« Il fut un temps où une personne de 60 ans était considérée comme « âgée », mais, du moins dans mon entourage, ce n’était pas tellement le cas. Après tout, l’âge n’est-il pas dans la tête ? Même si les anniversaires “importants” ont indiscutablement marqué ma vie, reconnaît le père jésuite américain Robert McTeigue, professeur de philosophie et de théologie, interrogé par Aleteia. Le religieux se souvient qu’à l’âge de 10 ans, il a décidé qu’il n’était plus un enfant. Pour le prouver il a légué toute sa collection de voitures à son jeune cousin. “C’était ma première expérience du stoïcisme ! “, explique-t-il.
“Je commençais de plus en plus à regretter toutes les occasions manquées. Le temps semblait être plutôt derrière que devant moi…
Puis, le jour de ses 20 ans, il s’est senti “trompé” : “Je venais à peine de comprendre ce qu’était l’adolescence, et c’était déjà fini… Alors que mon enthousiasme pour le monde des adultes et ma confiance dans ma capacité à vivre en tant qu’adulte étaient incomplets.” C’est seulement à la trentaine que le père Robert McTeigue a accepté l’appartenance au monde des adultes comme indéniable. Les responsabilités étaient évidentes, et les possibilités semblaient infinies. Pour lui, le rythme s’est accéléré sensiblement à la quarantaine, la vie lui paraissait à l’époque très sérieuse : “J’avais parcouru le monde assez longtemps pour avoir de profonds regrets et des échecs douloureux. Pourtant, j’avais encore le temps, me disais-je, de mieux réussir ma vie.” Seulement voilà, la cinquantaine est arrivée “avec fracas” : “Je commençais de plus en plus à regretter toutes les occasions manquées. Le temps semblait être plutôt derrière que devant moi… Il est indéniable que je suis plus qu’à la moitié du chemin. Et je me demande : puis-je espérer vivre mieux cette seconde moitié de ma vie que la première ?, “poursuit-t-il.
Si un sondage (Ipsos, mars 2019) révèle que les Français estiment qu’on est considéré comme “vieux” à partir de 69 ans, finalement, l’âge ne serait-il pas avant tout une question de point de vue ? Et s’il était possible de vivre mieux la seconde moitié de sa vie que la première ? C’est ce qui préconisent les conseils donnés par le père Robert McTeigue, qui s’appliquent à tous, quelque soit votre âge :
1ÉNUMÉRER QUOTIDIENNEMENT LES GRÂCES REÇUES
Ceux qui, dans un mouvement spontané, prennent l’habitude de cultiver la gratitude chaque jour, cultivent la joie en eux. Car dans la gratitude, il y a toujours une main tendue vers l’autre. Elle éloigne l’attention portée à son propre ego, pour la diriger vers ceux qui sont autour. Et c’est la clé du bonheur. Le soir, dans un carnet dédié, essayez de noter les grâces reçues dans la journée : une conversation inspirante avec un ami, le chant des oiseaux qui vous a réveillé le matin, des félicitations de la part de votre patron… Au fur et à mesure, l’exercice deviendra de plus en plus naturel. De quoi s’apercevoir que finalement, le bonheur, c’est une suite de petites joies quotidiennes. En disant “merci”, essayez de le penser sincèrement en mettant au moment de l’exprimer toute votre attention sur la gratitude ressentie.
2SE DÉBARRASSER DE L’ILLUSION QUE L’ON PEUT PÉCHER SANS RISQUES
Le péché est un animal sauvage indompté, rusé et jamais satisfait ! Pour mieux vivre, il est essentiel de se débarrasser de l’illusion que l’on peut pécher sans risques ni conséquences. Selon saint Louis de Grenade, le premier remède est d’avoir le désir absolu d’échapper au péché et se résoudre à faire ce qu’il faut pour en finir. C’est une question de continuité : “Apprenez cette leçon du charpentier, qui, lorsqu’il désire planter un grand clou, ne se satisfait pas de quelques coups, mais continue de frapper jusqu’à ce qu’il soit bien enfoncé. Vous devez l’imiter, si vous voulez fermement ancrer cette résolution dans votre âme”, conseille-t-il.
