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Saint-Ilan, l’histoire d’une colonie pénitentiaire inspirée par un idéal chrétien

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© Collection particulière

Fermiers et jeunes déshérités travaillent ensemble dans les champs au domaine de Saint-Ilan. En arrière plan, la chapelle de Saint-Ilan construite par Achille du Clésieux.

Caroline Becker - publié le 12/01/21

Au cœur de l’école d’Horticulture de Saint-Ilan (Bretagne), au sommet d’une colline, une grande chapelle néo-gothique abandonnée depuis les années 1960 demeure le précieux témoin d’une colonie agricole et pénitentiaire fondée par Achille du Clésieux en 1843. L’école, propriétaire de l'édifice, se bat aujourd’hui pour sauvegarder cet édifice, unique vestige d'une Oeuvre charitable dont la fondation fut inspirée par un idéal chrétien.

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Nous sommes en 1826. Achille du Clésieux, jeune poète de 20 ans, hérite du château de Saint-Ilan dans la petite commune de Langueux en Bretagne (Côtes d’Armor). Cet amoureux des mots, friand des milieux littéraires et grand ami de Lamartine et Chateaubriand, est très riche et vit des ressources que lui offre sa propriété. Mais ce jeune rentier, loin d’être avare, n’est pas attiré par l’argent. Profondément catholique et animé par un idéal chrétien, il n’a qu’un seul désir : aider ceux qui sont dans le besoin.

Choqué par la misère qui touche les populations agricoles de son époque — en raison de la naissance grandissante de l’industrie — il décide de mettre en place un vaste projet de rénovation de l’agriculture qui passe, notamment, par une réforme de l’éducation. Il y associe les propriétaires terriens, les fermiers et aussi et surtout — élément notable de son projet — la jeunesse déshéritée qu’il tente de réhabiliter à travers le travail de la terre.

Une colonie inspirée par un idéal chrétien

En 1843, l’Oeuvre de Saint-Ilan voit le jour. Cette école d’agriculture et de jardinage accueille, à ses débuts, une vingtaine de jeunes dans de modestes locaux de ferme sur le domaine de Saint-Ilan. Pour les encadrer, Achille du Clésieux engage, sur la base du volontariat, d’anciens militaires ayant fait vœu de célibat et désireux de se consacrer à des jeunes défavorisés. Le jeune poète crée ainsi la Congrégation des frères Laboureurs de Saint-Ilan, appelés ensuite les Frères Léonistes. Avant de lancer son Oeuvre, Achille du Clésieux s’était rendu en Italie et avait été reçu en audience par le pape Grégoire XVI à qui il avait fait part de ses projets charitables. Ce dernier lui avait alors confié une relique de saint Léon que le jeune Achille avait gardé précieusement dans la chapelle du château.

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© Collection particulière
Achille du Clésieux avait mis sa propriété à disposition pour créer la colonie agricole pénitentiaire.

Au fur et à mesure du temps, la colonie agricole s’agrandit et se professionnalise. Une école de contremaîtres est construite pour assurer l’encadrement des enfants qui apprennent le défrichement des terres et leur remise en culture. Les grands travaux se multiplient, les bâtiments émergent et l’administration pénitentiaire confie, peu à peu, de plus en plus de jeunes détenus à la colonie afin qu’ils apportent leur force de travail.


chapelle saint ilan

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Les jeunes délinquants, libérés de leurs barreaux, vivent quotidiennement avec les élèves et les contremaîtres de Saint-Ilan dans une heureuse ambiance familiale, et peuvent entrevoir, grâce à cette main tendue, un avenir meilleur. Achille du Clésieux, qui voit grand, poursuit son engagement et développe par la suite l’école des Patrons destinée à la formation agricole des fils de propriétaires terriens et de fermiers. Animé par un idéal chrétien, le jeune poète poursuit son oeuvre et créé une autre colonie agricole à Langonnet dans le Morbihan.

colonie saint ilan
© Collection particulière
La cour de la colonie pénitentiaire de Saint-Ilan.

Dix ans après sa création, en 1855, l’Oeuvre de Saint-Ilan est confiée aux pères du Saint-Esprit. Ils reprennent les rênes de la colonie pénitentiaire et créent un collège pour instituteurs et un séminaire. Mais en 1903, suite aux lois anti-congréganistes, tout s’écroule. Les Spiritains se voient retirer les jeunes détenus et leur droit d’enseigner. Cette date sonne officiellement la fin de la colonie pénitentiaire si chère à Clésieux. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, une école d’horticulture demeure, accompagnée en parallèle d’une école primaire et d’un séminaire de vocations tardives. Mais en 1975, les pères du Saint-Esprit quittent définitivement les lieux.

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© André Bouguen
La chapelle de Saint-Ilan, au cœur de l'école d'Horticulture, est l'ultime témoin de l'Oeuvre d'Achille du Clésieux.

Aujourd’hui, si le grand terrain de 20 hectares n’accueille plus de jeunes délinquants, il abrite toujours une grande école qui forme, chaque année, 400 jeunes aux métiers de l’horticulture, du paysage et du commerce. Attaché aux valeurs chrétiennes et fort de l’héritage de Achille du Clésieux, cet établissement d’enseignement catholique est sous tutelle du diocèse et sous contrat avec le Ministère de l’Agriculture. Comme unique témoignage de son passé, l’école a gardé la chapelle néo-gothique construite par Achille du Clésieux. Pour découvrir l’histoire de cette chapelle, découvrez notre article en cliquant ici.


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Tags:
BretagneChapelleÉducationPatrimoine
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