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Spiritualité
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La Sainte Vierge nous attend pour nous conduire auprès de Lui

Vierge Marie

Domaine public

La Vierge de l'Annonciation d'Antonello da Messina, vers 1475.

Jean-François Thomas, sj - publié le 17/12/21

En ce temps de l’Avent, Marie n’attend pas seulement la naissance de son fils qui grandit dans son sein, elle nous attend dans son silence pour nous conduire auprès de Lui.

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Le compte à rebours des calendriers de l’Avent — le plus souvent sans aucune mention religieuse — risque bien de nous propulser vers Noël, uniquement préoccupés par des préparations matérielles certes légitimes, mais en tout cas très insuffisantes et pas prioritaires. Chrétiens, nous sommes impatients de célébrer le Sauveur et nous aimerions bien brûler les étapes. Il nous faut alors nous mettre à l’école de la Très Sainte Vierge car si une attente fut rude, ce fut bien la sienne durant ces neuf mois où Elle fut le tabernacle du Fils de Dieu.

Neuf mois est une longue période, comme le sait chaque mère. Encore plus si l’enfant espéré vient directement de Dieu, s’il fait irruption à l’opposé de toutes les lois naturelles. Certes, au jour de l’Annonciation, la Vierge a signé son acte d’abandon et acquiescé au mystère insondable que Dieu lui avait réservé, mais cette renonciation à soi ne pouvait pas disperser toutes les questions et toute l’inquiétude humaine. Ce n’est que dans la contemplation constante que la Sainte Vierge put embrasser encore davantage la mission et la vocation reçues directement de Dieu, tandis qu’en son sein, en ses entrailles, se formait l’Enfant-Dieu comme n’importe quel enfant des hommes.

Les Sept Douleurs

Pour ce faire, Marie fut seule. Non point abandonnée, mais nécessairement solitaire pour faire face à l’Incarnation, pour en comprendre les conséquences, pour en deviner les effets. Souvent, Elle est représentée par les peintres plongée dans la méditation des Saintes Écritures car, avant même la visite de l’Archange, Elle pressentait que l’exigence de Dieu à son égard lui demanderait des réserves de sagesse, de patience et d’humilité. Ce qu’Elle porte durant cette grossesse est aussi la grâce dont Elle aura besoin pour affronter la Passion de son Fils à laquelle Elle participera aussi intimement qu’Elle avait donné sa chair et son sang à son Enfant. L’Avent, pour la Sainte Vierge, est le temps de la contemplation de ce qui va suivre. Lorsqu’Elle rend visite à sa vieille cousine Élisabeth, enceinte de Jean, pour prendre soin d’elle jusqu’à sa délivrance, Elle sait déjà ce à quoi son Fils est promis. Sa joie, à la Nativité, sera assombrie par les souffrances à venir, et elles ne tarderont pas. En se préparant à l’enfantement qui allait bouleverser la face du monde, la Vierge devenait dans le même temps Notre Dame des Sept Douleurs. Parlant du chemin de Croix et de la Crucifixion, Péguy met ces mots dans la bouche de Madame Gervaise : 

« C’est l’habitude, c’est la loi, c’est la règle.
Que les fils rapportent quelque chose à leurs parents.
Que les enfants.
En grandissant.
Apportent quelque chose à leurs parents.
En vieillissant.
Lui voilà ce qu’il avait rapporté à ses père et mère.
Voilà ce qu’il avait apporté à sa mère.
Ce qu’il lui avait mis dans la main.
Voilà comment il l’avait récompensée.
Il lui avait apporté.
Il lui avait mis dans la main
Les Sept Douleurs.
Il lui avait apporté.
Il lui avait mis dans la main
D’être la Reine.
D’être la Mère.
Il lui avait apporté
D’être
Notre Dame des Sept Douleurs. »

(Le Mystère de la charité de Jeanne d’Arc)

Elle ne cesse d’écouter

Nul ne peut imaginer à quelle profondeur, à quelle hauteur s’abaissa et s’éleva la prière mariale en ces mois de grossesse car Elle abritait en Elle un Enfant qui était tout un monde, en vérité qui était le nouveau monde et la nouvelle Création. Rumination et macération des paroles divines furent ses compagnes de chaque instant, tandis qu’Elle continuait à vaquer aux tâches ordinaires, qu’Elle écoutait ses voisines plus ou moins commères, qu’Elle accompagnait sa cousine vers son terme lui aussi miraculeux mais moins surnaturel. Il fallait qu’Elle ait l’esprit à la fois tourné vers la vie courante et tout entier habité par la présence divine inscrite dans sa chair. Elle n’a cessé de contempler et voilà pourquoi Elle ne s’arrête pas d’écouter, non seulement la Voix de Dieu, mais toute voix suppliante qui s’élève vers Elle. Elle est celle que Paul Claudel implore dans la chapelle du château de l’église de Brangues, au sein de la chaleur de l’été : 

