Marouette Potez (1957 – 2021) n’a pas écouté d’une oreille distraite l’appel du pape Jean Paul II à bâtir la maison du Seigneur. Sa famille la guide dans la foi, et elle participe aux réflexions au sommet des Scouts de France. En 1971, le mouvement des Scouts unitaires de France (SUF) forme une nouvelle branche, dans le but de maintenir l’unité des équipes de 8 à 11 ans et de 12 à 17 ans. Les frères de Marouette rejoignent les premiers éclaireurs SUF, mais tout reste à construire pour la branche féminine. Impatiente de rejoindre l’aventure, Marouette demande à sa mère de prononcer sa promesse. « Pourquoi pas ? », répond le commissaire général des SUF. Sa maman, surnommée Mère Louve, accompagnera ainsi la première équipe libre de guides du Havre.
La promesse d’une bâtisseuse
« Il y a 50 ans [le 14 août 1971], à 2.000 mètres d’altitude, dans une toute petite chapelle, au cœur des alpages, j’ai promis de faire de mon mieux. « Faire de mon mieux », ce n’est pas rien. C’était une vraie profession de Foi car ça m’engageait complètement. Et en même temps, je n’ai pas promis d’être parfaite et de tout bien faire. »
Cette promesse de ses 14 ans a été une balise pour sa vie. Avec son mari Henri Leclerc, Marouette a élevé six enfants, s’est engagée dans le catéchisme, la préparation au baptême, a ouvert la voie de pèlerinages, en particulier pour les femmes. Elle a accompagné une foule de personnes de son regard bleu, doux et volontaire, avec une générosité et une tendresse sans limite. Marouette a écouté sans répit ces « cabossés de la vie », comme elle aimait les nommer, rencontrés sur les chemins du Finistère, ou dans sa Bla-bla Car sur les routes de Normandie. Ne reculant devant aucun obstacle, elle en emmenés plus d’un à Lourdes, pour qu’il puise à la source. Son si cher frère, le père François Potez, témoigne de son sourire généreux, « pour que le monde puisse sentir la caresse de Dieu », de cette vie à servir, et démultiplier l’amour du Christ.
Depuis le groupe scout du Havre, Marouette et Henri Leclerc ont essaimé à Brest puis à Quimperlé. Des cinq ou six jeannettes et deux routiers du début, ils sont des centaines aujourd’hui à suivre l’exemple de cette femme rayonnante et rarement raisonnable. A l’heure où la jeunesse est envahie de messages anxiogènes, Marouette transmet sa joie de l’action, du concret et de l’engagement.
« La Vie est là devant toi et elle est belle, trop belle pour la laisser filer ! Crois-moi, ça passe vite une Vie alors vas-y, fonce ! Il ne sert à rien d’avoir des centaines d’amis virtuels sur Insta, FB ou autres Snapchat et de rêvasser des heures à ce que sera demain… Sors de chez toi, va chercher une amie, une vraie amie, bien réelle et enthousiaste. Tu y crois car plus est en toi, et ce que tu veux, tu le peux ! Avec la grâce de Dieu. »
Un message à toutes ses chères sœurs guides
Marouette s’est battue contre la maladie, et nous a quittés le 6 septembre 2021, laissant paraître sur son visage un éclat de la lumière du Christ. Nombreuses sont les personnes venues lui rendre hommage au Havre et à Quimperlé ; chacune a partagé un bout de route avec elle. Elle a suscité un élan si contagieux, qu’à ses côtés on ne pouvait rester frileux !
« Seigneur fais-moi quitter l’existence, joyeuse et pleine d’abandon comme une guide après les vacances s’en retourne à la maison ». Ce dernier couplet du chant Notre-Dame des Éclaireurs que nous avons tellement aimé chanter autour du feu prend tout son sens pour moi aujourd’hui. Je sais que Dieu, dans sa grande miséricorde, a dressé sa tente et la mienne pour toute l’éternité. Un sacré camp qui m’attend et qui ne finit pas ! De Là-Haut, je continuerai à veiller sur toi ! Compte sur moi, si Chère Sœur Guide ! Va de l’avant, toujours plus haut ! »
