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Cinéma : « L’homme de Dieu » ou la figure éblouissante de Nectaire d’Égine

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Aris Servetalis dans le rôle de Néctaire d'Egine dans "L'homme de Dieu" de Yelena Popovic (2022)

Louise Alméras - publié le 09/03/22

Plus gros succès de l’année 2021 en Grèce, notamment auprès des jeunes, "L’homme de Dieu" raconte la vie de Nectaire d'Égine (1846-1920), l’une des plus grandes figures de la spiritualité orthodoxe. En salles les 10, 13 et 14 mars.

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Nectaire d’Égine qui répéta tout au long de sa vie « Seigneur, aie pitié de moi pécheur » a, à la fin du XIXe siècle, donné un nouveau souffle au monachisme et à la théologie orthodoxes. Archevêque, théologien et thaumaturge, il a travaillé sans relâche pour se revêtir du Christ et être présent auprès de ceux qui lui étaient confiés. Il est l’une des figures les plus aimées dans le monde orthodoxe. Particulièrement en Grèce, son pays d’origine, où le film a été le plus vu de l’année 2021. 

Depuis L’Île (2008) du réalisateur russe Pavel Lounguine, les cinéphiles chrétiens attendaient avec impatience un nouveau film à la hauteur de celui-ci autour de la spiritualité orthodoxe. Car la particularité de celle-ci est sans commune mesure : elle est taillée dans le cœur de la foi chrétienne et tranchante comme le feu de l’Esprit Saint pour purifier l’âme. L’homme de Dieu répond à ce besoin de l’homme moderne de nourrir son âme à la source grâce à l’exemple édifiant de saint Nectaire d’Égine. C’est un film inspiré et inspirant, de l’image aux dialogues, avec un casting international.

Quand l’âme slave rencontre un saint orthodoxe

Qui mieux qu’une réalisatrice serbe, animée par son âme slave, pouvait mettre en images la vie de saint Nektarios? Yelena Popovic s’y est appliquée depuis sa lecture en 2012 d’un livre sur le saint. Ses origines comptent dans le sens où l’image diffère de ce que l’on voit habituellement dans le cinéma contemporain. Les plans sont eux-mêmes animés de profondeur et oscillent entre plans académiques et plans inspirés, grâce auxquels le contenu de l’image dit quelque chose en lui-même. 

Comme le veut la figure sereine du saint, et du comédien grecque Aris Servetalis qui l’incarne, le film est à la fois lent et ardent, il se consume au rythme de cette âme énergique et abandonnée à Dieu. Ici, peu de scènes mues par l’émotion pour mener l’action. Tout est à comprendre, comment cet homme garde la paix face aux calomnies et aux épreuves ; comment son attitude nourrit ses écrits et le mène vers la sainteté. À ceux qui ne comprennent pas son attitude, son refus de la colère ou de la défense, il répond : « Sans la paix dans votre cœur, vous ne serez jamais en mesure de connaître la vérité ». Et c’est effectivement frappant de le voir, en toute circonstance, avoir en priorité recours à la paix, la sienne et celle de l’autre. 

Le réalisateur Emir Kusturica a d’ailleurs dit du film : « Il nous emmène sur des chemins qui nous ramènent à la voie perdue (…) Il nous aide à nous plonger dans la profondeur de l’être et nous suggère que nous n’avons pas d’autre issue que de chercher notre équilibre sous le ciel de la foi ». La musique de Zbigniew Preisner, le célèbre compositeur polonais connu pour avoir collaboré avec Kristof Kieslowski, aide aussi à entrer dans le mystère de cette voie salutaire du saint d’Égine.

Un père, un thaumaturge

Devenu métropolitain de Pentapolis après avoir été moine, Nectaire suscite la jalousie d’une partie du clergé d’Alexandrie. On craint qu’il n’en devienne le futur patriarche et il est expulsé d’Egypte, après avoir été calomnié auprès de son père spirituel. Il vit alors dans un grand dénuement, côtoie les pauvres des rues et partage avec eux ce qu’il possède, est refusé partout où obtenir une charge. Jusqu’à prendre celle dont personne ne veut, sur une île grecque. Mais une partie du clergé continue de l’estimer, malgré la crainte qu’il suscite à cause de sa trop grande liberté. De toute façon, le pouvoir ne l’intéresse pas, qu’il assimile à un cancer qui pourrit peu à peu le cœur de l’homme. Il est donc nommé directeur d’un séminaire, là où sa réputation prendra davantage d’ampleur. Son message passe par l’exemple. Il n’économise jamais ses forces, son temps et sa présence. En plus de toutes ses charges, il jardine, écrit, prie beaucoup, veille et dort peu. Au départ mésestimé par les jeunes, il devient leur exemple et leur père. Sa relation avec le jeune Kostas est particulièrement touchante. Il se sent abandonné quand le père Nectaire décide d’aider de jeunes moniales à construire leur monastère à Égine, désormais lieu de pèlerinage pour le monde entier. Lieu, pourtant, de ses plus grandes épreuves, il restera fidèle à ses filles spirituelles jusqu’au bout, debout à leurs côtés. Car les pires mensonges circulent sur sa relation avec elles.

À mesure que le père Nektarios s’échine à œuvrer pour le Royaume de Dieu, à donner sans compter et à protéger ses enfants spirituels comme s’il s’agissait de lui-même, le spectateur est labouré par son exemple. La dernière scène du film, inspirée par un dialogue des Frères Karamazov de Dostoïevski, que la cinéaste affectionne, est sans doute l’une des plus belles. Yelena Popovic est parvenue à faire surgir beaucoup de paix de cette rencontre entre un homme paralysé (joué par Mickey Rourke) et le futur saint. C’est une scène de fin qui ouvre vers autre chose, le début d’une nouvelle vie, celle des personnages ou du spectateur lui-même.

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Pratique :

L’homme de Dieu, de Yelena Popovic, avec Aris Servetalis, Alexander Petrov, Mickey Rourke, en salle les 10, 13 et 14 mars

Tags:
CinémaOrthodoxes
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