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Visages de missionnaires (4/5) : Sœur Paul-Marie, dans les « barrios » pauvres de Cebu

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© Sœurs apostoliques de Saint-Jean

Sœur Paul-Marie, en mission à Cebu (Philippines), ici avec Jolliver.

Domitille Farret d'Astiès - publié le 04/09/20

Visages de missionnaires (4/5). "Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples", nous dit l’Évangile de Matthieu. Asie, Amérique, Afrique, Europe… Chaque continent est terre de mission. Durant le mois d’août, Aleteia vous propose de découvrir différents visages de missionnaires. Découvrez aujourd’hui sœur Paul-Marie, en mission dans les quartiers populaires de Cebu (Philippines).

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Depuis le prieuré, construit dans la montagne, on a vue sur tout Cebu. La route pour y monter est étroite et quand il pleut, l’eau dévale en torrents le long de la route. Beaucoup de poules, de chiens et de chats errants, des oiseaux aux couleurs attrayantes, quelques chèvres et des vaches, plus rares. Des maisons, la plupart en bambou, avec des toits de tôle ondulée. C’est ici que vit sœur Paul-Marie, sœur apostolique de Saint-Jean. Entrée il y a dix ans dans la congrégation, cette religieuse de 36 ans vit à Cebu, aux Philippines, depuis maintenant deux ans.

Autour du prieuré, différents quartiers bien distincts. « Plus on monte, plus ce sont des maisons pauvres », explique-t-elle. Au-dessus, le barrio Tugas, un quartier pauvre. Les habitants n’ont pas l’eau courante mais on y respire bien car il se trouve en pleine nature. Au milieu, des cocotiers, des bananiers, et une nature généreuse. Un peu plus loin, le Celestial Garden, un vaste parc ombragé où vont parfois paître les bêtes et jouer les enfants. En contrebas du prieuré, Gun club, un bidonville. Contrairement à Tugas, les maisons y sont en dur mais l’ambiance n’est pas du tout la même. On y respire moins bien. Dans les ruelles étroites, une voiture ne passerait pas. Le quartier est bruyant et le trafic de drogue très présent.

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© Sœurs apostoliques de Saint-Jean
Le quartier de Tugas.

Au loin, on entend un coq chanter. « À 5 heures du matin, ils commencent tous à crier », explique la religieuse. Les Philippins ont en effet une affection particulière pour cet animal. Ici, le sabong – combat de coqs – est un passe-temps des plus appréciés. « Les gens font leurs paris là-dessus, c’est même une source de pauvreté », explique-t-elle. Les familles vivent souvent dans des situations précaires. « Ils ont des difficultés à faire des économies car beaucoup n’ont pas d’emploi assuré », explique sœur Paul-Marie. « Ce sont de gens qui vivent beaucoup au jour le jour. Chaque matin, ils doivent voir s’il y a du travail », poursuit-elle. Et souvent, les payes sont bien maigres. « Si un enfant est malade, ils n’ont pas de quoi payer l’hôpital ». À ces problèmes s’ajoutent les jeux d’argent – jeux de cartes, combats de coqs –, l’alcool, les violences conjugales. « Malgré tout cela, ce qui frappe, c’est leur sourire et leur bonne humeur. Au milieu des difficultés, ils sont en vie. Quand ils cuisent des beignets pour les vendre, ils viennent nous en offrir. La vie est là ! ».

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© Sœurs apostoliques de Saint-Jean
Une ruelle de Gun club.

Dans cette région au climat tropical, à la chaleur parfois étouffante, « quand il pleut, il pleut beaucoup et d’un coup », s’exclame la sœur. « Ce sont de grosses pluies qui trempent. C’est le moment où les enfants se mettent sous les gouttières et en profitent pour aller se laver. Cela les rend complètement hystériques. Les adultes font des lessives. Il y a quelque chose de joyeux avec la pluie. Cela n’a rien à voir avec un crachin breton », s’amuse-t-elle.




