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Au travail, l’art de contrôler ses émotions

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Pierre d’Elbée - publié le 13/09/20

Le monde du travail redécouvre l’univers des émotions. Bonnes ou mauvaises, celles-ci peuvent nous entraîner dans le meilleur et le pire. Quand elle rejoint le centre de gravité de la personne, l’émotion est souvent perspicace.

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L’histoire se passe en 1910. Sur le pont d’un cuirassé britannique, le commandant regarde le soleil se coucher à l’horizon. Il est sur le point de descendre dîner, quand la vigie lui annonce soudain : « Lumière, Commandant ! Droit devant à deux miles ! » Le commandant se tourne vers le timonier : — Est-ce stable ou en mouvement ? — Stable, Commandant. — Alors prenez contact avec le navire et dites : « Vous êtes sur une trajectoire de collision. Changez votre cap de vingt degrés. » Réponse de la source de lumière, quelques instants plus tard : « Je vous conseille de changer de cap de vingt degrés. » Le commandant se sent insulté. Non seulement son autorité est remise en question, mais en plus devant un jeune marin :

— Envoyez immédiatement ce message : « Nous sommes le HMS (Her Majesty’s Ship) Defiance, cuirassé de trente-cinq mille tonnes de la classe des Redoutables. Changez de cap à vingt degrés ! » — Magnifique ! répond l’interlocuteur. Je suis le matelot deuxième classe Seaman O’Reilly. Changez de cap immédiatement !

Au bord de l’apoplexie, le commandant hurle : « Nous sommes le vaisseau amiral de l’amiral Sir George Atkinson-Willes ! CHANGEZ VOTRE CAP DE VINGT DEGRÉS ! » Moment de silence. Nouveau message du matelot O’Reilly : « Nous sommes un phare, Sir… »

Cette jolie histoire sert d’introduction au livre de Susan David Emotional Agility (Penguin Books, 2017). Cofondatrice du Harvard / McLean Institute of Coaching, elle s’intéresse à la gestion des émotions dans la vie professionnelle. Depuis la parution de L’Intelligence émotionnelle de Daniel Goleman (J’ai lu, 2014), le monde du travail redécouvre en effet l’importance de l’émotion, son omniprésence dans les décisions, même les plus rationnelles, l’aveuglement qu’elle peut susciter — et c’est le cas dans notre histoire — autant que ses effets positifs.

Quand l’émotion domine l’information

Quelques remarques à ce sujet. Dans une décision à fort enjeu, l’émotion prend souvent le pas sur une information insuffisante. La colère du commandant prend sa source dans son ignorance de la situation. L’incertitude actuelle concernant la pandémie du Covid 19, son expansion, sa dangerosité, les décisions à prendre en cas de prolifération, l’efficacité du masque, tout ce que nous ignorons, donne libre cours à l’émotion : colère ou peur.


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Manifestement le matelot s’amuse, en osant calquer ses consignes sur celles qu’il reçoit du commandant. L’effet chez celui-ci est immédiat, sa colère éclate. Pour ceux qui utilisent leur « compétence émotionnelle » dans les entreprises, Goleman affirme non sans une pointe de cynisme : « L’argument financier est probant : les entreprises qui exploitent cet avantage accroissent leurs bénéfices. »

L’émotion est à la fois intime et observable

L’émotion se voit, et en même temps elle nous touche au fond de nous-mêmes. L’observateur de la colère grandissante du capitaine est le « jeune marin » qui transmet les consignes reçues. Le capitaine croit défendre son honneur devant lui. La conclusion le ridiculise. À moins d’être doté d’un humour solide ou d’une grande humilité, il est particulièrement difficile de pardonner à quelqu’un qui nous a vu vociférer sur un malentendu !

L’émotion est aussi intelligente

Notre histoire ne parle pas de l’émotion positive, elle caricature la colère du capitaine. Mais il faut garder en tête cette formule de Pascal qui réhabilite une autre émotion humaine : celle du cœur. « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. » Car l’émotion sensible peut rejoindre le centre de gravité de la personne, une zone tout en profondeur souvent bien plus perspicace que notre raison lucide.


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Tags:
colèreCovidvie professionnelle
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