Réjouissez-vous ! L’article que vous allez lire est entièrement gratuit. Pour qu’il le demeure et soit accessible au plus grand nombre, soutenez Aleteia !
*avec réduction fiscale
Pierre Rabhi a rendu l’âme le 4 décembre 2021. Sa disparition à l’âge de 83 ans a touché tous ceux qui ont aimé sa personne, son discours constant, à contre-courant du consumérisme effréné que synthétise sa promotion de la « sobriété heureuse ». Né en Algérie, adopté par un couple contraint à rejoindre l’Hexagone à la décolonisation, puis implanté en Ardèche, il est devenu un paysan-philosophe, figure — certains disent prophète — d’une écologie qui implique un changement de vie personnelle. Dans sa chronique pour France culture au surlendemain de son décès, titrée « Pierre Rabhi est mort et cela coupe la France en deux », le journaliste Guillaume Erner souligne « un phénomène absolument étonnant » : au contraire de Bernard Tapie, le défunt n’a pas bénéficié du traditionnel « délai de décence » qu’on respecte après un trépas. Alors qu’il est mis en cause pour son « conservatisme sociétal », c’est sa proximité avec l’anthroposophie qui peut alerter les chrétiens.
Homophobe et misogyne ?
La pluie de bémols est venue de l’écologie politique. Le désintérêt affiché par Pierre Rabhi pour les controverses clivantes, les affrontements partisans et les grand-messes vertes ne suffisent pas à expliquer les réticences de certains leaders verts à en faire leur sage. Pierre Rabhi a commis deux « crimes », qui lui ont valu, depuis un bon moment, d’être méticuleusement déboulonné par ceux qui l’avaient adulé : l’homme serait homophobe et misogyne. Les deux mêmes citations sont brandies à répétition, preuves irréfutables : en marge du débat sur le mariage des personnes de même sexe, le fondateur des Colibris a osé avouer en 2013 qu’il « considère comme dangereuse pour l’avenir de l’humanité la validation de la famille “homosexuelle”, alors que par définition cette relation est inféconde ». Voilà pour l’homophobie.
Pierre Rabhi s’est aussi permis de donner son avis sur l’égalité des genres, en 2018 : « Il ne faudrait pas exalter l’égalité. Je plaide plutôt pour une complémentarité : que la femme soit la femme, et que l’homme soit l’homme, et que l’amour les réunissent. » Voilà pour la misogynie. Deux propos parfaitement clairs, aussi logiques qu’écologiques, au sens de l’écologie humaine et intégrale, qui n’exclut l’humanité ni de la nature, ni de ses lois. Assertions blasphématoires toutefois, au sens des dogmes de la déconstruction pour lesquels dire qu’une femme est une femme, c’est l’essentialiser, comme constater que la procréation est sexuée. Prétendre, comme le fit, également en 2013, l’ancien Premier ministre Lionel Jospin que « l’humanité est structurée entre hommes et femmes », et « pas en fonction des préférences sexuelles » est désormais suspect. Pourquoi pas interdit ?
L’imposture démographique
Du côté vert ou rose de l’échiquier politique, le concert des réactions a donc fait l’effet d’une cacophonie presque cocasse. Yannick Jadot candidat à l’élection présidentielle issu de la primaire EELV, n’a pas terni son tweet d’hommage : « L’un des grands précurseurs de l’agroécologie s’éteint. Toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches. »