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« L’habit ne fait pas le moine… » : vrai ou faux ?

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Caroline

Jeanne Larghero - publié le 09/09/22

Si l’habit ne fait pas le moine… pourquoi le moine a-t-il un habit ? La philosophe Jeanne Larghero montre comment le vêtement est porteur d’un message et qu’il répond à une attente.

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Un événement majeur de la vie politique française survenu cet été vous aura peut-être échappé. Ce 21 juillet, le député LR Éric Ciotti adresse un courrier à la présidente de l’Assemblée nationale, afin d’obtenir l’obligation du port de la cravate au sein de l’hémicycle. Le questeur de l’Assemblée nationale déplore que « certains députés notamment ceux de la France insoumise se permettent de porter des tenues de plus en plus relâchées ». ​La cravate devient la mèche qui met le feu aux poudres.

Chez les Insoumis, les uns tombent à bras raccourcis sur le costume-cravate, symbole selon eux de la bourgeoisie et de la domination de classe ; les députées, elles, viennent quelques jours plus tard siéger en cravate pour protester contre l’invisibilisation des femmes et l’appropriation masculine du corps de la femme. On découvre avec étonnement les supers pouvoirs de la cravate, qui se transmuterait en cape d’invisibilité pour les femmes quand elle est portée par les hommes. Les commentaires de tous bords confirment ce qu’on n’aurait oser suspecter : le costume serait de droite, le jean serait de gauche, à droite on est classe, à gauche on est cool.

Ne nous fions pas aux apparences

Peut-être faut-il rappeler simplement aux députés aspirant à nous représenter que l’habit ne fait pas le moine. Un costume ne fait pas de vous un député respectable, loin s’en faut ; mais il ne signale pas davantage le riche bourgeois, capitaliste, rentier ; le jean à trous effilochés n’est pas non plus la carte d’identité du prolétaire, gilet jaune, ou zadiste. Curieusement, c’est souvent l’inverse que l’on observe : des bobos qui, de vernissages en avant-premières, pensent faire proche du peuple en se baladant en shorts artificiellement élimés. Et à l’autre bout de l’échelle, ceux pour qui « un sou est un sou », mais qui n’auraient pas l’idée d’aller au mariage du cousin sans le costume-cravate de rigueur, commandé à l’identique en taille 8 ans pour le petit dernier. Ne nous fions pas aux apparences, imaginer que le code vestimentaire est une façon de représenter une classe sociale ou une autre revient tout simplement à lui faire insulte…

L’uniforme, et par extension le code vestimentaire, est porteur d’un message : il affirme que celui qui le porte n’agit pas en son nom propre.

Mais alors, si l’habit ne fait pas le moine… pourquoi le moine a-t-il un habit ? Le policier, le marin, le gendarme, le pompier un uniforme, le magistrat ou l’avocat une robe ? Pourquoi ne suis-je pas revenue au travail en tongs alors que l’été n’est pas fini ? L’uniforme, et par extension le code vestimentaire, est porteur d’un message : il affirme que celui qui le porte n’agit pas en son nom propre, à titre purement personnel, mais qu’il est porteur d’une mission, d’une fonction dont le fondement est ailleurs qu’en lui-même​. Le juge ne rend pas sa justice, il rend la justice. La robe qui le distingue montre qu’il renonce à ses affects, à son histoire personnelle : elle le dépersonnalise et fait de lui un homme de justice. Elle lui rappelle autant qu’elle rappelle aux autres qu’il est acteur de justice, de même que l’uniforme bleu amène à identifier l’agent de sécurité ou le gardien de la paix. Le vêtement fait disparaître la logique de classe au profit de la logique de mission.

Un message qui oblige

Par conséquent… l’habit fait le moine ! revêtir un habit, surtout s’il est très éloigné du « venez comme vous êtes », surtout s’il est revêtu en pleine conscience de la mission qu’il signifie, c’est accepter et s’efforcer de se comporter de façon conforme à ce que l’habit affiche. Par intégrité morale, mais aussi parce que le regard des autres crée une attente. On attend du moine en habits qu’il se comporte en homme de Dieu, son habit crée une exigence qui d’une certaine façon l’oblige et le façonne. Quel est le code extérieur de l’homme et de la femme mariés ? L’alliance. Celui qui a décidé de tromper son conjoint commence par mettre son alliance dans sa poche. Alors oui, les signes extérieurs comptent, les codes vestimentaires conventionnels comptent, ils conscientisent les engagements et les soutiennent. 

Tags:
libertéReligieux
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