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Édifiée sur l’ancienne chapelle des ducs de Bourbon, l’église Saint-Blaise de Vichy ne serait probablement pas sortie du lot s’il n’avait fallu l’agrandir dans l’entre-deux guerres à la faveur de l’afflux de curistes dans la ville thermale. Depuis l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels de 1925, c’est l’Art Déco qui a la côte : las du foisonnement de courbes caractérisant l’Art nouveau, le monde des arts plébiscite le retour aux formes géométriques et à un certain classicisme, paré des matériaux et des couleurs de la modernité.
Un flamboiement de couleurs
Absorbant l’ancienne, la nouvelle église construite entre 1925 et 1931 adopte résolument ce style nouveau pour sa décoration intérieure : ce qui frappe de prime abord, c’est la profusion de couleurs vives. Celles des colonnes, revêtues de stucs peints en lapis-lazuli et flanquées de chapiteaux dorés à la feuille d’or. Ensuite celle des vitraux aux lignes simplifiées et au graphisme hardi qui revisitent les mystères du Rosaire ou exaltent d’illustres saints.
Enfin, celle des mosaïques qui s’en donnent à cœur joie, sur la coupole, la voûte du chœur, les ambons, la chapelle et la cuve des fonts baptismaux… Scènes bibliques, dons du Saint-Esprit, épisodes de l’histoire de France : tout un catéchisme flamboyant susceptible de séduire un public avide de modernité.
Tradition et modernité
Modernité qui transparaît aussi dans le choix des matériaux : l’onyx (autel, ambons, balustrade…), le marbre et l’acier (chancel). Ou dans l’originalité de certains partis-pris (incrustation de marqueterie sur les stalles d’acajou, chemin de croix réalisé en vitrail). « C’est à l’audace et au désir de modernité des décorateurs — les frères Mauméjean — que l’on doit le caractère si novateur de cet édifice », commente Sylvie Wahl, pilier de la Shave (Société d’histoire et d’archéologie de Vichy et des environs).
Les amateurs d’Art déco apprécieront encore ici l’utilisation du fer gaufré, là le design d’une lampe… Ceux qui y sont insensibles préfèreront sans doute honorer l’antique Vierge noire du lieu, si chère aux Vichyssois, lors de la traditionnelle procession du 15 août.
