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La parabole du film Don’t Look Up

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Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio dans "Don't Look Up".

Pascal Ide - publié le 29/01/22

Le père Pascal Ide, médecin, théologien et… critique de cinéma a vu "Don’t Look Up : Déni cosmique", le film phénomène d’Adam McKay diffusé sur Netflix. Cette parodie grinçante de la société américaine manque de finesse selon lui, notamment dans son allusion à la crise climatique, mais contient une parabole très pertinente : la relation du monde avec le Ciel.

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Don’t Look Up : Déni cosmique est un drame américain de science-fiction écrit et réalisé par Adam McKay, diffusé sur Netflix. Ce film au casting étincelant (Leonardo DiCaprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Cate Blanchett, Timothée Chalamet), à la réussite époustouflante (360 millions d’heures de streaming en 28 journées d’exploitation) et à l’actualité prenante, manque de finesse, mais son intérêt réside dans une parabole à peine voilée. Alors qu’une comète va ravager la Terre, le mot d’ordre est : Don’t look up ! « Ne regarde pas en haut. »

Catastrophe et dérision

Quelle est l’histoire ? Travaillant avec les données du télescope Subaru, la doctorante de l’université du Michigan Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) découvre une comète issue du nuage de Oort passant dans l’orbite de Jupiter et dont la trajectoire la dirige directement vers la Terre. Elle avertit le professeur Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et, avec ses étudiants, ils calculent que cette comète, baptisée Dibiasky, a une dimension de 5 à 10 kilomètres, qu’elle tombera dans le Pacifique au large des côtes chiliennes dans les six mois et qu’elle tuera tous les habitants de la Terre. Après avoir averti le Dr Clayton « Teddy » Oglethorpe (Rob Morgan), qui est le directeur du Bureau de coordination de la défense planétaire, ainsi que la NASA, ils doivent rejoindre Washington pour exposer les faits à la présidente des États-Unis Janie Orlean (Meryl Streep) et à son chef de cabinet, qui n’est autre que son fils, Jason (Jonah Hill). Après avoir attendu toute une journée, ils sont enfin accueillis le lendemain. Mais, après leur explication et la proposition d’un plan pour dévier la trajectoire de la comète avec des charges nucléaires, Janie, uniquement préoccupée par son avenir politique, leur répond : Sit tight and assess (« On patiente et on avise »).

Mindy et Dibiasky décident alors de s’adresser à un grand quotidien new-yorkais pour révéler la catastrophe imminente au grand public. Ils sont invités dans l’émission de télévision The Daily Rip, dont les présentateurs sont Brie Evantee (Cate Blanchett) et Jack Bremmer (Tyler Perry), qui reçoivent aussi la vedette Riley Bina (Ariana Grande), dont la rupture avec son petit ami Dj Chello (Kid Cudi) enflamme les réseaux sociaux. Derniers invités, les deux scientifiques exposent les faits. Pour toute réponse, les présentateurs se moquent d’eux et Evantee séduit discrètement Mindy. Kate furieuse hurle face caméra que tout le monde va mourir. Malheureusement, sa sortie est tournée en dérision sur les réseaux sociaux. Quelqu’un prendra-t-il au sérieux l’apocalypse à venir ?

Le symbole du Ciel

Le film manque de finesse d’abord dans son apologue — la comète qui va complètement ravager la Terre est l’allégorie de l’actuelle crise climatique —, mais aussi dans sa pertinence (les deux événements ne sont comparables ni dans leur cause, involontaire d’un côté et responsable de l’autre, ni dans leur effet, absolument nécessaire d’un côté et partiellement contingente de l’autre) et sa caricature (les méchants surjouent à la coréenne, de la mimique jusqu’à la motivation : est-il, par exemple, vraisemblable que, si narcissique soit-elle, une mère oublie un fils qui est son chef de cabinet ?).

La population mondiale meurt de se soumettre à un interdit qui est d’une telle importance qu’il fait le titre du film : « Ne regarde pas en haut ».

Il demeure que l’analogie pourrait être élargie et appliquée à d’autres catastrophes pas si éloignées, et alors nous concerner de plus près (au hasard : l’attitude des politiques et des médias mainstream dans la crise sanitaire). Mais le plus intéressant, voire le plus piquant, qui n’est sans doute pas intentionnel, réside, me semble-t-il, dans une autre parabole. La population mondiale meurt de se soumettre à un interdit qui est d’une telle importance qu’il fait le titre du film : « Ne regarde pas en haut ». Or, le ciel a toujours été le symbole du Ciel, jusque dans les deux actes les plus centraux de la foi chrétienne : l’oraison dominicale (« Notre Père qui es aux cieux ») et la profession de foi (« Il descendit du Ciel »). Et nous voyons à la toute fin du film les principaux protagonistes réunis transgresser cette règle (Don’t Look Up), en priant ensemble, main dans la main, juste avant que le deep impact ne rase et n’abrase toute vie humaine sur Terre. Et ce geste est d’autant plus riche de sens et d’espérance que, juste avant leur rassemblement, Randall Mindy s’est enfin arraché à toute compromission avec la Présidente narcissique et s’est réconcilié avec la vérité. Quant à Kate Dibiasky, elle s’est enfin déprise de son individualisme égotiste et est enfin éprise de son amoureux transi.

Jamais peut-être comme aujourd’hui, l’Esprit saint n’a multiplié les signes de la présence du Père et n’a offert de moyens pour en prendre connaissance… pour peu que, comme au baptême de Jésus, nous acceptions de détourner notre regard de ce seul monde, et plus encore de son ombilication, pour le retourner vers les hauteurs « d’où me viendra le secours » (Ps 121,1).

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