Le réalisateur de La Vie est belle a livré un témoignage très touchant lors d’une cérémonie de remise d’un prix spécial décerné par la ville italienne de Viareggio (Toscane), le 28 août dernier. Alors qu’on lui demandait si l’humour tendre employé dans son chef-d’œuvre pour raconter le drame de la Shoah pouvait s’appliquer aux drames d’aujourd’hui, il a répondu que le temps jouait un rôle important qu’on ne pouvait pas négliger.
Il a souligné l’importance du travail de mémoire qui avait été effectué à l’issue de l’Holocauste et que l’actualité ne permettait pas. “J’ai raconté la Shoah avec ironie parce qu’il s’agissait d’une fiction médiatisée par l’art, tandis que les images provenant d’Afghanistan sont la réalité tragique qui ne peut pas encore être traitée avec ironie”.
Nous vivons dans un monde de réfugiés.
Roberto Benigni a décrit les images de la fuite de Kaboul rapportées par les médias comme “insupportables”. “On ne peut avoir recours à l’ironie, parce que c’’est trop présent, cela a besoin de temps”, a-t-il souligné.
L’Italien a ensuite cité l’écrivaine juive Edith Bruck qui a survécu aux camps de concentration : “Nous vivons dans un monde de réfugiés”. Et a commenté, se référant aux images qui ont fait le tour du monde sur toutes les télévisions ces derniers jours : “Edith a raison et mon cœur est un réfugié de voir les mères qui jettent leurs enfants par-dessus les barbelés. Ce sont tous les visages du Christ et nous ne pouvons qu’aider ces personnes. Il n’y a rien d’autre à faire.”