« Jésus nous demande à tous d’être des disciples missionnaires », affirme le pape François dans son message du mois d’octobre diffusé par le Réseau mondial de Prière du Pape. Tout baptisé est appelé à la mission. Que faut-il entendre par mission ? Il ne s’agit pas de prosélytisme mais d’une rencontre avec son prochain, basée sur « le témoignage d’hommes et de femmes qui disent : “Je connais Jésus, je voudrais te le faire connaître” ». Un témoignage de vie qui suscite l’admiration. « Cette admiration pousse les autres à se demander : “Comment est-ce possible ?”, “D’où lui vient le don de traiter les autres avec amour, bonté, affabilité ?” », explique le pape François.
Première « marque de fabrique » du disciple missionnaire : la compassion, « ce “sacramental” de la proximité de Dieu avec nous qui n’abandonne personne au bord du chemin », précise le Pape dans son message pour la Journée mondiale des Missions 2021. La compassion est comme « la lentille du cœur », soulignait-il déjà à l’occasion d’une homélie à sainte Marthe en septembre 2019. « Elle te fait voir les réalités comme elles sont », au lieu de tourner la tête ou de tomber dans l’indifférence. Le pape invitait alors à se demander :
« Habituellement, est-ce que je regarde de l’autre côté ? Ou bien est-ce que je laisse l’Esprit-Saint me porter sur le chemin de la compassion, qui est une vertu de Dieu ? »
En famille, avec mes amis, au travail, est-ce que je fais preuve de compassion avec le plus faible, avec celui qui souffre, avec celui qui est rejeté ? Ou bien est-ce que j’abandonne quelqu’un au bord du chemin ?
La compassion n’est pas « un sentiment de peine » que l’on éprouve par exemple quand on voit mourir un chien sur la route, explique encore le Pape. Mais c’est « s’impliquer dans les problèmes des autres », comme le Christ. La compassion « n’est pas un vague sentiment, mais signifie prendre soin de l’autre jusqu’à en payer le prix soi-même. Cela signifie se compromettre en accomplissant tous les pas nécessaires pour se rapprocher de l’autre jusqu’à se mettre à sa place ». En outre, on ne choisit pas son prochain ! La compassion doit pouvoir s’exercer auprès de tout le monde, sans « classer les gens » entre « qui est le prochain et qui ne l’est pas ». Tout le monde peut devenir le prochain de tout le monde : « On peut devenir le prochain de tous ceux que l’on rencontre ; et on le devient par la compassion que l’on éprouve envers eux », soulignait le Pape en 2016 lors d’une audience générale.
Est-ce que je m’implique dans les problèmes de mon prochain ? Est-ce que je sais me mettre à sa place ?
Est-ce que je choisis le prochain envers qui je vais avoir de la compassion ? Ou bien suis-je suffisamment ouvert aux autres pour me laisser toucher ?
« Vous pouvez connaître toute la Bible, toutes les rubriques liturgiques, toute la théologie, mais connaître n’est pas aimer : aimer c’est autre chose, cela demande de l’intelligence mais aussi un petit quelque chose en plus », continue le Saint Père. Avoir de la compassion, c’est « être ému jusqu’au fond du cœur, jusqu’aux tripes ».
Est-ce que je me laisse émouvoir jusqu’aux tripes ? Est-ce que je sais aimer ?
Dieu le premier est pris de compassion à l’égard de chacun de nous : « Dieu ne nous ignore pas, il connait nos peines et sait quand nous avons besoin d’aide et de consolation », rappelle le Pape. « Il nous caresse et nous guérit et, même si on Le repousse, Il reste à nos côtés et attend », assure-t-il, avant d’inviter à une introspection :
« Posons-nous la question et laissons répondre notre cœur : Est-ce que je crois que le Seigneur a de la compassion pour moi ? Tel que je suis, pécheur, avec tant de problèmes et tant de choses lourdes à porter ? »