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Couple : contempler la nudité des corps sans honte ni concupiscence

Przytulona para młodych ludzi

Evgenij Yulkin / Stocksy

Paul Habsburg - publié le 15/06/20 - mis à jour le 20/10/21

Après quelques années de mariage, de nombreux couples avouent que leur vie intime est devenue vide, qu'elle manque de sens. Certains me disent que ce n’est pas facile d’accueillir le regard de l’autre sur sa propre nudité. En effet, comment contempler la nudité des corps sans honte ni concupiscence ? Et si la nudité de l’âme était la clé pour pouvoir contempler la nudité du corps ?

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Le cœur humain est capable de révéler de grandes vérités. Essayez d’imaginer la différence entre les mouvements de votre cœur quand vous contemplez les fresques de la création d’Adam et Ève de Michel Ange dans la chapelle Sixtine, et quand vous regardez une image pornographique. Le cœur va réagir très différemment. Même si les deux réalités représentent une certaine nudité, leur finalité est totalement différente. Alors que l’image pornographique est souvent regardée en secret, et qu’elle transforme le spectateur en consommateur, la nudité d’Adam et Ève est exposée dans un lieu public. Elle éveille en nous des pensées plutôt nobles comme la confiance, la vie, la tendresse et le don de soi. L’une des nudités nous relie à Dieu, tandis que l’autre risque au contraire de nous éloigner de Lui. Ici, c’est le cœur qui parle, pas l’Église ou une prohibition morale quelconque. Le cœur est une incroyable boussole.

Les couples me disent que ce n’est pas facile d’accueillir le regard de l’autre sur sa propre nudité. Et ce n’est pas facile de regarder la nudité de l’autre sans ressentir une pointe de désir ou de convoitise.

Si certaines personnes se sont pas complètement à l’aise avec leur propre nudité, ce n’est pas parce que celle-ci est mauvaise. Notre cœur nous alerte plutôt que quelque chose en nous n’est pas totalement à sa place, comme si un élément important s’était perdu. Mais si le cœur nous fait une telle remarque, c’est finalement pour nous inviter à lui faire confiance et à chercher ce quelque chose. Car la Bible nous dit qu’Adam et Ève « étaient nus, et ils n’en éprouvaient aucune honte l’un devant l’autre » (Gn 2,25). Au lieu de sentir la honte du fait d’être nus l’un devant l’autre, leur nudité mutuelle provoque en eux une immense joie, à tel point qu’Adam s’exclame :

« Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! » (Gn 2,23).

Pourquoi cette joie chez Adam ? Comme son âme est naturellement habitée par Dieu, son regard sur la nudité de l’autre n’est pas habité par la concupiscence. Tout au contraire, cette nudité révèle que l’un et l’autre sont faits pour le don. Cette nudité mutuelle permet au couple de se donner et de s’accueillir pleinement. Adam et Ève peuvent finalement devenir un vrai don-de-soi et ainsi réaliser leur vocation d’être dans le monde l’image de Dieu qui se donne. Dans les origines, la relation amoureuse entre Adam et Ève a dû être vécue dans une paix immense.

Depuis la chute des origines, la nudité est un thème difficile. Elle reste un challenge. Les couples me disent que ce n’est pas facile d’accueillir le regard de l’autre sur sa propre nudité. Et ce n’est pas facile de regarder la nudité de l’autre sans ressentir une pointe de désir ou de convoitise. Il y a parfois un certain combat entre l’idéal et la réalité. Le récit de la Création nous apprend qu’Adam et Ève ont ressenti le besoin de s’habiller des feuilles du figuier justement après la chute, donc après avoir perdu la proximité avec Dieu. Cela veut donc dire qu’en nous rapprochant du Créateur, le regard sur l’autre et sur soi-même pourrait à nouveau s’apaiser.

Regarder la nudité de l’autre avec un regard pur, c’est un peu comme marcher sur l’eau… C’est seulement en présence de Jésus que cela devient vraiment possible.

En fait, le Créateur s’est déjà approché de nous en Jésus-Christ. Jésus est venu entre autres pour guérir notre regard, pour nous redonner le regard des origines. Dans ce sens, je trouve que la rencontre de Jésus avec la pécheresse (Jn, 8,1-11) est très significative. Les scribes lui amènent une femme qu’ils ont surprise en train de commettre l’adultère. Ils veulent voir si Jésus consent de la condamner à mort selon la loi de Moïse. Et lui, que fait-il ? Il se baisse et écrit sur le sol, en signe de respect pour cette femme. Je suppose qu’elle n’était probablement pas très habillée…

En se baissant, Jésus veut guérir la convoitise et le jugement des scribes. Il veut éduquer leur regard sur la nudité et sur la faute de l’autre. Après un instant, les scribes repartent. Il n’y a plus personne pour juger la femme. C’est ainsi : d’innombrables scènes de l’Évangile révèlent qu’en présence de Jésus, le regard des disciples comme celui des scribes est plus droit et plus vrai. Regarder la nudité de l’autre avec un regard pur, c’est un peu comme marcher sur l’eau : c’est seulement en présence de Jésus que cela devient vraiment possible. Celui qui regarde sans Jésus ne voit pas bien, ou il voit trop peu.

