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En mai, la France honore ses saintes patronnes

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Fred de Noyelle I Godong / Montage Aleteia

Louis Daufresne - publié le 02/05/22

En ce mois de mai, mois de Marie et mois de la fête de Jeanne d’Arc, qui se souvient du centième anniversaire de la proclamation des saintes patronnes de la France ? Pour le rédacteur en chef de Radio Notre-Dame, cet événement pourrait aider le « Royaume de Marie » à se réconcilier avec lui-même.

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Il y a cent ans, Notre Dame de l’Assomption était proclamée patronne principale de la France et sainte Jeanne d’Arc patronne secondaire. C’est le pape Pie XI qui, à peine élu, avait pris cette décision par sa lettre apostolique Galliam Ecclesiæfiliam du 2 mars 1922. Cette proclamation répondait à une intention de son prédécesseur, Benoît XV. En 1921, la France avait repris langue avec le Saint-Siège, sous l’impulsion d’Aristide Briand, le père de la loi de 1905. Tout un symbole. Charles Jonnart fut nommé ambassadeur au Vatican. Ce centenaire-là fut célébré en mai dernier. Jean Castex se rendit à Rome mais les médias s’en firent peu l’écho. Pourtant, il y avait de quoi. 

Tourner la page

Cette année-là s’ouvrait une nouvelle ère dans les relations multiséculaires Église-État. Depuis la loi de séparation (1905), le concordat ne s’appliquait plus. L’Église était libre de nommer ses évêques. Que ferait-on d’une institution encore influente mais sortie du caporalisme napoléonien ? Il fallait normaliser les choses. Mais ce n’était pas simple. En 1922, la cité du Vatican n’existait pas encore, les accords du Latran datant de 1929. La papauté macérait dans une grande angoisse temporelle. Privée de ses États en 1870, l’Église voyait son monde antique submergé par un nouveau déluge — qu’on appelait Modernité. Telle l’hydre d’un monstre marin, les idéologies du progrès la faisaient partout reculer.

La guerre avait rapproché ceux qui croyaient en Dieu et ceux qui n’y croyaient pas. Le temps était venu de se reparler.

Cependant, après les horreurs des tranchées, fruit amer de cette modernité triomphante, les esprits étaient sonnés et avaient envie de tourner une page. La guerre avait rapproché ceux qui croyaient en Dieu et ceux qui n’y croyaient pas. Le temps était venu de se reparler. La mémoire était meurtrie. L’opinion française n’avait pas compris que Benoît XV restât neutre en 1914, l’écrivain Léon Bloy osant même l’appeler Pilate XV. Du côté du Pape, on avait souffert du divorce avec la France. Le courant ne passant plus, l’influence de l’Allemagne et de l’Autriche s’en était trouvée favorisée. Bref, après la guerre, il fallait remettre les choses à plat. Jeanne d’Arc fut canonisée en 1920. Pris dans l’élan de son prédécesseur, Pie XI reconnut « que le “royaume de France” a été appelé le “royaume de Marie”, et cela à juste titre ». Sa lettre égrène toutes les raisons de croire que la France est « justement appelée la fille aînée de l’Église ».

Une antique dévotion populaire

Dans Galliam Ecclesiæ filiam, Pie XI parle des « saints docteurs [qui] ont célébré Marie » depuis les premiers siècles de l’Église. Il ajoute « que dans la très célèbre Université de Sorbonne, il est historiquement prouvé que dès le XIIIe siècle la Vierge a été proclamée conçue sans péché ». Puis il se réjouit que « même les monuments sacrés attestent d’éclatante manière l’antique dévotion du peuple à l’égard de la Vierge », laquelle « a semblé, par des apparitions répétées, approuver et confirmer la dévotion du peuple français ». Mais Pie XI ne s’arrête pas à ces manifestations-là. Il n’élude pas la dimension politique. « Bien plus, renchérit-il, les […] chefs de la nation se sont fait gloire longtemps d’affirmer et de défendre cette dévotion envers la Vierge », Clovis servant de référence première.

Ces éloges culminent quelques lignes plus loin dans la déclaration confirmant « que la Vierge Marie Mère de Dieu, sous le titre de son Assomption dans le ciel, a été régulièrement choisie comme principale patronne de toute la France auprès de Dieu, avec tous les privilèges et les honneurs que comportent ce noble titre et cette dignité ». La suite de la lettre, visant le patronage de Jeanne d’Arc, formule un vœu, afin que « la France catholique […] soit vraiment la fille première-née de l’Église romaine ». Le Pape souhaite que sa démarche obtienne « pour toute la nation française le gage le plus large des secours célestes ». 

Réconcilier la France avec elle-même

Si la verve papale est monarchique, le cœur du souverain loue le peuple, sa dévotion et sa fidélité. Pie XI n’aspire pas seulement à réconcilier la France et le Saint-Siège mais la France avec elle-même. C’est une grande réinitialisation à la mode catholique. Celle-ci toutefois n’institue rien de nouveau : le pape ne fait que reconnaître une histoire millénaire. Son style à la fois solennel et poétique est l’une des marques de la diplomatie et de l’aristocratie vaticanes.

Que fait-on de cet héritage aujourd’hui ? En ce mois de Marie, cet anniversaire sera-t-il fêté en grande pompe ? C’est peu probable. Pourtant, des initiatives existent, comme Cent étoiles pour Marie, qui mériteraient d’être médiatisées. Une société fracturée, paupérisée, révoltée, angoissée y trouverait de l’apaisement et, au lendemain des violences du 1er mai, pourrait dire, à la manière d’un François Ruffin, « merci patronnes ! »

Tags:
centenaireFranceSaintVierge Marie
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