Depuis le 2 juin, le Vatican ne s’est pas exprimé. Pourtant, la décision prise de suspendre l’ordination de quatre prêtres et six diacres prévue trois semaines plus tard est rarissime. Parmi les explications avancées depuis, qui restent des spéculations, la question de l’accueil à Toulon, par Mgr Rey, de nombreux membres de communautés nouvelles avec un manque de discernement ou d’accompagnement.
Arrivé en 2009 dans le Var, Alcuin Reid est un bénédictin de Melbourne, attaché à la liturgie ancienne. Avant, il est passé par une abbaye du sud de l’Angleterre. Il semblerait que, dans ces deux endroits, sa présence ait été mal reçue. Mgr Rey accepte tout de même qu’il fonde une “communauté monastique internationale” sous le nom de “Monastère Saint-Benoît”, installée depuis peu à Brignoles. Le but est de vivre selon l’antique Règle du père du monachisme occidental, en restant attaché à la forme extraordinaire du rite. Il ne s’agit cependant pas alors d’une abbaye au sens propre du terme, mais d’une association publique de fidèles érigée en 2019. Une forme canonique assez souple et sous le patronage de l’évêque du diocèse.
Une obstination dans la désobéissance
Des associations publiques de fidèles, Mgr Rey, comme d’autres évêques, en a créé beaucoup. En effet, elles permettent de donner un cadre à des œuvres portées par les laïcs et donc de promouvoir de nombreuses initiatives missionnaires. Le Vatican semble pourtant estimer que la création de ces groupes doit être mieux encadrée : c’est l’objet d’un décret publié le 15 juin par Rome, qui demande que toute érection d’association publique de fidèles soit validée par un écrit émanant du Saint-Siège.
Cinq jours avant, sans que la chose n’ait donné lieu à une grande publicité, Mgr Rey publiait le 10 juin un décret supprimant l’association “Monastère Saint-Benoît”. En plus de ne pas porter les fruits escomptés, la présence d’Alcuin Reid et de sa communauté suscitaient des interrogations. Lesquelles se sont révélées justes : le 20 avril, l’Australien s’est en effet fait ordonner prêtre – et un autre diacre – de manière illicite, sans autorisation de l’évêque de Toulon, dont ils dépendent. Dès que la chose a été rendue publique, par les intéressés eux-mêmes, Mgr Rey les a suspendu. Face à leur “obstination dans la désobéissance” et au refus de s’expliquer, en donnant notamment l’identité de l’évêque ordinant, leur association a été dissoute.