Symbole incontournable de Prague, le pont Charles, du nom de son commanditaire, le roi Charles IV, construit au XIVe siècle, est devenu une attraction touristique à lui tout seul. Tout le long, musiciens et artistes interpellent quotidiennement les touristes pour leur offrir quelques minutes de spectacle. Mais les plus observateurs seront sans doute attirés par un autre élément bien plus curieux du pont Charles : ses trente statues qui courent tout le long des rampes et qui représentent des saints de l’Église catholique. Des saints qui sont, pour la plupart, des figures célèbres de l’histoire chrétienne comme saints Côme et Damien, saint Jean de Mata, saint Augustin, saint François d’Assise, saint Antoine de Padoue, saint Cyril et Méthode ou encore sainte Anne, sainte Barbe et sainte Marguerite pour n’en citer que quelqu’uns.
Installés aux XVIIe et XVIIIe siècles sur le modèle du pont Saint-Ange à Rome, certaines de ces statues sont aujourd’hui conservées au musée national de Prague afin de les préserver et ont été remplacées par des copies. L’une d’entre elles attire davantage l’attention. Il s’agit de la plus ancienne représentant saint Jean Népocumène auréolée d’une couronne de cinq étoiles. Installée à la demande des jésuites qui promulguèrent son culte pour concurrencer celui porté par Jan Hus, prêcheur populaire brûlé pour ses idées réformatrices, cette statue rend hommage au prêtre Jean Népocumène, catholique martyr exécuté par le roi Venceslas IV en raison de sa fidélité au secret de la confession.
La Tradition raconte que Jean était le confesseur de la reine Sophie de Bavière. Soupçonnant son épouse d’adultère, Venceslas IV avait ordonné à Jean Népocumène de lui rapporter tout ce que pouvait dire son épouse durant la confession. Refusant de trahir un tel serment, Jean entra en conflit avec le roi qui l’exécute en le jetant dans la Vltava depuis le pont Charles en 1393. La Tradition rapporte qu’à l’endroit où la rivière rendit le corps du saint, une couronne à cinq étoiles apparue miraculeusement. Aujourd’hui, une croix, surmontée d’une petite plaque gravée du saint, rappelle le lieu précis où aurait été jeté Jean Népocumène. Certains passants, au fil de leur traversée sur le pont, n’hésitent pas à poser leur main dessus pour demander l’intercession du saint.