Saint Denis est un peu le chouchou des Parisiens. Saint-patron, avec sainte Geneviève, de la capitale française, il a été le premier évêque de Paris au IIIème siècle. Il mourut en martyr, décapité par le glaive, sous les persécutions de Dèce (250) ou de Valérien (258). Selon la légende écrite à l’époque carolingienne, saint Denis aurait été décapité à Montmartre (mons Martyrum = mont des martyrs), avec deux de ses compagnons, Eleuthère et Rustique. Il aurait ensuite marché, portant sa tête sous le bras, de Montmartre jusqu’à saint Denis, où il s’écroula. A l’instar d’autres saints dits « céphalophores » (portant leur tête), sa représentation iconographique signifie l’indissociabilité entre la tête, c’est-à-dire le Christ, et le corps, c’est-à-dire l’Eglise. Plus prosaïquement, cela explique aussi pourquoi il est invoqué pour des maux de tête. Il aurait été enseveli à l’endroit où il est tombé, où s’élève aujourd’hui la basilique Saint-Denis.
Dès le Vème siècle, sainte Geneviève s’attache à développer son culte. Au XIème siècle, les rois capétiens en font le protecteur du royaume. L’oriflamme est confiée à sa garde et les Français l’invoquent avant de s’engager dans les batailles au cri de « Montjoie ! Saint-Denis ! ». Un ancien pèlerinage retrace l’itinéraire qui aurait été celui de ses derniers jours : le quartier saint Jacques – Montmartre – Saint Denis. 13 kilomètres, 2h45 de marche, 8 stations qui recèlent chacune une histoire et un lien avec le premier évêque de ces lieux.
Crypte de Notre-Dame-des-Champs14 bis, rue Pierre Nicole
A ne pas confondre avec l’actuelle église Notre-Dame-des-Champs située sur le boulevard Montparnasse. Cette crypte dite d’abord de Saint-Denis-sous-terre, puis Notre-Dame-des-Vignes, et enfin Notre-Dame-des-Champs, se situe sous un immeuble de la rue Pierre Nicole, dans le Vème arrondissement. Elle tire son nom de celui de l’église qui la surmontait depuis le haut Moyen Âge, érigée en plein champ, en dehors de l’enceinte délimitée par Philippe Auguste. C’est dans cette crypte, malheureusement toujours fermée au public, que saint Denis aurait enseigné aux premiers chrétiens de Lutèce le culte de la Vierge Marie.
Dirigez-vous ensuite plein Nord, par la rue saint Jacques, au 5 rue Cujas.
Eglise Saint-Étienne-des-Grès 5, rue Cujas
C’était l’une des plus anciennes églises de Paris, aujourd’hui détruite, dont la fondation est attribuée, selon une ancienne tradition, à saint Denis. A ce titre, elle aurait eu l’honneur d’exposer la crosse du premier évêque de Paris.
Eglise Saint-Benoît-le-Rétourné 46, rue Saint-Jacques
Eglise détruite en 1831 pour faire place au théâtre du Panthéon, puis rasée en 1854 pour permettre le percement de la rue des Écoles, saint-Benoît-le-Rétourné aurait également été fondée par saint Denis. Il y aurait prononcé une bénédiction en professant le dogme de la Sainte Trinité, avant de dédier le lieu au « Benoît Sire Dieu ». Le bâtiment qui se dresse aujourd’hui à cet endroit abrite le Rectorat de Paris et des départements de l’Université Sorbonne-Nouvelle.
Eglise Saint-Denis-du-Pas Square Jean-XXIII
Lieu de culte dédié à saint Denis détruit au début du XIXème siècle, cette église était située derrière le chevet de la cathédrale Notre-Dame, à l’emplacement actuel du square Jean-XXIII. Elle aurait été construite sur l’emplacement présumé du premier supplice de saint Denis.
Eglise Saint-Denis-de-la-Chartre Angle rue de la Cité/Quai de la Corse
Située à l’angle nord-ouest de l’Hôtel-Dieu, cette église construite au XIIème siècle était le siège des 14 paroisses de l’Ile de la Cité. Elle a été démolie en 1810. Son emplacement aurait été celui de la prison de saint Denis, dans laquelle il aurait reçu miraculeusement la communion. Une petite heure de marche vous attend pour traverser le deuxième puis le neuvième arrondissement, avant de grimper sur la butte de Montmartre.
Le Martyrium de saint Denis 11, rue Yvonne-Le-Tac
Au cœur de Montmartre, le “Martyrium”, construit en 1887, désigne la crypte bâtie sur l’emplacement où la tradition situe le martyre de Saint Denis. C’est également le lieu où Ignace de Loyola prononça le “vœu de Montmartre” le 15 août 1534 de se rendre en pèlerinage à Jérusalem tous les deux ans, premier acte d’un projet apostolique qui devait conduire ce groupe à vouloir fonder quelques années plus tard la Compagnie de Jésus. A gauche de la porte d’entrée a été apposée en 2015 par l’Association en charge du Martyrium cette plaque débutant par ces mots : “Visiteur, ici, dès le Vème siècle après JC, sainte Geneviève fit élever une chapelle dédiée à saint Denis, premier évêque de Paris, martyrisé au IIIème siècle avec saint Rustique et saint Eleuthère.”
Traversez ensuite le quartier de la Goutte d’Or pour rejoindre l’église, encore existante : saint Denys-de-la-Chapelle dans le 18ème.
Eglise Saint-Denys de la Chapelle16 rue de la Chapelle
L’église actuelle a été édifiée au XIIème siècle par Maurice de Sully, sur les fondations d’une chapelle fondée par sainte Geneviève en 475. Située à mi-chemin entre la Cité et le tombeau de saint Denis dont elle désirait développer le culte, la chapelle était une étape parfaite pour le pèlerinage. Dans cette première chapelle se trouvaient des reliques de saint Denis jusqu’à ce qu’en 636, selon une tradition peu solide, le roi Dagobert décide du transfert des reliques vers la basilique Saint-Denis. Il ne vous reste qu’à traverser le périphérique et entamer la dernière ligne droite jusqu’à la basilique, en longeant la Nationale 1 puis le stade de France. Un trajet beaucoup moins champêtre que ce qu’il n’était au Moyen-Age…
Basilique Saint-Denis1 rue de la Légion d'Honneur à Saint-Denis
Sainte Geneviève, après avoir visité le tombeau du martyr, aurait trouvé qu’il était indigne d’un personnage aussi glorieux. Elle obtient du clergé parisien d’acheter des terres autour du cimetière gallo-romain de Catolacus où serait tombé saint Denis, pour y faire édifier une chapelle entre 450 et 475. Chapelle qui ne cessa de s’agrandir et devint nécropole royale dès la mort du roi Dagobert en 639. Elle accueille jusqu’au XIXème siècle les sépultures de 43 rois et 32 reines.
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