3PRIER CHAQUE JOUR
Prier chaque jour, c’est apprendre à entendre la voix de Dieu et sentir sa présence. Un bon moyen d’être connecté à Lui, c’est lire sa Parole. C’est comme courir vers Lui, se laisser prendre dans ses bras. “Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi. Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas. Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur… ” (Isaïe 43, 1-3). Tout est dit.
4ALLER FRÉQUEMMENT À LA CONFESSION
Pourquoi se confesser ? Si la confession reste un grand mystère, celui de la rencontre de Dieu dans le plus intime de chaque personne, pour le saint curé d’Ars, elle permet de ressentir la joie et de retrouver “une âme de fils” : “La miséricorde de Dieu est un torrent qui emporte tout sur son passage.” Se confesser fréquemment c’est se laisser porter par cet amour immense de Dieu.
5ÊTRE TOUJOURS PROCHE DE MARIE
Quand on relit les innombrables méditations, homélies et discours du pape Jean Paul II, on s’aperçoit qu’il conclut presque toutes ses prises de parole par un salut à la Mère de Jésus. Celui qui avait une dévotion particulière à Marie, soulignait toujours qu’il y un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ, et que la Vierge Marie e est le meilleur chemin pour arriver à Lui.
6PRATIQUER LE DISCERNEMENT AVEC SAINT IGNACE
Que l’on soit croyant ou pas, les exercices spirituels de saint Ignace de Loyola permettent de regarder en face ses erreurs et de corriger son comportement. Comme, par exemple, son “examen particulier et quotidien”, destiné à sonder son âme. Sa répétition quotidienne vise à détourner l’âme du péché et à l’élever à l’amour de Dieu. Matin, midi et soir, il comprend trois temps dont deux examens de conscience à faire chaque jour. À pratiquer le plus souvent possible !
7ÊTRE PRÊT À PARDONNER
Sans oublier sa dimension morale, les études psychologiques et physiologiques démontrent les effets bénéfiques du pardon. Bien qu’il s’agisse d’un processus qui ne peut pas être forcé (en particulier dans les premiers instants suivant le grief), pour mieux vivre, essayez de vous prédisposer au pardon en vous souvenant des avantages directs sur la santé mentale de la personne qui pardonne. Pardonner, c’est tout simplement prendre le chemin de l’apaisement.
8NE JAMAIS AVOIR DE RANCUNE ENVERS LES AUTRES
La rancune est une toxine mortelle pour l’âme. Même s’il est très difficile de faire le premier pas en rétablissant la relation avec la personne qui vous fait souffrir, dites-vous que la démarche de s’en libérer est pour votre propre sérénité. Pour mieux vivre, il est essentiel de ne pas être rancunier envers personne.
9VIVRE EN BONNE ENTENTE AVEC TOUS
Pour saint Josémaria, la clé de mieux vivre , elle consiste à vivre “en bonne entente avec tout le monde” en faisant preuve de compréhension envers tous : “Tu dois être le frère de tes frères les hommes, tu dois mettre l’amour — comme le dit saint Jean de la Croix — là où il n’y a pas d’amour, afin de récolter l’amour”, répétait-il.
10CHERCHER LA JUSTE MESURE
La vie ressemble bien souvent à un trop plein d’urgences, de superflu ou… de superficiel. Le danger est de perdre de vue l’essentiel : notre “manque à être”. Saint Benoît donnait ce conseil étonnant de simplicité pour aller toujours à l’essentiel : “l’homme a besoin de mesure. Il doit sans cesse trouver un équilibre entre l’excès et le manque”. Pour l’auteur de La Règle, on est tenté d’aller à fond dans une seule direction, alors que la vie demande qu’on équilibre constamment les efforts et les activités. Paradoxalement, cet excès peut concerner aussi le trop prier, trop jeûner, trop corriger ou trop dépenser ses forces…