« Ah ! je n’aurai jamais assez de temps pour les choses que j’ai à Vous dire !
Mais elle, les yeux baissés, avec un visage sérieux et tendre,
Regarde les paroles sur ma bouche, comme quelqu’un qui écoute et qui se prépare à comprendre. »

(Poésies diverses, La Vierge qui écoute

Dans le silence

Non seulement Marie nous écoute, mais Elle enfouit dans son cœur tout ce que nous lui confions. Par sa contemplation, Elle nous allège et Elle purifie ce qui nous trouble et nous égare. Elle parle peu et ses rares paroles sont rapportées dans les Évangiles avec parcimonie, car Elle sait que les mots sont un don de Dieu galvaudé et appauvris de leur sens lorsqu’ils sont employés à tort et à travers. Il faut être méfiant lorsque, soudain, Elle deviendrait bavarde dans des révélations privées. Ces paroles ne proviennent peut-être pas de Dieu. La Sainte Vierge est silence, essentiellement silence, car le bruit vain et sot des paroles mal utilisées finit par couvrir tous les autres échos du cœur et empêche ainsi de se rapprocher de Dieu. 

Vierge Marie
La Vierge de l’Annonciation d’Antonello da Messina, vers 1475.

Mettons bout à bout les paroles divines de la Révélation : elles sont bien peu nombreuses par rapport à la somme des mots produits par l’homme et consignés, seulement en partie, dans ses bibliothèques. La contemplation de la Très Sainte Vierge est vraiment à l’image fidèle du Cœur de Dieu. Elle s’est tue au-dehors, Elle s’est tue au-dedans et Elle a laissé Dieu travailler, au même rythme que le Fils se façonnait dans son ventre. Comment, durant le tissage mystérieux de cet Enfant, aurait-Elle pu s’étourdir de bruit et de vaines paroles, Elle qui, de toute façon, n’avait bien sûr jamais cédé à ce penchant !

L’attente de notre conversion

Georges Bernanos, dans une de ses lettres à Jacques Maritain, évoque son dégoût pour les « petites âmes femelles » qui ne recherchent pas Dieu pour être remodelées par la grâce mais pour pleurer sur son épaule en s’apitoyant de leur sort. Il ajoute :

« Évidemment on peut toujours emprunter un vocabulaire, en remettre même, et, pour peu qu’on ait le cœur tendre et les sens ingénus, jouer inconsciemment de l’équivoque de certains mots, ou de certaines larmes. Mais on ne passe pas si aisément du lyrisme à la contemplation, ni même de la dévotion à la sainteté (pas plus du talent au génie). Je pense (je ne voudrais penser qu’à elles, j’écris pour elles), je pense à ces fortes âmes tenues loin de Dieu par les passions, que pourraient seulement forcer le spectacle de la sainteté, son sublime, son sacrifice, son arrachement surhumain. »

(Correspondance 1904-1934, 14 février 1926) 

Point de lyrisme et de superficielle dévotion chez la Mère de Dieu : uniquement contemplation et sainteté. Voilà pourquoi Elle attire à Elle tant d’âmes égarées, pécheresses qui reconnaissent une lumière qui ne faiblit pas. L’attente de la Nativité est aussi pour Elle l’attente de la conversion, de la nouvelle naissance de tant d’êtres perdus dans les ténèbres. Elle pressent combien ce Fils prêt à entrer dans le monde va répondre à la détresse et Elle est déjà dans son rôle de médiatrice et de puissante intercession. Elle ne prépare pas que les langes durant ces mois, mais Elle entend les cris des hommes et Elle engrange leurs supplications afin de tout remettre à son Enfant.

Une Femme continue de veiller

Notre vision et notre approche de Noël, en compagnie de notre Mère, devraient gagner en profondeur. Nous ne sommes pas appelés à être condamnés à ramper comme des vers. Nous sommes capables de nous dresser sur nos jambes pour regarder le ciel et pour y percevoir les premières lueurs du nouveau jour. La Sainte Vierge nous attend et Elle nous conduira en silence pour adorer son Fils qui est notre Seigneur, notre Maître, notre Ami. Au milieu de la joie de Noël, une Femme continue de veiller sur le Fils de Dieu et sur tous ses autres enfants que nous sommes.

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