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N’ayez pas peur de prendre votre croix !

SIMON

Renata Sedmakova / Shutterstock

Jean-Thomas de Beauregard, op - publié le 02/09/20

Quand Jésus appelle ceux qui le suivent à prendre leur croix, il ne les appelle pas à désirer la souffrance, mais à s’unir à lui en se donnant par amour.

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Jésus milite pour le retour des croisades ! Littéralement, Jésus invite tous les chrétiens à prendre la Croix : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 21-27). Ce verset a trouvé un singulier écho dans les cœurs des chevaliers du Moyen Âge ! Mais cette croisade-là, que Jésus prêche sans se lasser, n’est pas une expédition militaire. Il ne s’agit pas d’aller conquérir la Jérusalem terrestre pour libérer le tombeau du Christ mort. Il s’agit d’entrer dans la Jérusalem céleste pour nous unir au Christ ressuscité. Mais pour franchir le ravin qui sépare la terre du Ciel, pour franchir l’abîme du péché qui sépare notre cœur du cœur de Jésus, qui il n’y a qu’un seul passage : la Croix. Il n’y a qu’un seul pont entre la terre et le Ciel, c’est la Croix.

Un mariage mystique

Jésus nous appelle donc à nous croiser, à porter chacun nos petites croix à l’ombre de sa grande Croix à Lui. C’est une loi d’airain de la vie chrétienne : suivre le Christ, c’est accepter la Croix. Dans ces conditions, et même si désirer vraiment la Croix n’est pas donné à tout le monde et ne va pas toujours sans un subtil orgueil, vouloir éviter la Croix c’est fuir le Christ. Vouloir le Christ sans la Croix, c’est réclamer l’impossible.

Car Jésus a scellé ses noces avec l’humanité et avec l’Église sur le bois de la Croix. Et depuis lors, il y a entre Jésus et la Croix comme un mariage mystique. Ce mariage, par définition, est indissoluble : le divorce entre Jésus et la Croix est impossible.

Bien sûr, au Ciel, Jésus dans sa gloire n’est plus cloué à la Croix. Mais il en va des épousailles mystiques de Jésus et de la Croix comme d’un mariage entre un homme et une femme : de même que le lien de charité entre les époux perdure au Ciel tandis que le lien conjugal en tant que tel disparaît, de même les plaies glorieuses du Christ, signe de son amour, perdurent au Ciel alors que les clous qui unissaient Jésus à la Croix ont disparu. Oui, Jésus a épousé la Croix en même temps qu’il a épousé l’humanité et l’Église. Jésus a épousé la Croix par amour de l’humanité et par amour de l’Église. Qui pourrait donc séparer Jésus de la Croix ? Pierre a essayé, comme l’Évangile nous le rapporte. La réponse de Jésus est dépourvue d’ambiguïté : « Passe derrière moi Satan ! » Autrement dit, celui qui voudrait séparer Jésus de la Croix ferait œuvre diabolique. Avis aux amateurs…

De la croix du Christ à la croix du chrétien

Que Jésus se soit uni à la Croix, l’Évangile le proclame, la foi le professe, et c’est déjà un mystère étonnant. En approfondissant ce mystère dans la lumière de l’Esprit-Saint, nous comprenons que c’est l’offrande de toute une vie, donnée par amour, plus encore que la souffrance en elle-même, qui est le cœur de la Passion. Mais alors, si c’est l’offrande de toute une vie et l’amour qui donnent son prix à la Passion plutôt que la souffrance, pourquoi faut-il que nous autres chrétiens passions aussi par la Croix ? Et même à supposer que la souffrance ait une valeur, le sacrifice du Christ, vrai Dieu et vrai homme, n’était-il pas suffisant ? Autrement dit, la Croix du Christ, d’accord, mais la Croix du chrétien, pourquoi ?

C’est bien de consentir, qu’il s’agit, plus encore que de désirer. Désirer la souffrance, fût-ce par amour de Jésus, n’est pas toujours sans ambiguïté.

