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L’horreur n’existe pas seulement dans les films

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Greg Burke - publié le 16/02/22

Les religieuses catholiques sont souvent les héroïnes de tragédies bien réelles qui se déroulent sous nos yeux et dont trop peu de gens ont conscience

Je parlais récemment de la traite des êtres humains avec un ami bien informé et grand voyageur. Je lui évoquais mon action avec l’ONG Arise, au contact de jeunes femmes (et parfois d’hommes) contraints à l’esclavage sexuel, un trafic aux chiffres colossaux tant en termes de personnes touchées que de profit dégagé. « Je pensais que ce n’était que dans les films », m’a rétorqué mon ami, faisant référence au terrifiant Taken dans lequel Liam Neeson incarne un ancien agent de la CIA, père d’une jeune femme qui se fait enlever à Paris par un réseau mafieux spécialisé dans la traite des femmes.

La fin de la prostitution et de l’esclavage ne surviendra que lorsque les gens ordinaires prendront la mesure de ce qui se passe, souvent tout près de chez eux.

Malheureusement, le trafic des êtres humains n’est pas seulement l’objet de grands films d’action. C’est un phénomène ô combien réel et répandu dans le monde entier. Mon ami n’était pas vraiment au fait de cette terrible réalité, ce qui ne me surprend pas même si c’est assez malheureux. Car la fin de la prostitution et de l’esclavage ne surviendra que lorsque les gens ordinaires prendront la mesure de ce qui se passe, souvent tout près de chez eux. Peu de personnes ont conscience de l’étendue de l’esclavage moderne, et moins encore connaissent l’implication des religieuses catholiques – plus que tout autre groupe – dans la lutte contre ce phénomène. Comme c’est souvent le cas des religieuses, elles sont ici en première ligne.

Sainte Joséphine Bakhita, patronne des victimes de l’esclavage et du trafic humain, fait partie de ceux qui ont subi ces horreurs dans leur chair. Bakhita était une femme d’origine soudanaise, enlevée à l’âge de sept ans à la fin du XIXesiècle et réduite à l’esclavage. Elle sera finalement emmenée en Europe puis libérée. Convertie au christianisme elle est devenue religieuse canossienne. Elle a été béatifiée en 1992 par le pape Jean Paul II puis canonisée en l’an 2000. La souffrance qu’elle a enduré en tant qu’esclave est inimaginable. L’un de ses maîtres l’avait scarifié à 114 reprises, et elle a porté ces cicatrices jusqu’à la fin de sa vie.

De l’école maternelle à la prostitution

La triste réalité est que l’esclavage n’a pas disparu, et des histoires aussi terribles que celle de Joséphine Bakhita surviennent encore partout dans le monde. Le pape François a exhorté les chrétiens à invoquer cette sainte afin que cesse ce qu’il considère comme un véritable fléau. Car c’est bel et bien un fléau, un trafic généralisé qui vient détruire la dignité de millions de personnes. Le profil des victimes va des petits enfants travaillant dans des fours à brique au Pakistan, à des domestiques d’origine philippine qui ne sont pas autorisées à quitter leur lieu de travail dans les états du Golfe, en passant par des jeunes femmes originaires d’Afrique ou d’Europe de l’Est contraintes à la prostitution dans les rues de Rome, de Paris ou de Madrid. Elles pourraient aussi être employées dans des salons de manucure à Chicago, New York ou Miami.

Comme la plupart des actions humanitaires menées par l’Église à travers le monde. Or elle est essentielle et change souvent des vies.

J’ai entendu parler pour la première fois d’esclavage moderne lorsque je vivais à Rome. J’ai eu la chance d’y être pour la béatification de sainte Bakhita. Par l’intermédiaire de la fondation Arise, j’ai pu constater tout ce que faisaient les religieuses dans ce domaine. Fondée en 2015, Arise est une petite ONG qui joue dans la cour des grands. Elle vient en aide à ceux qui agissent en première ligne, notamment les réseaux de religieuses, à lutter contre les causes qui sont à la racine de l’esclavage de nos jours : l’extrême pauvreté et le chômage. Alors que de nombreuses sœurs montent des structures visant à recueillir des victimes de trafic sexuel après les avoir secourues, l’action de la fondation Arise se concentre sur la prévention. La sensibilisation n’en est qu’une facette. Éducation, apprentissage d’un métier et création d’emplois sont d’autres clés essentielles.

Comme la plupart des actions humanitaires menées par l’Église à travers le monde, l’œuvre des sœurs ne fait pas les gros titres. Or elle est essentielle et change souvent des vies. Rien n’est plus transformateur que la liberté, et les religieuses catholiques œuvrent mieux que quiconque – souvent plus discrètement, plus efficacement et avec moins de moyens – à l’abolition de l’esclavage moderne.

Un incroyable réseau à travers le monde

Les religieuses catholiques constituent un incroyable réseau. Elles proviennent d’ordres différents et ont des missions diverses, mais si on les additionne toutes elles représentent la plus grande organisation au monde et sont actives aux quatre coins du globe. Les cas que je connais le mieux sont ceux où la fondation Arise est la plus active : en Inde, aux Philippines, au Nigeria et en Albanie, des pays où les trafiquants profitent du désespoir engendré par la pauvreté de tant de personnes.

Elles ont besoin de notre soutien et de nos prières.

L’exemple de sœur Jessy Maria, une sœur de Béthanie installée dans le Jharkhand, un état de l’est de l’Inde, a de quoi rendre fier n’importe quel catholique. Âgée de 50 ans, elle a passé les trente dernières années à tenter d’améliorer la vie des personnes y vivant dans les endroits les plus reculés. Œuvrant dans des lieux où la majorité de la population est illettrée et vit sous le seuil de pauvreté, l’équipe de Sœur Jessy a mis un sérieux coup de frein aux immondes velléités des trafiquants, qui viennent dans les villages en se faisant passer pour des recruteurs proposant des offres d’emploi dans les grandes villes les plus proches. Or ces « emplois » ne sont en réalité rien d’autre que des portes d’entrée vers différentes formes d’exploitation et d’esclavage. Ces dernières années, les sœurs ont parcouru les villages pour informer les habitants à l’aide de bannières et de pièces de théâtre de rue. Et cela fonctionne. Les sœurs sont implantées dans les communautés dans lesquelles elles vivent. Elles sont proches des gens, qui en retour leur font confiance. Rares sont les ONG à pouvoir dire cela.

Ces sœurs n’iraient jamais crier sur les toits tout ce qu’elles font sur le front de l’esclavage, à Los Angeles, à Londres, à Lagos ou ailleurs. Elles ne recherchent pas les louanges pour leurs actions héroïques dont la plupart passeront inaperçues. Mais elles ont besoin de notre soutien et de nos prières.

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Tags:
bakhitaesclavageReligieux
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