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Les Français boudent la conception d’enfants sans filiation

femme enceinte

© Blue Planet Studio - shutterstock

Olivia Sarton - publié le 09/11/21

Directrice scientifique de Juriste pour l’enfance, Olivia Sarton réagit à la laborieuse campagne de l’Agence de biomédecine tentant de recruter des donneurs de gamètes.


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Depuis plusieurs jours, il est difficile d’échapper à la nouvelle campagne de publicité lancée par l’Agence de la biomédecine (ABM) et réalisée par l’agence de communication TBWA pour recruter des donneurs de gamètes — et surtout de spermatozoïdes — nécessaires pour les parcours de PMA à venir. Les moyens engagés sont importants : spots publicitaires sur des chaînes de télévision et radio nationales ainsi qu’au cinéma, campagne web avec des comptes Instagram dédiés, insertion presse dans de nombreux médias papier et en ligne, brochures distribuées dans les cabinets médicaux de professionnels libéraux, etc.

300 donneurs sur 10 millions

Les pouvoirs publics ont décrété l’urgence au nom des engagements pris à l’égard des femmes. Depuis l’adoption de la loi de bioéthique en juin dernier, toutes ont accès sans condition à la PMA avec tiers donneur, ce qui représente plusieurs milliers de demandes par an, mais… il n’y a eu que 317 donneurs de sperme en 2019 soit 18% de moins qu’en 2018, où il n’y en avait eu que 386 (source ABM). Pourtant, lors des débats précédant la loi de bioéthique adoptée le 29 juin 2021, les députés ont assuré que l’ouverture de la PMA sans condition à toutes était plébiscitée par une très large majorité des Français. Des sondages de commande s’étaient évertués eux aussi à répéter que tous les Français ou presque étaient favorables à la PMA avec tiers donneur. Et l’Agence de la biomédecine dans sa campagne de presse soutient que 80% de nos concitoyens se disent favorables au don de gamètes et que plus d’une personne sur deux en âge de donner se dit prête à faire un don.

S’il n’y a environ que 300 hommes sur 10 millions pour donner leurs gamètes, c’est qu’en réalité l’immense majorité des Français n’est pas favorable dans la pratique à la conception d’enfants délibérément privés de leur filiation biologique et désormais, d’un père.

Voyons donc un peu : une personne sur deux en âge de donner se dit prête à faire un don. Il y a, en France, environ 10 millions d’hommes en âge de donner (source Insee), c’est-à-dire âgés de 18 à 45 ans. Plus de la moitié prête à faire un don, signifierait que plus de 5 millions d’hommes sont enthousiastes pour donner leurs gamètes. On ne comprend pas bien alors comment il peut y avoir à peine plus de 300 donneurs… D’où vient le hiatus ? 

Rejet de la conception d’enfants sans père

Regardons les choses en face : la campagne de publicité de l’Agence de la biomédecine est trompeuse. S’il n’y a environ que 300 hommes sur 10 millions pour donner leurs gamètes, c’est qu’en réalité l’immense majorité des Français n’est pas favorable dans la pratique à la conception d’enfants délibérément privés de leur filiation biologique et désormais, d’un père. Une fois au pied du mur, cela ne paraît pas si formidable de participer à la conception d’un enfant auquel on va interdire le droit de reconnaître sa filiation biologique, le droit de s’inscrire dans sa lignée et d’y voir sa place reconnue, ou encore le droit d’avoir un père auprès de soi.

Ce ne seront ni les parlementaires faiseurs de loi, ni les salariés de l’Agence de la biomédecine, ni ceux de l’agence de communication TBWA qui verront un jour un enfant les « attendre devant leur bureau, les appeler papa », comme en a témoigné récemment un donneur dans le quotidien La Croix (20/10/2021), et refuser de les considérer comme de simples fournisseurs de sperme. Car la réalité, c’est celle-là. Régulièrement les journaux relaient la quête de personnes issues d’un don de gamètes qui recherchent des informations sur leurs origines, mais pas seulement. Elles veulent aussi établir des liens avec ceux qu’elles considèrent comme des demi-frères et sœurs, et avec leur parent biologique. Certaines demandent à être reconnues par le donneur et à voir établi un lien de filiation avec lui. En France, la loi l’interdit. Mais dans quelques années, sous la pression de la Cour européenne des droits de l’homme saisie par des requérants malheureux, que pèsera cette règle ? Puisque c’est possible dans certains pays (Libelle.nl, 7/10/21), comment garantir que la loi française pourra faire figure d’exception ? 

Une réalité masquée

Quand l’Agence de la biomédecine axe sa campagne sur l’objectif de « rassurer les donneurs sur les motivations de ces enfants nés d’une AMP avec don de gamètesavec le slogan « Je suis né grâce à un don de spermatozoïdes/d’ovocytes. Aujourd’hui, je ne cherche pas un parent ; mais des réponses », elle masque bien imprudemment la réalité.

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