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À Pondichéry, « nos vies sont douloureusement bouleversées »

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Mayank Makhija / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Enterrement d'un défunt du Covid-19, Inde, 30 avril 2021.

Agnès Pinard Legry - publié le 14/05/21

Curé de la paroisse Notre-Dame des Anges de Pondichéry (Inde), le père Cyril Sandou témoigne des nombreuses difficultés rencontrées tandis que la pandémie de Covid-19 continue de faire rage en Inde. "L’épidémie bouleverse nos vies et affecte douloureusement la vie des paroisses", détaille le prêtre. Entretien.

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Avec plus de 250.000 décès officiellement liés au Covid-19 et plus de 21 millions de personnes contaminées, l’Inde, qui compte 1,3 milliard d’habitants, se trouve dans une situation sanitaire critique. Si la pandémie semble – relativement – s’atténuer dans les grandes villes, le virus sévit dans le vaste arrière-pays rural de l’Inde, où vivent les deux tiers de la population. À Pondichéry, dans le sud-est de l’Inde, le père Cyril Sandou, curé de la paroisse Notre-Dame des Anges, est sur tous les fronts. Entre les offices qu’il continue de célébrer à huis-clos, les visites à domicile à ses paroissiens, la distribution alimentaire et une permanence téléphonique, il est au chevet des plus démunis.

Aleteia : Comment la situation évolue-t-elle par rapport à la première vague, en mars 2020 ?
Père Cyril Sandou : L’Inde est frappée de plein fouet par la deuxième vague de la pandémie, beaucoup plus meurtrière que la première. Lors de la première vague, la ville de Pondichéry a été totalement confinée vers la fin mars 2020. Tout mouvement de personnes était interdit à partir de 14 heures. Les magasins de première nécessité fermaient également à 14 heures. Tous les lieux de culte étaient fermés et n’ont rouvert qu’en juin 2020, avec cependant l’interdiction d’assurer des services. Concernant la Paroisse, je me suis retrouvé isolé avec un personnel restreint. J’ai pu mettre à profit cette période pour réhabiliter les archives de la paroisse depuis sa fondation. J’ai élaboré un historique sur la présence des missionnaires français et européens depuis leur arrivée à Pondichéry.  Les églises n’ont repris leurs offices que vers la mi- octobre.

À l’heure actuelle, la situation sanitaire sur le territoire de Pondichéry s’est terriblement dégradée depuis le 22 avril. Les principales dispositions prises par le gouvernement local ont été notamment l’application d’un confinement complet. Ce confinement a été prolongé une première fois jusqu’au 3 mai en raison du nombre constant de nouveaux cas et en prévision du décompte des bulletins de vote et de la proclamation le 2 mai des résultats des élections législatives qui se sont déroulées le 6 avril. Le confinement a été reconduit jusqu’au 10 mai et une nouvelle fois depuis. Tous les lieux de cultes sont fermés. Seuls les magasins de première nécessité restent ouverts jusqu’à 21 heures. Un couvre-feu a été instauré de 22 heures à 5 heures du matin. Et l’épidémie continue sa croissance exponentielle !

Concrètement qu’est-ce que cela change dans votre quotidien ?
L’épidémie bouleverse nos vies, elle affecte douloureusement la vie des paroisses. Pour ce qui est des activités de l’Église, l’internat pour les garçons est fermé depuis fin mars. Les enfants sont pratiquement tous retournés dans leurs familles car les écoles ont fermé le 20 mars 2021. L’église Notre-Dame des Anges est fermée depuis le 26 Avril 2021. Nous organisons également des cours en ligne pour les élèves de 3eme et de Terminale de l’internat de Notre-Dame des Anges géré par la paroisse. En parallèle, face à la multiplication des cas de coronavirus, l’Église a dû se résoudre à interdire toutes célébrations publiques, remplacées par des services retransmis sur les réseaux sociaux et sur une chaîne locale. Nous ne pouvons plus célébrer que les funérailles, mais dans la plus stricte intimité. De même toutes les rencontres de catéchèse ou des groupes de prière sont annulées. Certains de nos paroissiens et les sœurs de Saint-Joseph de Cluny ont été également touchés par le coronavirus. Ils sont toujours à l’hôpital. Nous avons également perdu notre ancien archevêque, Mgr Antony Anandarayar, décédé du Covid-19.

Avez-vous mis en place de nouvelles actions à destination des plus pauvres et des plus isolés ?
Oui, afin de venir en aide aux plus démunis, nous distribuons des repas le soir. Si le confinement est prolongé, nous enverrons une aide financière aux paroisses les moins favorisées. Nous avions déjà mené ces actions lors du premier confinement. Ajoutons aussi qu’avec l’aide du Conseil Pastorale et du groupe de jeunes, nous avons pu donner de la nourriture à 30 personnes chaque soir, des sacs de riz à près de 40 familles avec un peu d’argent pour acheter des légumes. De nombreux paroissiens notamment du Conseil Pastoral aident financièrement la paroisse pour son entretien, le salaire du personnel et la prise en charge de la pension des garçons.

Notre paroisse assure une permanence téléphonique pour ceux qui souhaiteraient un soutien, une réponse, un échange. Quant à moi, en tant que curé de la paroisse, j’effectue des visites à domicile quand les paroissiens en font la demande soit pour distribuer la communion, pour des confessions ou pour administrer les derniers sacrements. Je profite de ce temps pour terminer les travaux que j’ai commencés l’an dernier à savoir la préparation d’un livre sur l’histoire de la Paroisse depuis sa construction en 1674.

Les paroisses ne peuvent compter que sur la générosité des paroissiens.

Il faut cependant souligner que les paroisses ont vécu et vivent toujours une période difficile. La plupart ont peu de ressources financières car les rentrées d’argent se raréfient. En effet, comme les églises sont fermées, elles ne perçoivent plus l’argent des quêtes et des messes. Elles ne peuvent compter que sur la générosité des paroissiens même si ces derniers sont durement touchés par la pandémie ou des aides extérieures.

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