Dernière ligne droite du procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray qui a coûté la vie au père Jacques Hamel il y a six ans, le 26 juillet 2016. Des peines de sept à quatorze ans de prison ont été requises ce lundi 7 mars par les avocates générales à l’encontre des trois accusés présents dans le box. Dans le détail, sept ans de prison ont été requis à l’encontre de Yassine Sebaihia (27 ans), vu comme “l’apprenti djihadiste, pas assez mûr pour passer à l’action lui-même, mais en adhésion totale”.
L’accusation a ensuite requis neuf ans d’emprisonnement “avec une peine de sûreté des deux tiers” pour Farid Khelil, 36 ans, cousin d’Abdel-Malik Petitjean. “Il a été lui-même engagé idéologiquement et il porte une responsabilité accablante dans le parcours djihadiste de son cousin qu’il a galvanisé”, a estimé l’une des avocates générales, Saliha Hand-Ouali. Décrit comme “manipulateur” et “affabulateur”, l’accusation estime qu’il a bien formé le projet de “rallier la zone irako-syrienne” avec son cousin et Jean-Philippe Jean Louis, un autre accusé, qu’il a accueilli Abdel-Malik Petitjean (l’un des deux terroristes abattus par la police lors de l’attentat, ndlr) chez lui quelques semaines avant l’attentat “dans un contexte de partage de convictions idéologiques” et qu’au vu de ses messages sur Telegram évoquant un passage à l’acte violent, “il y a de quoi, sans l’ombre d’un doute, caractériser la dangerosité de l’intéressé”.
Le quatrième accusé présumé mort en Irak
La peine la plus lourde a été réclamée à l’encontre de Jean-Philippe Jean Louis, le plus jeune des accusés (25 ans), pour avoir été le “porte-voix de l’idéologie mortifère” de l’État islamique (EI) sur la messagerie cryptée Telegram, avoir été un “facilitateur de départs vers la Syrie” et avoir lui-même tenté de s’y rendre en compagnie d’Abdel-Malik Petitjean, l’un des assassins du père Hamel.
Les deux avocates générales ont par ailleurs demandé “la peine maximale”, soit la réclusion à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans, à l’encontre du quatrième accusé, Rachid Kassim, propagandiste de l’État islamique et “instigateur incontestable de cet attentat”. Grand absent de ce procès, il est présumé mort en Irak en 2017.
C’est cette justice qui permettra d’avancer sur le chemin de la vérité.
Le verdict du procès de l’attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, qui s’est ouvert le 14 février, est attendu mercredi 9 mars dans la matinée. En amont du procès l’archevêque de Rouen Mgr Dominique Lebrun, qui s’est constitué partie civile, avait rappelé que le pardon était bien évidemment “l’horizon de l’Église” mais qu’il nécessitait “de passer par les méandres de la justice.” Et d’ajouter : “C’est cette justice qui permettra d’avancer sur le chemin de la vérité. […] Puisse la vraie lumière éclairer les juges et les accusés, c’est la prière qui va m’accompagner tout au long de ces semaines de procès”.