La séquence est des plus émouvantes. Elle se passe en marge de la catéchèse que vient de prononcer le pape François dans la cour Saint-Damase, ce mercredi 26 mai. Alors qu’il prend le temps de saluer les nombreux fidèles venus l’écouter, il arrive à la hauteur d’une dame âgée. Ils échangent d’abord quelques mots quand, rapidement, la dame remonte la manche de son chemisier. Le pape se baisse alors pour embrasser son avant-bras.
Cette dame, qui a désormais plus de 80 ans, c’est Lidia Maksymowicz, déportée à Auschwitz-Birkenau alors qu’elle n’avait pas encore trois ans. Sur son bras : le matricule encore visible que les nazis lui avaient imprimé, comme on le fait pour du bétail.
Trois dans dans le “bloc des enfants”
Lidia Maksymowicz a passé trois ans de sa vie dans le “bloc des enfants” de ce camp où plus d’un million de personnes sont mortes. Durant ces années de terreur, elle sert de cobaye et subit diverses expériences médicales.
“De son emprisonnement, elle se souvient de la faim, des poux, de la terreur des enfants à l’arrivée des médecins”, résume un article de la communauté Sant’Egidio.
Je suis l’un des rares survivants.
Dans un autre témoignage, elle raconte comment sa mère, alors âgée de 22 ans, a fait l’impossible pour lui rapporter un morceau d’oignon et du pain. “Je suis l’un des rares survivants. Plus de 200 000 enfants y sont morts”, confie-t-elle. Des années plus tard, elle retrouvera sa mère, qu’elle pensait morte.
La rescapée, qui vit à Cracovie, est actuellement en Italie pour la présentation du documentaire qui raconte sa vie et porte le titre du numéro qui lui a été tatoué : “70072, la fille qui ne savait pas haïr”.
Une récente visite du pape à une rescapée de la Shoah
En février dernier, le pape François avait rendu une visite impromptue à Edith Bruck, survivante de la Shoah, chez elle à Rome. L’entretien avec la romancière juive d’origine hongroise avait été l’occasion pour elle de témoigner de l’expérience de l’enfer des camps de concentration. Elle avait ensuite évoqué avec le Souverain pontife “les craintes et les espoirs pour l’époque” actuelle et le rôle de la mémoire.
En juillet 2016, à l’occasion des JMJ organisées en Pologne, le pape François s’était longuement recueilli dans le camp d’Auschwitz sans y prononcer de discours. Le soir, il s’était interrogé devant les jeunes : “Combien de cruauté ! Mais, est-il possible que nous, les hommes, créés à la ressemblance de Dieu, nous soyons capables de faire ces choses ?”. Et d’affirmer ensuite : “La cruauté n’a pas pris fin à Auschwitz”.