Rome, an 96. Le temps est agréable en cette matinée de printemps. Pourtant, le troisième successeur de saint Pierre fait grise mine. Clément à reçu des nouvelles de Corinthe, et celles-ci ne sont pas meilleures que les précédentes. Depuis quelque temps, les chrétiens de Corinthe sont en proie à la division. Tous ont reconnu le Christ. Mais les origines juives des uns et païennes des autres sèment la discorde. De nombreux presbytres, chefs des communautés, se sont vu chasser de leurs fonctions à la suite d’une révolte.
Un mauvais pressentiment hante l’esprit du pape. L’Église de Corinthe pourrait subir une rupture irréparable. Or, il est de son devoir d’unir les chrétiens du monde sous la bannière de Jésus.
Clément se doit de ramener la sagesse dans le chaos. Sans attendre, il va écrire à la communauté. Il commence sa lettre en saluant dignement ses frères de foi. Puis, il remarque l’importance de l’unité, qui doit être force et pilier de l’Eglise. Mais les reproches ne tardent pas à suivre. Les presbytres chassés par les corinthiens possèdent des vertus indéniables. Honte aux agitateurs qui s’en sont pris à eux ! N’ont-ils pas conscience de ce qu’ils ont fait ?
– Cela a fait naître un schisme qui en a perverti beaucoup et en a jeté beaucoup dans le découragement, beaucoup dans le doute, et la révolte continue.
Sans parler du fait que cette division donne aux païens de quoi blasphémer de plus belle. Ce n’est pas que Corinthe mais toute l’Eglise qui est affectée. Où est l’unité que le Christ est venu établir ? Clément ponctue sa lettre d’exemple de la Bible pour parler aux chrétiens d’origine juive. Pour ceux de culture hellénique, il puise dans la mythologie et la philosophie païenne. Que la culture ne soit point un obstacles mais un support !
Héritier de saint Paul
Humblement, Clément continue sa lettre. Les Corinthiens ne sont pas les seuls fautifs. Tous les chrétiens du monde sont pécheurs et doivent se reprendre lorsqu’ils s’égarent. Mais comme le Christ est miséricordieux, il pardonne tout en toutes circonstances.
– Aussi, soumettons-nous à sa magnifique et glorieuse volonté, faisons-nous suppliants, lui demandant à genoux sa pitié et sa bonté. Recourant à ses miséricordes, abandonnons les vaines préoccupations et la jalousie qui mènent à la mort.
Charité, humilité, unité… Ce sont les qualités que Dieu demande à ses enfants. Lorsque les envoyés de Clément lisent la lettre, l’assemblée n’en perd pas une miette. Saint Paul s’est adressé à eux de la même manière il y a quelques décennies. Les mots de Clément saisissent les cœurs de tous ceux qui les entendent.
– Qu’il demeure donc entier ce corps que nous formons en Jésus-Christ ! Que chacun respecte en son prochain le charisme qu’il a reçu.
Le pape conclut sa lettre par une prière pour l’Église de Dieu. Dès cet instant, les chrétiens se repentent, et l’Église de Corinthe est de nouveau unie.