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Takashi Nagai, une lueur d’espoir dans l’horreur de Nagasaki

Nagasaki

AFP

La ville de Nagasaki dévasté par la bombe atomique.

Aliénor Goudet - publié le 08/08/20

Médecin radiologue, élevé dans le shintoïsme et converti au catholicisme, Takashi Nagai a marqué les esprits des Japonais par son altruisme et sa grande foi, notamment après le bombardement de Nagasaki, le 9 août 1945, au cours duquel il a perdu son épouse. Le voici, soutenu par sa foi immense, dans les cendres de sa ville.

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9 août 1945 11h02hôpital Universitaire de Nagasaki

Après quelques secondes d’inconscience sur le sol de la salle de consultation, Takashi rouvre enfin les yeux, les oreilles bourdonnantes et la vision trouble. Du liquide chaud coule sur sa tempe et derrière son oreille droite. Il se souvient du bruit, semblable à celui d’un tremblement de terre aux proportions titanesques, du silence de mort l’instant suivant, puis de s’être levé pour aller voir à la fenêtre. Celle-ci lui a explosé à la figure sous l’effet d’un vent brûlant et cyclonique, assez puissant pour faire tomber les murs. Les entrailles tordues par l’angoisse, il titube vers la sortie. Le spectacle depuis l’extérieur lui glace le sang. Impuissants, ses collègues contemplent avec horreur les ruines de l’hôpital, alors qu’une ignoble odeur de chair brûlée se propage dans l’air et que des corps démembrés pendent aux fenêtres. Les patients courent, paniqués, tandis que les personnes alitées crient à l’aide.

– « Seigneur », implore Takashi en fermant les yeux. Donne-moi le courage et la force de faire ce qu’il y à faire ».

Puis, d’une voix forte, il s’adresse à ceux qui l’entoure. Il faut éloigner les patients et survivants de l’hôpital vers les champs, récupérer le plus de matériel possible et dresser des tentes en attendant les secours. Il relève ses collègues à terre et implore les patients qui le peuvent de les aider. La peur ne quitte aucun d’eux, mais aux paroles du docteur Nagai qu’ils connaissent et respectent, ils font ce qui leur est demandé. 

TAKASHI NAGAI
Public domain

11 août 1945Quartier résidentiel de Nagasaki

L’odeur nauséabonde, mêlant poussière et chair brûlée, lui emplit les narines à chaque bouffée d’air pollué, jusqu’à le forcer à s’arrêter pour rendre le contenu de son estomac dans un fossé, non loin d’un énième corps carbonisé. Mais Takashi ne s’attarde pas et reprend sa course, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Il sait qu’il n’y a pas de doute à avoir sur ce qu’il va trouver, et pourtant l’incertitude persiste. Il arrive enfin devant les ruines de la demeure qui fut sa maison. Il veut hurler mais aucun son ne peut s’échapper de ses lèvres.




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Pas à pas, il avance jusqu’à l’endroit où se dressait leur salon. De sa chère Midori, qui a tant prié pour lui et son âme, il ne reste que quelques os calcinés. Mais dans ceux de sa main droite à deux doigts de tomber en poussière, un reste de chapelet se trouve là. Takashi s’effondre et pleure à chaude larmes. Mais serrant contre lui le chapelet de son épouse, il joint les mains et s’écrie vers le ciel : « Seigneur, que tu es bon de l’avoir laissée partir te rejoindre en priant. Marie, mère des douleurs, merci de l’avoir accompagné à l’heure de la mort ». Sur ce, il rassemble les restes de Midori dans son manteau et les emporte avec lui. 

8 décembre 1945Ruines de Nagasaki

Deux semaines après la messe donnée pour les 8.000 chrétiens tués par la bombe, Takashi et son ami Yamada retrouvent les ruines de la cathédrale d’Urakami au milieu du no man’s land qu’est à présent Nagasaki. Ils déterrent la cloche, enfouie sous les décombres, et la hissent au sommet du clocher qui miraculeusement ne s’est pas effondré. Et à six heures du soir ce jour-là, l’Angélus résonne dans toute la ville pour raviver la foi qui a déjà survécu à trois siècles de persécution. Tandis que Yamada continue de faire sonner la cloche, Takashi observe les ruines et fait part à Dieu de son vœu. « Seigneur, tu as voulu que je vive, alors je vivrai. Je veux ramener à la vie cet endroit désolé. Je veux en faire une colline fleurie où l’on peut entendre des rires d’enfants et des chants ». Les radiations de son métier et celles propagées par la bombe atomique auront raison de lui. Il succombe à sa leucémie le 1er mai 1951 après avoir contribué sans relâche à faire revivre Nagasaki et l’espoir dans le cœur des chrétiens de la ville.  


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