus (Android) sont des applications mobiles conçues pour la symptothermie (SymptoTherm). FertilityCare fonctionne encore avec des supports papiers mais selon la sage-femme, une appli ne devrait pas tarder à voir le jour.

Marion Vallet conseille de privilégier les outils conçus par les méthodes. Elles ne sont pas prédictives et exigent une formation préalable avec des moniteurs agréés. Selon la formatrice, leur fiabilité dépend de trois conditions : « Il est nécessaire de bénéficier, en couple si possible, d’une formation de qualité avec une personne accréditée, quelle que soit la méthode choisie, de prendre l’habitude d’une observation quotidienne des signes de la fertilité, et enfin d’être accompagné par les moniteurs pour le suivi des premiers tableaux afin que le couple puisse avoir une bonne fiabilité dans la méthode ».

Tags:
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