À peine élu maire de Bordeaux en 2020, Pierre Hurmic (EELV) annulait l’installation d’un grand sapin de Noël dans sa cité. Argumentation inédite : « Nous ne mettrons pas des arbres morts sur les places de la ville, notamment sur la place Pey-Berland […]. Ce n’est pas notre conception de la végétalisation ». Et l’élu d’annoncer dans la foulée l’adoption d’une « charte des droits de l’arbre. » Il fustigeait la tradition annuelle de « l’arbre mort », sans considération pour les bancs municipaux, pourtant faits du même bois, ni pour les deux pauvres plantes exotiques qui encadraient sa conférence de presse, certes bien vivantes, mais exilées loin de leurs écosystèmes naturels et retenues captives dans leurs pots.
Banni de la fête bordelaise, le sapin 2020, dix-neuf mètres de haut, avait trouvé preneur dans la commune corrézienne de Malemort. Son maire, Laurent Darthou, l’avait récupéré en signe de soutien à la filière bois locale. Il a décidé, cette année, d’acheter un nouveau grand sapin, financé par les indemnités des élus. Après démontage, l’arbre, précise le maire, sera, comme son prédécesseur, transformé… en bancs publics !
Et voilà qu’en 2021, le maire de Bordeaux — vertement critiqué pour son abandon d’une tradition vivante — récidive en annonçant l’érection devant sa mairie d’une sculpture de onze mètres de haut. Cette fois désignée « sapin de Noël » par l’édile, elle est constituée d’un enchevêtrement de plaques de verre montés sur une armature métallique. Le tout, assure-t-il, est recyclé, recyclable et produit localement, coûtera moins cher que le grand sapin traditionnel, et sera réutilisé pendant cinq ans. Son concepteur, le designer Arnaud Lapierre, a fait ses preuves à Saint-Pétersbourg où fut érigé l’an dernier son superbe « Cône », un sapin de la même facture.