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Orphelin, il « hérite » de onze embryons congelés par ses parents

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Christine Pellen - publié le 25/06/22

La décision, prise par le tribunal en charge de la succession, pourrait ne pas être isolée estime la généticienne Christine Pellen.

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Aux États-Unis, un petit garçon de deux ans a « hérité » des 11 embryons congelés par ses parents (BioEdge.org, 21/06/2022). L’affaire est déjà ancienne, puisqu’elle remonte à 2012, mais mérite d’être connue car elle constitue un véritable cas d’école. Le tribunal du comté de Dallas (Texas) en charge de la succession a pris cette décision, les parents étant décédés sans laisser de testament (*). Lorsqu’il aura 18 ans, le tout jeune homme devra décider s’il veut continuer à payer les frais de conservation des embryons, les faire implanter dans une mère porteuse, en faire don à la recherche ou les détruire. En 2028, ce petit garçon devenu jeune homme, sera donc tenu de décider du sort de ses frères et sœurs, restés 16 ans dans des cuves d’azote liquide.

Une impossible responsabilité

Car l’histoire pourrait ne pas être isolée. Récemment, le présentateur de la télévision américaine Andy Cohen, a annoncé envisager donner à ses enfants les embryons congelés « qui lui restent », dans le cas où son fils et sa fille ne pourraient pas avoir d’enfants (Insider.com, 8/6/2022). Ce qui a priori ne pose aucun obstacle légal. Les embryons d’abord réifiés par la congélation, « cette technique de conservation liée à l’alimentaire, donc à la consommation » comme le pointe Monette Vacquin, psychanalyste et membre du Conseil scientifique du département d’éthique biomédicale du Collège des Bernardins, peuvent désormais se transmettre comme des biens parmi d’autres (Main basse sur les vivants, Fayard, 1999). 

La réception de la vie [est] de plus en plus allègrement supplantée par sa fabrication.

« Frères et sœurs congelés font partie de la “transmission” au même titre que la maison de campagne et les titres bancaires », constate Danielle Moyse, philosophe, professeur et chercheuse associée à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux. « Ils font en quelque sorte partie des biens meubles et leur vie dépend de plus d’une décision de leurs frères et sœurs qui ne devrait pas avoir lieu d’être. » Une décision à venir en forme d’impasse, puisque « tout “choix” sera de toute façon problématique », souligne la philosophe : « Qu’ils donnent ces embryons, les détruisent, ou recourent à un nouvel artifice pour qu’ils viennent au monde, ils se sentiront coupables d’une situation de laquelle, pour le moment, ils ne sont absolument pas responsables… »

Une incapacité croissante à simplement recevoir la vie

« Alors même que par l’emprise que nous voulons avoir sur la vie, nous devenons de plus en plus incapables de la recevoir, la réception de la vie étant de plus en plus allègrement supplantée par sa fabrication, les jeunes frères et sœurs en vie sont mis en demeure de “prendre une décision” sur des enfants potentiels, dont la venue au monde n’est pas du tout de leur responsabilité », analyse Danielle Moyse. « Arrivés à 18 ans, la sagesse ne serait-elle pas de refuser l’héritage ? »

(*) Report and Recommendations of Master in Chancery, In the Estate of Yenenesh Abayneh Desta, Deceased, No, PR 12-2856-1.  Probate Court No. 1 Dallas County, Texas.

Tags:
BioéthiqueEmbryonhéritageParents
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