À cette question, il faut répondre d’abord que Jésus a voulu nous associer à son œuvre. À l’instar de Paul, nous sommes appelés à compléter en notre chair ce qui manque aux souffrances du Christ. De soi, rien ne manque aux souffrances du Christ, ce serait même un blasphème que de penser le contraire. Mais il y manque pourtant quelque chose, ou plutôt quelqu’un, il y manque… nous-mêmes ! Rien ne manque à la Croix, sinon que nous y soyons nous-aussi, parce que Dieu qui nous a créés sans nous ne veut pas nous sauver sans nous. Et puis, il faut aussi rappeler que le serviteur n’est pas plus grand que le maître, et que notre baptême nous invite à suivre l’Agneau partout où il va. Si Jésus-Christ notre maître est passé par la Croix, si l’Agneau a été immolé, alors il nous faut y consentir à notre tour.

Le mystère de la souffrance

C’est bien de consentir, qu’il s’agit, plus encore que de désirer. On l’a dit, désirer la souffrance, fût-ce par amour de Jésus, n’est pas toujours sans ambiguïté. Sans toujours être capable de désirer la Croix, il nous est demandé de l’accepter lorsqu’elle se présente, et de l’offrir par amour. C’est peut-être un des sens cachés du sang et de l’eau qui s’écoulent du côté du Christ en Croix. Le sang, c’est le sacrifice, c’est la Croix en tant qu’elle était voulue par Jésus. Mais l’évangéliste rapporte qu’en plus du sang, de l’eau s’est écoulée. Comme si le cœur de Jésus qui ne pouvait plus saigner voulait encore pleurer. À la suite de Jésus, s’unir à la Croix, c’est parfois pleurer autant que saigner, être triste autant que souffrir, consentir autant que désirer. Et ce n’est pas moins beau, et ce n’est pas moins la Croix. L’amour transfigure les larmes autant que le sang.


CROSS

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Encore une fois, il ne s’agit pas d’aimer la souffrance pour elle-même. La souffrance est un mal, toujours, et le mal ne saurait être désiré pour lui-même. Il ne s’agit pas de souffrir en tant que tel, il s’agit d’être uni au Christ. Si l’amour ne venait pas transfigurer la souffrance, elle resterait purement et simplement une œuvre du diable, une conséquence du péché. Mais l’amour vient tout changer.

Une source inépuisable d’amour

Et puis, au risque de choquer les adeptes d’un christianisme sans peine, qui flairent des relents de jansénisme dans toute prédication de la souffrance, le lien intime entre la souffrance et l’amour n’est ni arbitraire ni extrinsèque. Saint François de Sales, qu’on ne saurait soupçonner de jansénisme ni d’apologie masochiste de la souffrance, écrivait que si les bons anges étaient capables de jalousie, ils jalouseraient les hommes d’être capables de souffrir par amour. Il faut n’avoir jamais aimé ni jamais souffert pour ne pas saisir la profondeur du lien qui unit ces deux expériences humaines fondamentales. Léon Bloy, qui avait terriblement souffert sa vie durant, l’écrivait : « L’homme a des endroits de son pauvre cœur qui n’existent pas encore et où la douleur entre afin qu’ils soient. »


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Oui, il y a des régions du cœur de l’homme que seule l’expérience de la souffrance permet d’explorer, et ces régions-là contiennent des sources inépuisables d’amour. Nul n’est pressé d’explorer ces régions-là de son propre cœur, et c’est bien compréhensible. Mais lorsque la Croix se présente, il faut l’embrasser. Sans cela, le geste sublime que nous accomplissons dans la liturgie du Vendredi Saint n’est qu’une farce grotesque. En embrassant la Croix, sous forme liturgique ou dans la réalité de nos vies, il faut se rappeler ces mots de sainte Élisabeth de la Trinité : « Il n’est point de bois comme celui de la Croix pour allumer dans l’âme le feu de l’amour ! » À la suite de Jésus, étreignons la Croix ! Soyons les croisés dont notre époque à besoin ! Cette croisade-là ne fera qu’un mort : le péché. Mais elle nous ouvrira les portes de la vie éternelle !

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