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Dans le prieuré, les sœurs sont huit en ce moment. Elles se partagent les différents apostolats : catéchisme dans le bidonville, visite de l’hôpital psychiatrique, accompagnement des enfants… Responsable de la formation pour les plus jeunes sœurs, sœur Paul-Marie s’occupe également du catéchisme à Gun club. Chaque samedi, elle descend avec une autre sœur à la rencontre des enfants. Une fois là-bas, l’une s’occupe des plus jeunes tandis que l’autre reste avec les plus grands.

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© Sœurs apostoliques de Saint-Jean
Un coq dans le bidonville de Gun club. Ici, le sabong – combat de coqs – est un passe-temps très apprécié.

« Nous parlons de la prière, de questions de pureté. Ce sont des interrogations qu’ils portent dans leur cœur. Et certains ont besoin de parler de leur vie. Nous relions cela à la foi. Quel est le regard de Dieu sur leur vie, sur leur expérience ? », décrit la sœur. En plus, tous les deux mois, elles emmènent les enfants jouer au Celestial Garden. Succès assuré. « Ils sont contents de sortir de leur quartier », explique-t-elle.

C’est toute la famille que nous voulons faire grandir et accompagner, et dans toutes ses dimensions, qu’elles soient spirituelles et humaines.

Une autre mission dans laquelle s’impliquent toutes les sœurs s’adresse aux enfants et à leurs familles. Constatant que de nombreux enfants jouaient devant leur porte, les religieuses se sont aperçues qu’ils n’allaient pas à l’école car leurs familles n’avaient pas les moyens d’acheter les uniformes et le matériel scolaire. Elles ont donc créé Paglaum sa kinabuhi (PSK), ce qui signifie « espoir dans la vie » en cebuano, un programme pour accompagner les familles du barrio qui propose du tutorat et de l’aide pour le matériel scolaire aux enfants. Quatre fois par semaine, les 19 jeunes qu’elles accompagnent se retrouvent pour des jeux et un goûter suivis d’un temps de soutien scolaire en anglais et de mathématiques. En parallèle, des temps de formation sont régulièrement organisés pour leurs parents autour de thèmes comme la cuisine, le budget d’une maison, l’éducation.

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© Sœurs apostoliques de Saint-Jean
Le tutorat pour les plus jeunes.

L’objectif poursuivi est notamment de davantage impliquer les pères car, comme le note sœur Paul-Marie, ils sont souvent absents. « Notre but, c’est d’impliquer les hommes dans leur vie de famille, auprès de leurs femmes et de leurs enfants. C’est toute la famille que nous voulons faire grandir et accompagner, et dans toutes ses dimensions, qu’elles soient spirituelles et humaines ». En contrepartie de ce soutien, les parents s’occupent du ménage du centre toutes les semaines, construisent des tables pour les enfants, entretiennent le jardin, et les enfants sont chacun responsables d’une plante. « Nous travaillons ensemble main dans la main pour qu’ils soient partie prenante. Le but n’est pas qu’ils soient assistés mais d’avoir un temps de dialogue ensemble tous les mois, de voir ce qui va, ce qui ne va pas ».

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© Sœurs apostoliques de Saint-Jean
Les enfants du programme Paglaum sa kinabuhi (PSK) en costume pour le Sinulog.

Dans ce pays à 90% catholique, la foi sonne comme une évidence, elle est palpable. « Ils sont très religieux », note la sœur. Par exemple, il existe une très forte tradition de demande de bénédiction. « C’est très mignon », s’attendrit-elle. « Les enfants attrapent nos mains et les posent sur leurs fronts pour demander la bénédiction de Dieu ». La religiosité s’exprime également à travers les processions. Chaque année, pour la solennité du Santo Niño, en janvier, des centaines de bateaux chamarrés de rouge et de jaune entament une procession fluviale en l’honneur de l’Enfant-Jésus. De nombreux fidèles se rendent en pèlerinage à la basilique du Santo Niño et toute la ville est en fête. C’est à ce moment-là que se déroule le festival du Sinulog avec parades, danses, costumes fabuleux, plumes et paillettes… « Ici, les gens ne se soucient pas du lendemain », achève sœur Paul-Marie. « Ils sont dans la Providence de Dieu. Pour moi, c’est un appel à donner de mon temps et à être plus souple ».




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