Aleteia logoAleteia logoAleteia
Vendredi 19 avril |
Aleteia logo
Tribunes
separateurCreated with Sketch.

Veolia-Suez : la naissance d’un champion mondial

000_CJ3S5.jpg

ERIC PIERMONT / AFP

Xavier Fontanet - publié le 30/01/22

Le succès de l’OPA de Véolia sur le groupe Suez consacre le leadership mondial de la France sur le traitement de l’eau et des déchets. Pour le professeur de stratégie Xavier Fontanet, ce succès est aussi celui de l’ingénieux système des concessions publiques à des acteurs privés.

Réjouissez-vous ! L’article que vous allez lire est entièrement gratuit. Pour qu’il le demeure et soit accessible au plus grand nombre, soutenez Aleteia !

Je fais un don*

*avec réduction fiscale

Le groupe Veolia est devenu ce mardi 18 janvier propriétaire de Suez, devenant ainsi le numéro un mondial du traitement de l’eau. Avoir engendré un authentique leader alors qu’on ne représente que 4% du PIB mondial mérite d’être noté à l’heure où on dénigre un peu facilement les entreprises ! Pourquoi une telle réussite dans ce domaine ? Il y a probablement deux raisons.

Le goût des métiers compliqués

La première est que ce type de métier sied aux talents français. Les Français aiment les métiers compliqués intégrant des savoir-faire dont les technologies ne sont pas encore stabilisées : la construction de ponts, la recherche pétrolière, les assurances… Le traitement de l’eau et des déchets entre typiquement dans ces catégories. Ils sont en revanche loin d’exceller dans les métiers qui demandent de la précision et de la discipline dans l’exécution, là précisément où les talents allemands et les Japonais donnent leur mesure : la mécanique de haute précision, la machine-outil, les grosses automobiles pour ne donner que trois exemples. 

Voilà encore un beau projet pour l’Europe d’avoir des grands concessionnaires dans quelques services publics bien choisis et ce, sur une base plus large que celle du pays.

La seconde raison tient à l’origine même du métier… C’est la décision d’un acteur public, la ville de Lyon qui, il y a 150 ans, a concédé à un acteur privé, la CGE, une activité qu’il réalisait lui-même, la gestion de l’eau, en mettant au point un contrat de concession. Forte de cette expérience, la CGE a relevé le challenge, puis persuadé d’autres villes de faire de même en devenant au fil des ans le groupe Veolia.

Le succès des concessions

Les Français, (Véolia n’étant pas seul sur le marché, il y a eu Suez), ont réussi à gérer l’eau d’autres villes à l’étranger et à acquérir le leadership mondial. En étant confrontés à de très nombreuses situations, ils ont développé un authentique métier qui est devenu leur force et leur raison d’être. Saluons Veolia mais aussi l’invention du système de concession dans lequel l’État sous-traite une activité tout en gardant le contrôle, invention géniale à mettre à l’actif de notre sphère publique. D’autres expériences de concession ont été réalisées depuis, comme la gestion des autoroutes. Un autre exemple dont on parle peu mais tout aussi exemplaire est la société EGIS, issue des services d’étude du ministère de l’Équipement, par décision d’Albin Chalandon, sous Pompidou, qui, par le même mécanisme est en train de devenir le leader mondial de ce domaine d’expertise, preuve, au passage, de l’excellence de nos ingénieurs des Ponts et Chaussées.

En cette période où l’on réfléchit aux moyens de baisser les coûts et d’améliorer l’efficience de notre sphère publique, on pourrait faire de même avec la télévision, la météo, certains domaines de santé, de l’éducation… En fait, quand on y réfléchit bien la majorité des activités non régaliennes s’y prêterait. Voilà encore un beau projet pour l’Europe d’avoir des grands concessionnaires dans quelques services publics bien choisis et ce, sur une base plus large que celle du pays. Souhaitons bon vent à Veolia, porte-drapeau du génie français mais aussi preuve que le système de concession peut jouer un rôle important dans des domaines essentiels de la sphère publique. L’énergie du privé et la vision du public peuvent se conforter et amener une formidable productivité. C’est aussi une belle illustration de l’idée, qu’en s’effaçant, on peut parfois produire… plus grand que soi ! 

Tags:
EconomieEntreprise
Soutenez l’aventure missionnaire qu’est Aleteia !

Vous n’avez jamais fait un don à Aleteia ?  De grâce, faites-le, maintenant.
Aleteia se doit d’être gratuit : les missionnaires ne font pas payer l’évangélisation qu’ils apportent. Grâce à cette gratuité, chaque mois 10 à 20 millions d’hommes et de femmes - majoritairement des jeunes -, visitent la cathédrale virtuelle qu’est Aleteia. Mais vous le savez, si l’entrée de nos églises n’est pas payante, c’est parce que les fidèles y donnent à la quête.

Vous aimez Aleteia ? Vous voulez être de l’aventure missionnaire qu’est Aleteia ?

Alors, sans attendre, aujourd’hui même, donnez !

*avec déduction fiscale
FR_Donation_banner.gif
Top 10
Afficher La Suite
Newsletter
Recevez Aleteia chaque jour. Abonnez-vous gratuitement