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Après 465 ans d’attente, Goa a son premier cardinal

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SEBASTIAN D'SOUZA / AFP

Mgr Filipe Neri Ferrão.

I.Media - publié le 24/08/22

Mgr Filipe Neri Ferrão est le premier archevêque de l’histoire de l’archidiocèse de Goa et Daman à être élevé au rang de cardinal. Portrait.

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Mgr Filipe Neri António Sebastião do Rosário Ferrão est le premier archevêque de l’histoire de l’archidiocèse de Goa et Daman à être élevé au rang de cardinal. Une nomination d’autant plus remarquée que l’archidiocèse de Goa, créé en 1557, est le foyer d’où rayonna la foi chrétienne en Inde et plus largement sur le continent asiatique. 

C’est à Goa, en bord de mer d’Arabie, que débarqua le missionnaire jésuite François-Xavier (1506-1552) et c’est là que repose aujourd’hui la dépouille de ce grand évangélisateur de l’Inde et du Japon, dans la basilique Bom Jesus. Aujourd’hui, 465 ans après la création du diocèse sous colonie portugaise, Goa va fêter son premier ‘Prince de l’Église’. « C’est une grande nouvelle […] parce que notre archidiocèse est l’un des plus anciens de l’Est », s’est réjoui ainsi le père Aleixo Menezes, recteur du Rachol Seminary – séminaire de l’archidiocèse –, interviewé par le journal Herald Goa.

Pour l’artiste catholique indien Agnelo Fernandes, interrogé par le même média, le futur cardinal est une personne « très accessible aux fidèles ». Considéré comme discret, le pasteur n’a pas fait quant à lui de déclaration publique sur sa nomination. 

Le patriarche des Indes orientales

Mgr Filipe Neri António Sebastião do Rosário Ferrão, 69 ans, est né le 20 janvier 1953 à Aldona, dans l’archidiocèse de Goa. Après des études de théologie, il a été ordonné prêtre le 28 octobre 1979 à l’âge de 26 ans. Puis il s’est spécialisé en théologie biblique à l’Université urbanienne de Rome, ainsi qu’en catéchèse et en pastorale au Centre international Lumen Vitae de l’Université catholique de Louvain, en Belgique.

Le 20 décembre 1993, Jean Paul II l’a nommé évêque auxiliaire de Goa et Daman. Il a été consacré évêque le 10 avril 1994 dans son diocèse de naissance, en choisissant pour devise épiscopale “Qu’ils soient un” (Jn 17,21). Au niveau de la Conférence des évêques de l’Inde de rite latin, il a présidé la Commission pour les laïcs ; et s’est investi sur les thèmes de justice et développement. Il a fait également partie de l’équipe chargée de la visite apostolique demandée par le Saint-Siège auprès des séminaires et des instituts de formation en Inde, en 1998-1999. 

« Patriarche des Indes orientales »

Le 25 novembre 2006, il a été nommé archevêque métropolitain de Goa et Daman par le pape Benoît XVI, recevant par le fait même le traditionnel titre honorifique de « patriarche des Indes orientales » et primat de l’Inde. Mgr Filipe Neri Ferrão parle le konkani – langue de plus de 2 millions de personnes sur la côte ouest de la péninsule indienne –, l’anglais, le portugais, l’italien, le français et l’allemand. 

Dans un pays à forte majorité hindoue (plus de 80%), Mgr Filipe Neri Ferrão est pasteur de l’un des rares îlots catholiques. Goa compte en effet un quart de baptisés. Au fil des ans, le prélat s’est illustré à plusieurs reprises en dénonçant la corruption des politiciens, et en offrant des clés de vote – sans nommer toutefois de candidat – aux citoyens catholiques. 

Symbole de réconciliation entre Goa et Rome

Pour Jason Keith Fernandes, chercheur au Centre de recherche en anthropologie de Lisbonne (ISCTE), ce cardinalat est « un moment de fierté pour Goa, car il s’agit d’une reconnaissance de plus de l’effort acharné que les Goans ont fourni pendant des siècles pour évangéliser de grandes parties du sous-continent ». Si l’un des prédécesseurs de Mgr Filipe Neri Ferrão à Goa, José da Costa Nunes, a lui aussi été cardinal, il a cependant reçu la pourpre en 1962, alors qu’il avait déjà quitté sa charge d’archevêque depuis une dizaine d’années.

Cette nomination met aussi un point final « aux expériences amères du conflit entre Propaganda Fide et le Padroado », explique l’expert au Diario de Noticias. Alors que l’empire colonial portugais avait obtenu de Rome la prérogative des missions en terre indienne, son déclin aux XVIIe et XVIIIe siècles entraîna la diminution de missionnaires. Pour répondre à ses besoins, le Saint-Siège commença à envoyer ses propres missionnaires indépendants du Portugal, et nomma des vicaires apostoliques. Naquirent alors en certains lieux des conflits de juridiction, jusqu’à une division des Églises entre le « Padroado » – côté portugais – et Propaganda Fide – ancien dicastère dédié à l’évangélisation.

Deux Indiens créés cardinaux

En 1838, le pape Grégoire XVI supprima tous les diocèses portugais, à l’exception de Goa, avec le bref apostolique « Multa praeclare ». Des décennies plus tard, en 1886, la bulle « Humanae Salutatis Auctor » de Léon XIII permit de parvenir à un accord sur les juridictions respectives et d’établir la hiérarchie ecclésiale indienne. Réputé fief des Portugais et héritier de ce conflit historique, le siège de Goa n’obtint jamais son cardinal… jusqu’à aujourd’hui. 

Avec le deuxième Indien qui sera aussi créé cardinal le 27 août, Mgr Anthony Poola, archevêque d’Hyderabad, Mgr Filipe Neri Ferrão s’adjoindra aux trois cardinaux indiens de moins de 80 ans – Baselios Cleemis Thottunkal, George Alencherry et Oswald Gracias –, portant à cinq le nombre d’Indiens électeurs au sein du Collège cardinalice.

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