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Ce que nous apprend l’Annonciation de la « toujours Vierge Marie »

ANNUNCIATION

Brooklyn Museum

L'Annonciation, aquarelle de James Tissot (1836-1902), Brooklyn Museum.

Jean-Thomas de Beauregard, op - publié le 24/03/22

Le frère dominicain Jean-Thomas de Beauregard, du couvent de Bordeaux, commente l’évangile de l’Annonciation. En donnant sa réponse à l’ange, Marie "toujours vierge" permet l’accomplissement de toute la Parole de Dieu.

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Lorsque l’ange Gabriel s’adresse à Marie, il lui dit d’abord : « Réjouis-toi ! » Les savants s’accordent tous pour affirmer que le grec kaire ne doit pas ici être traduit par le latin ave — contrairement à ce qu’on a longtemps fait. Car il ne s’agit pas d’une simple salutation ! Ce petit mot grec très rare dans cette forme n’apparaît dans l’Ancien Testament que pour annoncer une joie intense liée à l’accomplissement des promesses concernant le Messie. 

Or Marie connaissait les prophéties de Nathan (2 S 7), d’Isaïe (Is 7, 14) de Sophonie (S 3, 14-17) ou de Joël (2, 21-27). Elle les avait méditées dans son cœur. Elle en avait ruminé les mots. Elle en espérait l’accomplissement. Aussi lorsque l’ange Gabriel lui apparaît et lui adresse ces mots lourds de signification, elle pressent peut-être que le jour est venu. Pour un peu, elle interrogerait comme Judas à la Cène : « Serait-ce moi, Seigneur ? » (Mt 26, 25.) Non pas pour la trahison, mais pour l’élection et pour la mission. Non pas pour livrer le sauveur d’Israël à ses bourreaux, mais pour donner Jésus comme frère et ami à tous les hommes.

Marie sait pourquoi elle est choisie

Marie qui vit depuis toujours dans l’intimité de l’Esprit-Saint a donc l’intuition de ce qui lui arrive en ce jour, ce pour quoi elle a été voulue par Dieu de toute éternité. Du reste, l’ange Gabriel lui accorde le titre de « Pleine de grâce » , et ajoute : « Le Seigneur est avec toi. » Marie se rappelle alors comment un ange était apparu à Gédéon en lui donnant le titre de « Vaillant héros » et avait ajouté « Le Seigneur est avec toi » (Jg 6, 12) pour lui annoncer sa mission particulière dans le salut d’Israël alors menacé par les armées de Mâdian. Marie, fille de Sion, humble jeune fille juive, comprend qu’elle a été choisie pour apporter le salut au peuple d’Israël.

Elle n’en tire pourtant aucune gloire. Dans l’Ancien Testament, la première fois qu’un être est nommé « ange », il apparaît à Agar, la servante égyptienne chassée au désert par Sara, la femme d’Abraham. Car Sara était stérile et avait poussé Agar dans les bras d’Abraham pour lui assurer une descendance, avant d’en éprouver une intense jalousie une fois celle-ci enceinte, et de la chasser. Dans la détresse du désert, un ange était apparu à Agar pour lui révéler que son fils Ismaël, hériterait aussi mystérieusement de la promesse faite à Abraham, pourtant accomplie un peu plus tard en Isaac, le fils miraculeusement accordé à Sara.

En elle, l’accomplissement de toute la Parole

Marie connaît ce récit. Elle sait qu’elle s’inscrit donc aussi dans le sillage d’Agar, comme d’ailleurs Jésus lui-même s’inscrit dans une généalogie où les étrangères et les pécheresses sont bien représentées. C’est donc en toute humilité que Marie, héritière d’Agar, répond à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Et on comprend que Jésus vient aussi pour les oubliés de l’histoire, les marginaux, ceux qu’on écarte et qui pourtant sont chéris de Dieu. Les frontières de l’Alliance sont repoussées par Jésus en Marie. L’adoration des mages venus d’Orient, l’admiration de Jésus pour la foi du centurion, l’envoi des disciples à toutes les nations justes avant l’Ascension, tout cela est contenu en germe dans cette seule réponse de Marie : « Je suis la servante du Seigneur. »

Ce sont toutes ces paroles que Dieu a adressées à son peuple par la voix des prophètes, tous ces oracles transmis de générations en générations qui vont s’accomplir en elle, et à bien des égards, par elle. 