Quand un couple s’unit uniquement au niveau des corps sans unir aussi les âmes, alors l’union est trop fragile, elle dépend trop de la qualité du corps. Tôt ou tard, cette union ne sera plus suffisante, car l’homme est largement plus que son corps !

J’ai expérimenté cette réalité dans l’histoire de François et Clothilde que j’avais préparés au mariage. Après à peine quelques années de mariage, ils me disaient que leur vie intime était devenue assez vide, qu’elle manquait de sens. Pourtant, c’est un couple top, l’un de ces couples dont tout le monde croit que les difficultés glissent sur eux sans les atteindre. C’est d’ailleurs ce que je pensais moi-même… Après m’avoir dit cela, François et Clothilde ont immédiatement ajouté dans le même souffle, qu’ils avaient cessé de prier ensemble depuis la naissance de leur premier enfant. Intuitivement, ils ont deviné que cela avait quelque chose à voir avec leur problème. Et ce n’est pas faux : si la sagesse de Dieu n’habite pas le regard mutuel, alors « le sens esthétique s’appauvrit, et ainsi la joie s’éteint. Tout est fait pour être acheté, possédé ou consommé ; les personnes aussi » (pape François, Amoris Laetitia, 127).

Dévêtir l’âme avant de dévêtir le corps 

Quand un couple s’unit uniquement au niveau des corps sans unir aussi les âmes, l’union est trop fragile, parce ce qu’elle dépend trop de la qualité du corps seulement. Quand les âmes ne sont pas unies, le don est incomplet parce que chacun ne donne qu’une partie de lui-même. Tôt ou tard, cette union ne sera plus suffisante, car l’homme est largement plus que son corps !

En revanche, quand un couple prie ensemble, quand les époux regardent ensemble vers Dieu en lui ouvrant leur cœur en toute simplicité, alors le Créateur leur rend visite. Il unit en eux ce que Lui seul peut unir. Et ainsi, au lieu d’unir seulement leurs corps, leurs gestes d’amour et de tendresse deviennent une vraie communion des personnes. Dans ce sens, plus un couple prie ensemble, plus les époux partagent tout en commun, plus ils deviennent semblables, et plus leur communion se renforce, au point de devenir presque invulnérable.

Quand les époux apprennent à prier vraiment ensemble, leur nudité n’est plus une occasion de honte ou de concupiscence. Elle rappelle qu’ils sont faits pour aimer comme Dieu aime.

J’observe chaque année avec une immense joie les fiancés qui commencent à prier en couple. Ils grandissent dans le respect mutuel. Dans toute leur relation avec le(la) fiancé(e), ils expérimentent « la sacralité de sa personne, sans l’impérieuse nécessité de la posséder » (pape François, Amoris Laetitia, 127). Et j’en suis sûr : le jour où ils vivront une période difficile au niveau du corps ou de l’esprit, leur prière en couple aura créé une complicité considérable. L’union de leurs âmes sera toujours plus forte que leurs fragilités, parce que Dieu y habite. Sainte Mère Theresa disait qu' »une famille qui prie ensemble reste ensemble. »

Jean Paul IIappelle la prière en couple la nudité de l’âme. Quand les époux apprennent à prier vraiment ensemble, à se dévêtir au niveau de l’âme, à permettre à l’autre de contempler l’intimité de son cœur, alors ils apprennent aussi à se regarder avec une attitude de don-de-soi. Quand ils contemplent alors la nudité du corps de l’autre, cette nudité n’est plus une occasion de honte ou de concupiscence. Elle est le rappel qu’ils sont faits pour se donner l’un à l’autre, pour aimer comme Dieu aime.

La nudité de l’âme donne tout son sens à la nudité du corps.

François et Clothilde ont recommencé à prier. En fait, ils ont souvent recommencé à prier. Chaque fois leur communion de couple s’est stabilisée, chaque fois leur regard l’un sur l’autre s’est un peu amélioré. Ils ont redécouvert la nudité de l’âme qui donne tout son sens à la nudité du corps.

Je vous invite à vous laisser regarder par ce Jésus du chapitre 8 de saint Jean. Demandez-Lui de venir habiter ces lieux en vous qui ont le plus besoin d’être visités et guéris : le domaine des regards, des pensées, des désirs qui souffrent parfois sous le poids de la concupiscence. Avec Lui, essayez de poser un regard pur sur votre conjoint. Avec Jésus, le regard change, il devient plus vrai. Et n’hésitez pas, comme François et Clothilde, de commencer et recommencer à prier en couple, et de laisser ainsi entrer chez vous Celui qui pourra vous unir à un niveau si haut et si fort, tellement fort que votre union en deviendra invincible.




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Amoris lætitiaCouplePape Jean Paul IISexualitétheologie du corps
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