C’est donc toute l’Écriture Sainte, bien plus largement encore que le seul destin du peuple d’Israël, qui dépend de la réponse de Marie. Aussi lorsqu’elle conclut : « Qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1, 38), Marie ne vise pas seulement la parole qu’elle vient d’entendre de la part de l’ange. Ce sont toutes ces paroles que Dieu a adressées à son peuple par la voix des prophètes, tous ces oracles transmis de générations en générations qui vont s’accomplir en elle, et à bien des égards, par elle. Comme si Dieu n’avait parlé qu’en vue de cet instant. L’histoire du monde et des hommes était suspendue à la réponse de Marie. Cette simple réponse : « Qu’il me soit fait selon ta parole » revêt donc une densité religieuse et une profondeur historique inouïe. 

Une virginité perpétuelle annoncée

Marie ne s’est pas dérobée à la grâce dont elle vivait déjà en plénitude depuis toujours. L’oracle d’Isaïe peut donc s’accomplir : « Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire : Dieu-avec-nous » (Is 7, 14). Mais cette prophétie et son accomplissement ne laissent pas d’interroger. Pourquoi l’Église affirme-t-elle la virginité perpétuelle de Marie, avant comme après la naissance de Jésus ? D’abord parce que le Nouveau Testament y insiste. Les mentions directes ou indirectes de la virginité de Marie sont nombreuses pour qualifier la situation de Marie avant l’Annonciation, qui n’est pas modifiée par la naissance de Jésus. Le récit du Calvaire, où Jésus confie Marie à Jean (Jn 19, 26), confirme qu’il n’avait pas de frères de sang tant il aurait été scandaleux qu’une veuve habite chez un étranger si elle avait eu d’autres enfants pour l’accueillir. Les « frères de Jésus » , selon l’usage du temps, sont des gens de sa parenté.

L’Ancien Testament avait aussi annoncé la virginité perpétuelle de Marie. En sus de la prophétie d’Isaïe, on nous parle de la fiancée du Cantique comme d’un « jardin clos », une « source scellée » (Ct 4, 12). Il n’est d’ailleurs pas anodin que Jésus enfant se soit manifesté au monde en entrant dans la vie par une porte close — la virginité de Marie — et que Jésus ressuscité se soit manifesté aux apôtres en entrant au Cénacle malgré la porte close (Jn 20, 19). On peut aussi penser à la vision d’Ézéchiel au sujet du Temple : « Ce porche sera fermé. On ne l’ouvrira pas, on n’y passera pas, car YHVH, le Dieu d’Israël, y est passé. Aussi sera-t-il fermé » (Ez 44, 1-2). Il est possible que Joseph ait eu verset en mémoire lorsqu’il décida de respecter la virginité perpétuelle de Marie.

Se donner à tous

Le concile de Constantinople II (553) peut donc, à la suite de l’Écriture et des Pères de l’Église, parler de la Mère de Dieu comme « toujours vierge Marie ». Plusieurs conciles ultérieurs l’ont affirmé, jusqu’à Vatican II qui parle de Jésus comme « son Fils premier-né, lui qui n’a pas lésé sa virginité, mais l’a consacrée » (LG, n. 57) et au Catéchisme de l’Église catholique (n. 496-511). Pourquoi une telle insistance ? C’est que la naissance virginale de Jésus en Marie nous enseigne. D’abord parce que Jésus, fils unique de Marie et conçu sans paternité humaine, nous indique par là qu’au sein de la Trinité, il est le Fils unique engendré du Père. Au ciel comme sur la terre, il n’y en pas d’autre, il est l’unique engendré. Ensuite parce que Jésus conçu par l’opération de l’Esprit-Saint sans corrompre l’intégrité corporelle de Marie, nous indique qu’il est venu pour nous donner la vie nouvelle de la grâce. Cette grâce reçue au baptême fait que Dieu habite en notre âme sans bouleverser notre corps qui demeure inchangé.

Mais surtout la virginité féconde de Marie nous enseigne sur son rapport à l’Église. Saint Augustin écrit : « L’Église joint comme Marie une virginité inaltérable à une inviolable fécondité. Le privilège que Marie a obtenu dans sa chair, l’Église le conserve dans son âme ; il y a cette différence que Marie n’a enfanté qu’un Fils, tandis que l’Église en enfante un grand nombre, mais que tous, par le Fils unique, sont rassemblés en un. » Cette dimension ecclésiale de la virginité de Marie se voit encore à ceci : en demeurant vierge, Marie qui n’a voulu appartenir à personne nous signifie qu’elle veut se donner à tous, c’est-à-dire à nous. Louons donc la Vierge Marie en son Annonciation !

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